[ Libre ] Blue Jeans and Bloody Tears

Coup sur coup, action sur action... Tout s'enchaînait, la bataille dans un paradis blanc, où chaque mouvement soulevait de scintillantes particules de neiges. Ce fond blanc semblait là exprès pour faire que sur une telle toile, on ne puisse se concentrer que sur cette histoire, le Scalproie, la Paku, Célestio et ses Pokémons. Un oiseau qui survolerait le lieu n'aurait aucun mal à les remarquer.

Le dresseur serra les dents, il s'inquiétait vraiment pour le Paku. Bien sûr, ce dernier était sauvage, et pouvoir prétendre, surtout au vu de leur différence de niveau, qu'ils soient amis était peut être un peu grand, mais Célestio sentait quand bien même cela une certaine forme de respect entre eux deux. Après, il était sûr qu'une grosse partie de ce lien était la bouffe, mais c'était déjà ça ! Il n'y avait pas à dire cependant, le Scalproie savait se battre. Le Coup Bas était bien placé, une des meilleure option pour continuer d'attaquer, peut être pas la meilleure pour lui niveau santé, néanmoins le Kaloséen relativisait. Ce Pokémon était territorial, très territorial, bien sûr qu'à aucun moment il sauterait sur l'attaque de Tare-Taisai pour esquiver le Plasma Punch infiniment fois plus puissant. Vici avait encaissé le coup malgré cela, mais abaissé au sol, le doute n'était pas permit quand au choc qu'il avait reçu, malgré le Poing mal visé du Paku. Peu importe ce qu'il pensait, Célestio n'était pas dans sa position, il ne pouvait s'imaginer cette envie de protéger un territoire, mais il restait cependant un peu attristé que cela se passe de cette façon... Les Pokémons sauvages et les Humains pouvaient s'entendre, il l'avait déjà expérimenté lors de ses nombreux entraînements dans la Forêt de Maïlys, le combat n'était pas forcément la solution.

Frontière délimitée, le Paku regardait le Scalproie épuisé... Même s'il semblait clairement supérieur sur les faits, ses attaques surpuissantes puisaient dans ses réserves. Célestio se dit qu'il devrait dans tous les cas le remercier par un repas après, il lui devait une dette... C'était à Vici maintenant de décider s'il continuait de combattre ou non. Ce choix apporterait des conséquences, et Célestio comptait bien les porter jusqu'au bout.

Tare-Taisai, reviens ! Tiens toi prêt, mais pas plus de vagues pour l'instant !

Le dresseur avait planté son regard dans les yeux de son dissident Pokémon, qui après un soupir, avança en souriant, d'une certaine fierté. C'était un sale gosse dans les faits, son dresseur le savait, mais il comprenait aussi cette pulsion qu'il avait eu. Même si cela prenait de temps à lui accorder sa confiance, le Dinoclier préférait son dresseur confiant, étant dans l'action et ayant conscience des enjeux, pas hésitant comme il était avant. Ne s'avançant pas plus que ça, le dresseur planta son regard ensuite dans celui de Vici. Tare-Taisai, revenu par petit galop, se plaça à mi-chemin entre le Paku et le Kaloséen. Caelis lui, préféra ne pas s'avancer pour ne pas faire sentir de danger au Scalproie, mais il était sur ses gardes. Célestio s'en excusait d'avance, mais s'il devait faire un choix, il préférerait combattre Vici, avec Paku et lui pouvant se soigner après cela, plutôt que de laisser un Paku épuisé possiblement se faire tuer. Relâchant ses épaules peu à peu, l'homme se calma, il laissait la tension trop prendre possession de son corps.

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Le Dresseur était exposé. L'Évoli restait en retrait, le paku derrière lui, et le tare-taisai trop loin pour causer des dégâts ; n'importe quel Pokémon sauvage aurait profité de cette ouverture. Sous le coup de l'adrénaline, il ne faisait pas exception. Il se redressa sur ses pattes postérieures fléchies, prêt à bondir …

Mais le Pokémon Électrique n'en avait pas fini. Dans son dos, le sol trembla et le coupa net dans son élan. Il rétablit son équilibre – l'expérience, et sa petite boussole interne, suffirent à lui dire que ce n'était pas un tremblement de terre naturel. Heureusement. Devant lui, deux sombres crevasses s'ouvrirent, comme deux bouches béantes avalant la neige. Si ça n'avait pas été pour, somme toute, un simple réflexe, il serait tombé dedans les deux pieds en avant. Une autre manifestation de la puissance réelle dont son adversaire était capable.

Cependant, le vent commençait à tourner. Aussi bien métaphoriquement que littéralement, d'ailleurs. Il connaissait assez bien les caprices de la météo pour reconnaître les prémisses d'une tempête de neige ; aussi, il n'avait pas peur de faire durer encore un peu le combat avant qu'on le pousse à s'abriter. Mais si le paku semblait être affaibli – il reconnaissait l'odeur âcre de la bile, typique des proies en bout de course –, il n'en était pas ressorti indemne non plus. Et si les blessures infligées par le Pokémon Électrique n'avaient pas cette élégante brutalité d'un combat physique, il n'en restait pas moins affecté par le coup de jus que son adversaire lui avait infligé tantôt, ses muscles, contractés bien malgré lui sous l'effet de la décharge. Et l'adrénaline commençant doucement à retomber, comme le vent révélait sous la neige jeune ses trésors, elle ne suffisait plus à étouffer la douleur dans ses membres. Y être habitué, en tant qu'ancien ios àrd, ne voulait pas dire qu'il appréciait pour autant la sensation. Et puis, ces moments, ces blessures de chasse, étaient toujours suivis de moments de réconfort. La satisfaction d'un repas qui se faisait attendre, les soins prodigués par les àon. Cette fois ...

Non. Concentration. L'ennemi est toujours là.

Peut-être qu'il arriverait à profiter de la faiblesse de son adversaire principal ; alors il ne pourrait plus lutter contre les autres Pokémon du Dresseur, comme le tare-taisai qu'il rappela vers lui, aussi petit soit-il en apparence. Mais, si le paku pensait que Vici allait rentrer chez lui, il se trompait lourdement. Ce terrain pourtant inhospitalier, entre les colères des forces de la nature et la matière escarpée, conservait les souvenirs, les rêves de son clan ; de ses ressources, bien sûr, mais aussi des temps passés avec ses semblables, et d'une vague nostalgie qui lui avait longtemps été étrangère. Il était chez lui. C'était le Dresseur et ses Pokémon, les intrus. Et il n'allait pas leur abandonner le territoire de l'as àrd. Sans compter sur la Provoc lancée tantôt qui exacerbait ses pulsions. Plutôt crever !

Attaque.

Au milieu des injonctions contradictoires envoyées par son cerveau, il secoua la tête. Il n'avait plus assez d'énergie pour faire porter un nouveau Stridon-Son. Qui plus est, ses adversaires – le paku, l'entité Homme-Évoli, et le tare-taisai – se tenaient à présent dans deux directions opposées. Il lança néanmoins un cri bref, dans lequel il ne pouvait guère dissimuler la douleur dans sa chair, en la direction du Dresseur, mais dont le message était clair, sans avoir besoin de connaître la Langue Commune aux Pokémon. Pas de recul de sa part. Fous le camp ou ...

Attaque !

Si ça n'avait pas été pour Provoc, il s'en serait sans doute tenu à une position défensive pour ses prochains mouvements. Mais la pulsion était irrésistible, impériale. Familière, en un sens. Passant outre l'élancement qui le traversait de part en part, il reprit son rush, d'un bond passant par-dessus la crevasse formée par l'arc électrique du paku, prêt à envoyer une attaque [ Tranche-Nuit ] sur le [ Dinoclier ].

Finalement, l'adversaire avait donc décidé d'y aller, et Célestio se dit que l'effet de la Provoc n'y était pas pour rien. Malgré la limite imposée par le Paku, le Scalproie fonçait, tête baissée, droit vers le Dinoclier. Serrant les dents, contrarié par ce choix, le dresseur ne le condamnait pas pour autant... S'il avait demandé à Tare-Taisai de se placer ainsi, c'est bien car il savait que même si son adversaire en face était agressif, sa puissante Attaque serait contrée par l'imparable Défense du type Acier. Le Dissident Pokémon connaissait ses points forts, et son fort caractère n'était au final qu'un atout pour son style de combat : encaisser tout les coups adverses, et repousser l'ennemi jusqu'à ce qu'il puisse l'achever. Rester sur la défensive de cette façon permettrait peut être aussi de baisser la détermination de Vici, et de lui faire comprendre que c'était vain idéalement... Il ne voulait pas plus le blesser que ce qu'il n'était déjà, attaquer à répétition le Dinoclier le découragerait, tel était l'espoir du Kaloséen.

Tare-Taisai, Mur de Fer ! Repouss-

Célestio avait donné son ordre, et tout aussitôt entendu, tout aussitôt exécuté par le compagnon du dresseur. Fronçant les sourcil, son crâne luit d'une brillance métallique, laissant sa tête prendre la dureté reconnue qui faisait la renommée de ses deux types ! Mais, tout aussitôt, alors que Tare-Taisai se préparait, Paku intervint ! Le félin, alors qu'il s'était déjà vidé de toute son énergie électrique, s'élança, interceptant le Pokemon sauvage qui courait en direction du fossile. Le Poing serré, les crocs à l'air, vif comme toujours, Célestio qui regardait la scène remarqua une chose surprenante : aucune électricité ! Le Poing du Zeraora ne crépitait pas comme il le faisait d'habitude... Le Paku connaissait donc plusieurs capacités autres que celles Electriques ! Bon, le dresseur s'y attendait, enfin il l'espérait quand même, mais la capacité, en plus de cela était bien choisie. Des sortes de "veines", faisceaux d'énergie, entouraient la patte du Paku, alors que celui ci s'allongeait pour enfoncer le coup droit dans le poitrail adverse. Un Vampi-poing, callé dans un endroit sensible, doublement efficace, qui de plus soignerait en partie le Paku !!! L'attaque était bien choisie, et la visée aussi. Les deux Pokémons sauvages faisaient preuve d'instinct et de vitesse d'analyse impressionnante... Dans sa tête, Célestio ancra ses images en lui... Réagir de cette façon en combat, aussi instinctivement, s'il y arrivait, serait un gros atout...

Mais, aucun son ne sortit de la bouche de l'humain au moment de cette action. Tare-Taisai, tout aussi étonné, avait finit de booster sa Défense physique, en même temps que le Paku avait enfoncé son poing dans le Scalproie. Cela lui aurait presque fait tirer des larmes, que le Paku s'interpose entre le Scalproie et lui, mais Célestio se doutait que ce n'était pas non plus pour "sauver" le dresseur... Il déglutit bruyamment, car après un tel choc, il était un peu inquiet pour le Scalproie, il n'arrivait pas du tout à savoir ce qui allait suivre...

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Evidemment que le tare-taisai allait se protéger. Le crâne luisant du petit Pokémon signalait l'énergie magnétique qu'il commençait à concentrer à cet endroit pour éponger son attaque Tranche-Nuit. La technique ne lui était pas totalement étrangère – il était lui aussi, après tout, un Pokémon Acier, et même s'il était naturellement plus offensif, premier attaquant dans la stratégie de son Scalproie dominant, la maîtrise de cette énergie lui était instinctive. Il la reconnaissait. Oui, mais l'ordre de Provoc était impérieux, appelant à un instinct primal, auquel son cerveau logique ne pouvait échapper – si le Dresseur avait bel et bien eu l'intention de faire arrêter le combat, il avait choisi la pire des stratégies pour ça.

Et évidemment que le paku allait profiter de ce moment. Il n'enregistra ce mouvement qu'un bref instant, où la silhouette bondissante du Pokémon Electrique coupa en deux la lumière du soleil, le poing levé. Dans son élan, il ne pouvait pas s'arrêter pour riposter, ou même esquiver. Le flanc était offert à son adversaire. Même s'il avait ses lames ventrales se refermant sur le membre de l'ennemi, pour que toute attaque directe ne se fasse pas sans dommages, le Vampi-Poing le toucha avec une force fulgurante. Il réussit même à lui arracher un long cri de douleur. En soi, le cri lui-même sembla douloureux, puisque le paku semblait absorber son énergie. Comme si un autre lui restait suspendu en l'air, dans la poigne du Pokémon Electrique, alors que son corps fût projeté par l'impact.

Et donc, évidemment, il n'atteint pas le tare-taisai ; le Vampi-Poing l'envoya rouler dans la neige, à la portée du Dresseur et de son dernier Pokémon, l'Évoli. Ouille.

Il ne se releva pas tout de suite, paralysé par la douleur dardant dans tous ses membres. Le constat était assez évident, pour n'importe quel autre Pokémon : le paku était trop puissant. Incomparable à tout ce qu'il connaissait des Pokémon des Hauts Monts – même, une force comparable à celle d'a noth, sous une autre incarnation. Oui, le Dresseur avait ses deux autres armes, mais elles n'étaient là que pour préparer le terrains aux attaques destructrices du félidé. Il aurait dû admettre sa défaite … Sauf que l'idée était toujours là : il était dans son bon droit. Ce territoire appartenait à son Scalproie, et sa protection retombait sur lui. Quand bien même il n'avait – objectivement – ni la force ni l'expérience de l'as àrd disparu, c'était son devoir. Le paku ne semblait pas résolu non plus à abandonner. A noth récupérait toujours son dû, d'une façon ou d'une autre.  S'il devait être blessé, mourir … Soit.

Il se redressa très péniblement. Un court instant, son regard s'égara sur le Dresseur, resté muet. Le seul capable d'arrêter le combat, c'était Célestio.

Puis il se remit sur ses sabots en vacillant. Un mince filet de sang s'échappa de ses lèvres. Il n'avait plus aucune force pour lancer un assaut frontal, mais il lui restait d'autres armes pour limiter la casse. Aussi, la tension de Provoc retombant également, il se mit à émettre un autre son. Un claquement répétitif, beaucoup plus aigu, presque un ultrason qui, s'il était presqu'imperceptible aux oreilles du Dresseur, l'était à tous les Pokémon alentours. Puisqu'il était plus facile de prédire les attaques électriques du paku, la [ Tourmente ] empêcherait au moins ce dernier de relancer son Vampi-Poing.

Pour le reste, Vici avisera.

Bras tombés, pattounes et coussinets relâchés, le Paku présentait d'immenses signes de fatigue... L'envie de se battre n'était plus là. La volonté de le faire l'avait quitté, mais en face, Vici lui ne présentait qu'un visage glacial quand à ses intentions. Savoir si le Pokémon comptait repartir à l'attaque était impossible pour le dresseur, mais en cet instant précis, le silence, et les différents acteurs de cette pièce restaient immobile, comme tous gelés par le froid accompagnant le décor. Le manteau de glace semblait comme se déposer sur les deux pokémons sauvages, ainsi que le dresseur et ses compagnons. Célestio était responsable de tout cela, en soit il aurait dû partir en courant, et il avait clairement fait de mauvais choix dans cette course à l'action... Mais il doutait déjà de lui dernièrement, et s'il restait à terre, ébranlé par ses échecs, il se ferait avoir comme beaucoup d'autres. Il devait répondre de ses actions, agir de façon responsable... Il ne supportait pas de voir les deux Pokémons sauvages, blessés au point de presque s'évanouir, se toiser comme cela; Le Paku était un pokémon amical, simplet peut être, ne raisonnant que par son estomac vraisemblablement, pensait Célestio, mais qui éprouvait une réelle affection pour l'humain et ses Pokémons, et il était clair que dans une situation plus calme il aurait tenté de nouer des liens avec le Scalproie, ou tout du moins il n'aurait pas eu à se battre.

Fouillant dans son sac, Célestio saisit sa Pokéball et rappela Tare-Taisai. le remerciant de sa protection, il fallait se vouer à l'évidence qu'il ne faisait qu'attiser les braises de la castagne. Le dresseur s'approcha, d'un pas décidé, du Paku, et administra d'un coup un Spray désinfectant sur la vilaine coupure qu'il avait à la patte. La saisissant il déposa dessus une légère compresse pour essuyer la plaie... Puis d'un mouvement rapide il se retourna, prit un autre de ces Sprays et le lança, de façon douce mais assez forte pour que l'objet se dirige vers Vici.

Caeli,s une légère Météore s'il te plait.

Caelis, d'un mouvement rapide secoua sa queue et en la balayant dans le vide, fit partir une petite étoile, un peu ridicule, mais qui entrant au contact de la bouteille de produit soignant fit sortir le spray d'un coup, entourant le véhément Pokémon. Le dresseur se dit que que de cette façon il évitait au pokémon sauvage, quand il partirait, de s'évanouir en chemin jusqu'à sa tanière. Déglutissant, Célestio se retourna et sourit à Paku.

Merci énormément de m'avoir sauvé et protégé Paku, si on se recroise je te filerais tout mon miam-miam promis ! Tu l'as bien mérité !

Puis, saisissant les deux Baies Sitrus qu'il avait tenté de donner à Vici plus tôt, il le toisa de façon calme.

On s'arrête là... Je n'ai pas envie qu'il y ait plus de blessé. Tout ceci est ma faute, et je m'excuse encore d'être entré sans permission sur ton territoire. Voici de quoi m'excuser.

Célestio, alors que Caelis se rapprochait trainant le sac à dos de son dresseur, se saisit de ces rations de Montagnes. Des morceaux de Tauros séché, il n'y avait pas pensé plus tôt mais les Scalproies étaient des carnivores après tout. Il s'avança et déposa les morceaux de viandes comme excuse avant de vite revenir en arrière. cela fait il renfila son sac à dos et commença à s'éloigner. Le tout à reculons, avec Caelis à ses pieds. Il n'était pas assez stupide pour tourner directement le dos à un pokémon qui quelques minutes auparavant avait essayé de l'étriper de toutes ses forces... Il s'assurait juste que le sauvageon ne s'attaque pas plus à Paku, et que chacun regagne son territoire.

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Peut-être qu’il aurait pu mettre le paku à terre. Et ce scénario, il ne pouvait l’envisager que par fierté, cette même fierté qui avait défini son as àrd et le reste de sa race ; et si sa raison, elle, savait parfaitement qu’il ne faisait pas le poids face à ce puissant Pokémon des plaines, plus puissant qu’aucun adversaire qu’il eut rencontré de sa jeune vie, l’entendre ne fit que nouer ses muscles, prêts à bondit à nouveau, rien que pour lui donner tort. C’était donc sans doute une bonne chose que le Scalproie n’ait pas la télépathie, comme l'autre Pokémon, dans son arsenal : savoir que son territoire se résumait, pour le paku, à un tas de cailloux, l’aurait déchaîné, la raison soit damnée.

Mais même s’il y arrivait, il était à bout de forces. A la merci des deux autres Pokémon du Dresseur, l’Évoli et le tare-taisai. Et si eux ne pouvaient le vaincre, alors les vents tourbillonnants qui annonçait la tempête de neige sur les Hauts Monts finiraient le taff.

Soyons réalistes : le combat était fini. Et il avait perdu.

Néanmoins, il ne bougea pas. Il continua simplement de dévisager le paku, découpant du regard le moindre geste qui aurait trahi une nouvelle attaque de sa part ; ravalant au passage le filet de sang et de salive qui lui tombait de la bouche — et son propre souffle lui brûlait la gorge comme de l’acide. Expliquer pourquoi il s’acharnait, pour un Pokémon des plaines, et dressé qui plus est — ce qui était sans doute le plus insultant —, était une perte de temps. Protéger le territoire du clan, et ses maigres ressources, des intrus, était inscrit dans le Fait. Il n’avait jamais eu à remettre le Fait en question, quand bien même la logique de celui-ci ne s’étendait guère aux fantômes. Et le Fait n’avait pas inclus la fuite en option.

Le paku avait posé ses deux pattes avant dans la poudreuse, et il l’imita, le visage baissé et la corne pointant en l’avant. S’il passait à l’attaque, il serait prêt à le recevoir …

Mais contre toute attente, ce fût le Dresseur qui s’avança. Rappelant le tare-taisai dans sa machine, il s’était approché de son Pokémon Électrique avec une sorte de récipient, dont il appliqua le contenu sur la patte. Il fronça les narines de suspicion. Et lorsqu’il le vit sortir une autre bouteille, pointée dans sa direction, il leva instinctivement un bras en rempart, sans attendre de comprendre contre quel nouveau stratagème il se protégeait.

En guise de piège, il sentit une partie de son corps se couvrir d’une sorte de voile apaisant … Comme une pluie. Pensait-il avoir oublié cette sensation, depuis cette tempête de neige. Certes, il sentait toujours la douleur irradiante, là où avaient frappé les poings du paku, mais la chaleur étouffante qui pesait sur ses membres semblait le quitter. Un peu. Assez, tout du moins, pour que sa suspicion naturelle reprenne aussitôt le dessus : son regard se porta sur le Dresseur, les questions qu’il se posait évidentes sur son visage.

Peut-être qu’il y répondait, mais pas de bol, le Scalproie ne comprenait pas la Langue des Hommes. Il comprenait, cependant, au ton égal de sa voix, qu’il ne le menaçait plus. Il tenta même à nouveau de lui laisser de la nourriture ; et même si sa fierté lui disait de ne pas se réduire à mendier, l’enfoiré ! De la viande, quand même ! L’odeur des chairs séchées lui ouvrait les narines. Cette fois, au lieu d’avancer, il s’accroupit et, de quelques mouvements de bras rapides, ramena la nourriture sous lui, sous un petit terreau de neige ; non sans garder son regard fixé sur le Dresseur qui reculait, signe qu’il n’en abandonnait pas sa méfiance pour autant.

Le paku n’avait, lui, pas bougé. Même si ses yeux étaient ailleurs, sa voix, elle, s’exprimait sans équivoque au Pokémon Électrique. « Pars, » offrit-il simplement, laissant remonter un sifflement métallique du fond de sa gorge. « Toi, ton Dresseur. Maintenant. »

Mieux valait pour tout le monde rentrer chez soi, avant que la tempête qui se laissait présager ne décide de remettre les compteurs à zéro elle-même.

La neige commençait limite à s'accumuler, formant comme un petit mont sur le haut de la capuche recouvrant le sommet du crâne de Célestio. Les pics alentours toisaient la scène, de leur allure lugubre et vertigineuse. Le Scalproie semblait s'être calmé, pour l'instant, légèrement après la "soin". Bien sûr, Célestio ne s'attendait pas à ce qu'il se jette sur la nourriture jetée devant lui directement, mais il espérait qu'après son départ, le sauvage n'hésiterait pas à en prendre pour se requinquer. Affermissant sa décision, Célestio souffla, saisit Caelis dans ses bras, puis une fois bien équipé, commença à partir. Avant cela, il se retourna encore une fois vers le Paku.

Suis moi, si tu veux, je pourrais te soigner et te filer à bouffer... Merci encore, aller, allons-y, c'est par-

Mais alors qu'il tendait sa main vers le mystérieux sauveur electrique, la neige sous les pieds de Célestio émit une lourd bruit, et se fractura en poudreuse. Le bloc de glace dévala la pente, laissant le vide sous les pieds du jeune homme. Ce dernier, atterrissant à peine sur ses fesses, toujours Caelis dans ses bras, se mit à glisser la longue pente de plus en plus vite. Levant les yeux, il regarda le Paku s'éloignait de son champ de vision, ainsi que le Scalproie... Il priait de toutes ses forces pour qu'ils arrêtent là leur combat, et que le Paku aille mieux ! Il fallait que même dans ces moments tendues, son karma le rattrape...

Alors qu'il continuait de glisser il essaya à plusieurs reprises de se rattraper, à un rocher, des arbres, le sol même, mais rien n'y faisait, il se retrouvait dans une mini avalanche qui prenait de plus en plus d'ampleur. Caelis serré contre lui essaya, avec une Queue de fer, de se stabiliser au sol en vain. Mais dans une montagne, les pentes amenaient à deux choses : soit du plat, soit tôt ou tard à une chute. Il pensait que rien ne pouvait aller pire ? Il s'était bien trompé ! D'un "plop" discret, la neige froide se subsista au vide immense d'une falaise. Célestio d'un geste rapide mit ses lunettes d'aviateur fixées sur son front et regarda en dessous de lui : une bonne 20aine de mètres de vide ! La chute n'était pas immense mais assez pour représenter un risque majeur ! Serrant les dents et se préparant, Célestio marmonna à Caelis Cramponnes toi !!!! avant de tirer son bras dans son dos. D'un geste rapide malgré le froid perçant ses membres, Célestio réussit à tirer une Pokéball de sa ceinture, et l'ouvrit rapidement.

SUNARU TU SAIS QUOI FAIRE !!!!!!

Le Dragon des sables, d'un élan léger et fluide, sortit et battit directement des ailes. Puis, sans attendre, il plongea, se plaçant devant le jeune homme. Puis comme servant de matelas, il commença à ralentir la chute, avant de passer derrière Célestio et de saisir son sac et donc de le faire voler. Lorsqu'il s'arrêta dans les airs, Célestio poussa un hoquet de surprise, et Caelis cria d'adrénaline. Sunaru n'étais pas non plus extrêmement grand et fort, même si pour son espèce il possédait une taille immense. Continuant à porter son dresseur, il se dirigea plus bas avant de lâcher le dresseur et son compagnon sur un plat, plus calme et avec un peu moins de neige. Se laissant tomber et en s'allongeant par terre, Caelis et Célestio reprenaient leur souffle, pensant à leur vie ayant défoulée devant leurs yeux : l'attaque du scalproie, sauvés par Paku, le combat qui s'ensuivit, et la chute... Le trop plein d'adrénaline explosa, et Célestio et Caelis explosèrent de rire, alors que Sunaru, juste content d'être là, virevoltait au dessus d'eux. Cependant, le risque était un adversaire revanchard. La neige accompagnant Célestio atterrit derrière eux, faisant tomber sous le poids du tas glacé plusieurs sapins vers nos protagonistes. Alors, sortis de nulle part, un Vibraqua impressionnant fonça et s'écrasa sur le bois, brisant le danger planant sur Célestio et ses Pokémons. Ce dernier, se redressant d'un coup, sain et sauf, regarda en direction de l'attaque pour noter, avant qu'il disparaisse dans l'ombre, un certain Croaporal qui le suivait depuis quelques temps... maintenant il venait même de lui sauver la vie, mais qui était-il ?

Tout cela restera un mystère pendant quelques temps, comme le fait de savoir si un jour ou non, Célestio aurait la chance de recroiser la route du Paku....

HRP: