|S3| Un nouveau départ ? (Nyssa & Oliver) [Terminé]

La main qui jouait distraitement avec mon fouet s’en était à présent pleinement emparé et sa lanière était tendue entre mes deux mains. Evidemment, fait-il qu’il s’agisse d’un commandant, quoi d’autre ? Ce genre de choses n’arrivent qu’à moi, c’est une malédiction. Quoi que, maintenant que j’y pense, je n’ose pas imaginer le bazar qu’une même situation causerait chez d’autres de mes collègues. Ainsi cet homme, commandant de surcroit, sorti de nulle part voulait devenir un champion ? A quoi s’attendait t’il ? A ce que l’on l’attende pour lui offrir la place sur un plateau ? Mon expression s’était refermée et la sévérité était clairement visible sur mes traits. Apophis qui guettait ma réaction se tenait quelque peu en retrait par rapport à mon bureau, immobile et silencieux.

- Choisir de vous adresser à un membre compétent de la ligue est tout à votre honneur. Néanmoins vous pensiez réellement qu’un simple repentir vous offrirait une place de droit en temps que membre à part entière de la ligue ? Si les choses étaient aussi simples nous aurions des champions à ne plus savoir qu'en faire.

Et je n’exigerais pas sur ce point. Des repentirs actifs, j’en croisais tous les jours mais ce n’était pas une raison pour leur offrir des avantages en plus d’un pardon absolu. Je m’en voulais certes de ne pas avoir fait un rapprochement immédiat entre le nom de cet homme et son statut au sein de la team Némésis, encore que… Je n’étais même pas sûre qu’autre chose que son allias soit connu par nos systèmes. Mais ce qu’il n’envisageait pas c’est qu’au fil des arrestations que nous mènerons, les délations se feraient de plus en plus courantes. Et nous avions nous aussi les moyens de traquer des délinquants connus, il ne fallait pas entièrement se voiler la face non plus.

Je le laissais néanmoins continuer à parler, me renfrognant plus encore en entendant la mention de ce cher Angstorm. Pourquoi fallait-il qu’il soit toujours la première personne que l’on me cite, c’était épuisant. Si l’ex-commandant cherchait à m’amadouer par de telles méthodes ou allusions, il pouvait se mettre le doigts dans l’oeil et chercher à toucher ses amygdales avec. Je poussais un soupir. Son histoire semblait néanmoins plausible, sincère je ne sais pas mais au moins cohérente. Ses raisons, s’il s’agissaient là des vraies, avaient le mérite d’être respectables bien que ses méthodes ne le soient pas autant. S’il fallait admettre quelque chose, outre le fait que le dresseur semble bien trop animé par ce qu’il était en train de dire, c’est que sa réthorique tenait debout. Et plus que cela, ce n’était pas totalement faux. Débattable mais néanmoins, il y avait plusieurs éléments à tirer. Ce n’était pas étonnant que cet homme se soit retrouvé dans le cercle proche d’Eon Fawkes.

- Continuez…

Une nouvelle tension vint suivre le tracé de ma colonne vertébrale à la mention de l’attaque de l’Imaginarium. J’étais encore particulièrement susceptible à propos de cette ville et n’appréciait pas vraiment que l’on y porte atteinte.

- Réparer les dégâts causés, en particulier les vôtres vont de soi…

Ma réponse avait été glacée, aussi sèche que l’un des coups donnés par mon instrument de dressage mais c’était là plus fort que moi. Une nouvelle fois, il avait été particulièrement douloureux de voir l’accomplissement d’une vie partir en fumée dans cette ville de joie et de jeux, j’avais du mal à compatir à l’idée que l’on doive réparer les tort qu’on y ait causé. Je haussais les sourcils et relevais les lèvres en un rictus à sa remarque suivante. S’il avait un rêve ça changeait tout, évidemment.

- Je suis rassurée à l’idée qu’un refus de ma part ne serait pas justifié par une contrepartie excessive mais par pure étroitesse d’esprit de ma part.

Je ne me moquais pas là de son rêve en lui même qui était tout à fait respectable, il n’y avait qu’à voir ce que j’avais battit sur les bases des miens. Ce sur quoi je revenais était sa tournure habille qui revenait en définitive à me faire passer pour la méchante et ce de manière purement tacite. C’était habile, mais ça ne prenait pas avec moi. Ce que je n’appréciais pas non plus, c’était la perspective de son ultimatum. Et que l’on cesse de me rappeler l’existence de cette fichue détective et de ses magouilles pour l’amour d’Arceus. Ce dresseur méritait des félicitations pour avoir cité en moins d’une heure tout ce qui pouvait de près ou de loin jouer avec mes nerfs et ce, dans un contexte de pourparlers. Et voilà qu’en plus il recommençait à m’appeler par mon prénom.

- Mlle Germanni suffira. Sachez quant à vous Mr. Olivier Raporow, que je n’ai jamais été très encline au chantage et toutes autres astuces de ce type. Si je voulais vraiment vous faire arrêter, vous n’auriez pas fini votre phrase et seriez plaqué au sol depuis longtemps. Rappelez vous à qui vous vous adressez et où vous vous trouver. Certes, l’attaque d’aujourd’hui fut un désastreux exemple de ce qui peut se passer en mon absence, mais vous n’imaginez pas combien de tours se trouvent encore dans mes manche. Je ne prend ni cela pour une insulte, ni pour une menace, mais plutôt comme une maladroite sous-estimation de votre part.

Toujours debout, je tendais à intervalles réguliers la lanière de cuir de mon fouet entre mes mains. J’étais tenter d’entamer de faire les cent pas mais je restais tout de même face à mon interlocuteur qui se montrait quelque peu trop à l’aise vu sa situation.

- Les seules choses que je pourrai vous concéder ceci étant, c’est qu’il est courageux de votre part de vous présenter ici alors que Violetta Virideïla aurait sans doute eut plus d’empathie quant aux similitudes de votre passé et du sien. Le protocole et la logique voudrait que je vous jette dehors au mieux ou vous livre à un tribunal au pire. Pour vous s’entend.

Mon regard toujours planté dans le sien, je recherche un semblant de sérieux dans ce que je suppose être une façade d’assurance. Ma curiosité avait été piquée et maintenant je voulais des réponses, je ne me cacherais pas de ce point de vue. Cet homme avait des compétences évidentes en matière de dressage et ses talents oratoires ne laissaient pas de doute quant au fait qu’il ait occupé une place haute au sein de l’organisation déchue. Du moins, un bluff aurait été idiot, mal venu et très surprenant.

- Vous l’aurez compris, vous n’êtes pas vraiment en position pour négocier, mais je vous accorde néanmoins le bénéfice du doute. Si ce que vous dites est vrai, vos informations pourraient s’avérer fort utile au contexte actuel des choses. Et vos projets me paraissent respectables. Mais une question demeure néanmoins. Venez avec moi.

Sur ces mots, je rappelais Thérion, toujours posté à l'entrée du bureau et partais vers mon accès privé au stade de l’arène sans même jeter un regard en arrière, Apophis à mes cotés. Si le dresseur choisissait de me suivre, je prendrais cela comme une manifestation de sa bonne volonté. Sinon, je considèrerai que notre entrevue aura touché à sa fin. Et puis, bien que cela me soit douloureux à envisager, il n’était pas le seul à pouvoir solliciter les services de cette détective. Une fois positionnée sur le terrain, je faisais claquer mon fouet afin d’activer les mécanismes de présentation de l’arène et expliquais, toujours sans prêter attention à une quelconque réaction.

- Match duo, 2 contre 2. Objets tenus uniquement et sans switch. Pour un aspirant champion, il ne s’agit que d’une banale formalité, n’est ce pas ?

Pokés :

HRP:

J’aimais toujours particulièrement voir l’effet que faisait mon arène sur les personnes ayant la chance d’y pénétrer. Je fus tout aussi ravie de constater que mon défi allait être relevé sans plus de cérémonie. L’ancien commandant pris place à l’autre bout du terrain et dévoila à son tour ses pokémons. A présent et jusqu’à la fin de ce combat, il ne serait plus Nocturne, fugitif, ex-némésis ou quoi que ce soit d’autre. Il n’était plus que challenger. Un sourire condescendant prend place sur mon visage alors que j’entend sa remarque et qu’il retire sa veste. Si c’est son baptême du feu qu’il est venu quérir, alors il ne sera pas déçu. Je lançais à voix basse, pratiquement certaine qu’il n’entendrai pas la réponse.

- L’emploi du conditionnel me semble en effet fort à propos.

Alors comme ça, mon adversaire avait comptait de nouveau s’assister du dimoret que j’avais aperçu tout à l’heure. Logique en soit, quoi de mieux qu’un type glace face à deux dragons purs. Son deuxième combattant était un scalproie assez massif à l’air peu commode. Bien. Un duo respectable pour faire face à mon équipe, il fallait le reconnaître. D’autant qu’à vue de nez, le brise moule d’Hécate ne lui serait d’aucune utilité, dommage. Restait à voir néanmoins s’ils seraient suffisant, une toute autre paire de manches si vous voulez mon avis.

La question plus réthorique qu’autre chose qu’il me posa l’instant suivant n’effaça pas l’expression de satisfaction qui s’était installée sur mon visage depuis que nous avions changé de décor. Sans le verbaliser je m’autorisais à lui répondre mentalement que si j’en avais voulu autrement, le combat aurait déjà commencé depuis un moment. Mais j’avais toutes les raisons du monde de rester courtoises et raisonnable, du moins pour l’instant. J’avais plusieurs choses à déterminer, à commencer par savoir si le dresseur avait vraiment eut le bagage nécessaire pour essayer de la jouer plus fin avec moi. Ensuite avait il le niveau pour rejoindre nos rang, et enfin, le méritait-il seulement. Tant de questions, si peu de réponses, autant dire que le suspens était à son comble.

Je lui laissais ainsi l’opportunité du premier ordre, faisant claquer mon fouet en l’air, le son émis par sa lanière de cuir raisonnant dans l’enceinte métallique de notre antre.

- Apophis, Hécate placez vous contre le scalproie.

Le dimoret s’annonçait être un adversaire tout particulièrement pénible en raison de sa vitesse tout d’abord, et de sa puissance de frappe par la suite. Pour remédier à cela une petite Danse Draco de la part d’Apophis commencerait à égaliser les part. Quand au scalproie, il s’annonçait être robuste et puissant, ce qui ne gâchait rien. Dans la mesure où la nature l’avait doté de plus que ce qui était nécessaire pour devenir un adversaire digne de ce nom, il lui serait inutile de s’encombrer de plus n’est ce pas ? Le fixant droit dans les yeux, ma tranchodon poussa un hurlement à réveiller une ancestrale peur chez qui que ce soit de sensé ou à inciter tout guerrier à se porter plus sur l’offensive que la stratégie. Une provoc ? Oui évidemment que s’en était une. Après tout, inutile de se placer ou d’user d’augmentation statistique, ça ralentit le combat il parait. Autant dire que lorsque l’ordre du mur de fer tomba, j’étais dans mes petits souliers. Qui plus était, si son dimoret était rapide, on ne pouvait pas en dire autant de la pièce d’échec sur pattes qui profitait d’une statistique de vélocité à peu près équivalente à celle d’Hécate. Autant dire pas formidable.

Je saluais néanmoins son idée d’obstacle de glace qui avait le mérite d’être aussi originale qu’inattendue. Mon Draco avait pu profiter d’un premier coup de fouet, un bon début. Ceci étant je remarquais finalement une chose. Si son obstacle de glace allait effectivement gêner mes Pokémon pour aller au contact de leur adversaire, la réciproque ne manquait pas elle non plus à s’appliquer. Le seul qui n’aurait aucun mal à se mouvoir sur cette surface gelée serait le Dimoret. J’avais vu ce que je voulais voir en matière ‘d’initiative’ pour citer les propres termes du dresseur, maintenant j’étais curieuse de savoir ce qu’il ferait en réponse.

- Apophis, continue sur ta lancée et utilise hâte. Hécate, danse-lames. Je fixais mon adversaire à l’autre bout du terrain et continuais, feintant de m’adresser à mes dragons. Vous n’allez tout de même pas risquer de vous blesser sur contre cette glace ou de la contourner.

Heureusement que nous avions cet obstacle pour faciliter leur préparation. Maintenant si le challenger voulait nous attaquer il devrait soit compter sur l’attaque spéciale de son duo, soit passer la barricade qu’il avait lui même érigé. Si je me trompe pas, cela s’appelle l’arroseur arrosé. Ou gelé en l’occurrence.

HRP:

Je finissais à peine ma phrase, autorisant mes dragons à entamer une nouvelle phase de renforcement que le bloc de glace que je venais justement de commenter explosa en des dizaines et des dizaines de copeaux tranchants. Une boule d’énergie avait été projetée par le seul Pokémon toujours en vue c’est à dire le scalproie. L’attaque était puissante et ce, suffisamment pour créer un appel d’air en traversant l’obstacle et entrainer des éclats dans son sillage. Elle mourut tout de même avant d’atteindre sa cible, ce qui n’empêcha pas les morceau du laser matérialisé de pleuvoir sur mon coté de terrain. C’était pas mal et je mis une bonne seconde avant de voir le trou béant à la place ou aurait dû se trouver le dimoret. C’était un choix, comment dirais-je… audacieux ? Original ?

- La plupart des gens sont contraints de se plier aux lois des probabilités et au bon sens. Mais vous êtes un être spécial…

Ce n’était certes pas très amical de ma part, surtout vu le ton sur lequel j’avais lancé la remarque. Mais je n’avais pas obtenu mon poste dans le but de me faire des amis, et j’étais intimement persuadée que ce n’était pas à cette fin non plus que l’ex-commandant espérait obtenir le sien. L’avantage de l’architecture de la pièce et des matériaux qui ont été conçus pour la construire, c’est que l’acoustique y est absolument idéale si ce n’est parfaite aussi, il y est inutile de s’encombrer de micros ou je ne sais quel autre gadget pour se faire entendre de son adversaire. La seule force d’une voix assurée suffit. Le scalproie continuait à avancer vers mes dragons qui venaient d’encaisser les dégâts causés par la glace. J’aurais pu tenter de les éviter ou de les contrer mais s’eut été beaucoup d’efforts pour pas grand chose. Face à un dimoret, il valait mieux économiser les attaques ou plus précisément, ne pas les gâcher. En parlant de ce dernier, il n’était pas encore réapparu et connaissant la vitesse de ces bestioles, cela voulait dire que nous avions seulement quelques secondes d’avances aussi, elles non plus ne devaient pas être gaspillées. L’ordre destiné à la pièce d’échec arrivait déjà. Même si je me devais d’agir vite, je ne pouvais effacer le rictus de mon visage.

- Armure Hécate. Apophis, recommence une danse draco et guette le retour du dimoret, prépare toi à le… faire ralentir.

Oui certes, j’avais là une occasion de frapper beaucoup et de frapper fort mais je n’y voyais là que peu d’intérêt. Si je me battais, ce n’était pas uniquement pour gagner, c’était aussi pour le sport. Le beau sport. Et puis je voulais toujours voir le reste de la stratégie de mon adversaire pour le moment. Quelques secondes avant l’impact, ma tranchodon croisa ses bras devant son torse et ses écailles luisirent d’un éclat métallique. Elle accusa le coup de tête sans fléchir mais le coup fut suffisamment fort pour la faire glisser d’un demi-mètre en arrière. Son imposante stature creusa deux sillons sur le sol du terrain, une image parlant d’elle même. Pendant ce temps, mon Draco terminait ses préparatifs et commençait déjà à collecter de l’électricité comme en témoignait l’éclat de son cristal supérieur. Il n’aurait pas de deuxième chance, nous avions tout intérêt à ce que sa tentative n’échoue pas.

- Hécate, maintenant à ton tour. Exploforce.

Mon dragon souffrirait du même défaut que son adversaire, à savoir une statistique d’attaque spéciale absolument terrible mais elle au moins, attaquerait à bout portant. Et si j’accumulais la puissance de l’attaque, la défense spéciale basse de son assaillant ainsi que la double faiblesse au type combat dont il souffrait, je n’étais pas voyante mais je pouvais prédire que ça ferait mal. Hécate ouvrit donc grand sa gueule et une boule d’énergie similaire à celle qui avait pulvérisé le bloc tout à l’heure s’y matérialisa. Elle l’envoya droit vers le soldat d’acier qui, s’il voulait l’éviter devrait redoubler d’ingéniosité, de vitesse et de chance. Un sympathique cocktail en somme. Apophis était prêt à lancer son attaque et bien que cette dernière ne nécessitait pas de chargement particulier, je tenais à ce qu’elle ne soit lancé qu’au moment idéal. Pourquoi avoir demandé une nouvelle danse draco tout en lui demandant de concentrer de l’électricité ? Il fallait savoir se montrer prévoyante et puis, à présent, mon Pokémon profitait d’une statistique de vitesse quadruplée, autant dire que tout rapide qu’il était, le furet adverse avait perdu sa longueur d’avance. Et je comptait bien faire empirer les choses.

- Tient toi prêt Apophis, paralyse le farfuret dès qu’il sortira du sol ! Je fixais de nouveau mon regard sur mon adversaire. Alors, reprenons notre petit entretient sur ces entrefaites. Qu’est ce qui vous a motivé à chercher à obtenir une place en temps que champion ?

Toute personne me connaissant un minimum ou m’ayant déjà vu combattre saura deux choses. D’une part, j’ai une fâcheuse tendance à discuter tout en combattant, deux activités qui ne sont pas antinomiques à mon avis. Surtout pour un aspirant champion. Et d’autre part, lorsque je demande à mon Draco de paralyser un adversaire, ce n’est jamais à l’aide d’une cage-éclair comme on pourrait s’y attendre. Jamais. Non quitte à faire les choses, j’aime qu’elles soient bien faites, parfaites, et aussi efficaces que faire se peut. Aussi j’avais une développé une certaine préférence pour l’élécanon au lieu de l’idiote cage-éclair. Et c’était pour cela que j’avais eut besoin d’aiguiser les réflexes et la vitesse de mon dragon. Et mon challenger m’avait offert une occasion en or pour placer ce coup idéal. Son dimoret serait bien obligé de sortir de terre et à cette instant précis, il serait accueilli d’un coup d’élecanon. J’avais hâte de voir comment il réagirait.

J’adore que l’on tente de me prendre pour une idiote, ça a toujours tendance à m’inciter à être plus compréhensive et raisonnable. Et j’avais la très nette impression que c’était ce que mon adversaire tentait de faire en laissant son scalproie ramper de la sorte après le coup qu’il venait de recevoir. Qu’Héctate l’ait envoyé voler si près de son coéquipier était étonnant mais je pouvais y croire. Par contre qu’un Pokémon pareil se retrouve à l’article après un seul coup, vu le niveau dont il avait fait preuve jusque là, j’avais beaucoup plus de mal à le gober. De la part d’un challenger j’aurais pu le concevoir, mais là je savais pertinemment qu’il s’agissait d’un ancien commandant et aspirant champion. D’ailleurs tout bien réfléchi, il serait de bon ton de le lui rappeler.

Eduquez vos Pokémons, vous êtes là pour me convaincre, pas espérer ma pitié. Apophis, j’ai changé d’avis. Attaque le scalproie. Hécate, tu accueilleras le dimoret avec une queue de fer.

C’était absolument incroyable que sa voix intérieure ait deviné qu’il s’agirait d’un élécanon plutôt que d’une cage-éclair il fallait le reconnaitre. Mais bon, maintenant que la surprise avait été gâchée, autant ne pas la maintenir plus longtemps n’est ce pas ? Mon Draco était prêt et profitait en plus d’une ligne de mire absolument idéale alors, autant ne pas se priver. L’énorme boule d’énergie électrique fut matérialisée, son diamètre dépassant de peu la taille de la tête du dragon qui s’apprêtait à la projeter. Quelques secondes après, l’impact aurait lieu, aussi inéluctable qu’il pouvait l’être. Mon adversaire se retrouverait avec un pion méchamment amoché et paralysé, quel dommage. D’autant plus que pendant que son propriétaire me répondait, le combattant avait choisi de courir droit sur le Draco qui lui faisait face dans une tentative aussi vaine qu’étrange.

Mon challenger me déballa une fois de plus le même discours que tout à l’heure, ce genre de tirade qui marche à tous les coups lorsque l’on veut convaincre une conseillère d’orientation que son projet est ”juste” ou ”idéal”. Je ne voulais pas de tout ça, les déclarations toutes prêtes n’avaient jamais été ma tasse de thé. Ce que je voulais entendre, c’étaient de l’honnêteté, quelque chose qui emporterait ma conviction, pas les promesses de campagne du futur délégué de classe.

- Ah, ainsi le blanc seing de votre passé et casier judiciaire que votre nomination impliquerait n’a pas influencé votre décision ? Parce que si l’éducation et le guidage des nouvelles générations de dresseur vous intéresse, un centre de formation d’état ouvre ses portes et vous pourriez en devenir un formateur idéal.

Je pensais évidemment au STERN en disant cela. Je fus interrompue dans mon propos par l’émergence du dimoret sous les pattes de ma Tranchodon. Dès que mes yeux captèrent du mouvement, je fis raisonner mon fouet, donnant un nouveau signal à mes dragons. Comme prévu, hécate était prête à lancer sa queue de fer sur le furet ténébreux, malgré les dégâts que venaient de causer l’assaut tellurique. Par contre son poing pouvait luire autant qu’il le voulait, il ne toucherait pas une seconde fois la même cible. Apophis s’était à son tour élancé sur lui, son corps serpentaire luisant d’une aura de puissance propre à son type. Le coup de fouet avait servi de signal d’attaque, lui intimant immédiatement de lancer une Draco-queue sur l’assaillant de sa compagne, le forçant néanmoins à encaisser les dégâts du poing glacé. Si l’énergie de son attaque réduirait un tantinet les dégâts, le coup restait formidable et je le soupçonnais maintenant d’avoir profité d’un boost pendant que j’avais le dos tourné. Heureusement, avec l’évoluroc, sa défense passait spontanément de banale à excellente.

- A ton tour de creuser Hécate. Ramenant mon fouet d’un souple mouvement de poignet, je repris calmement le cours de la conversation. Je disais donc. Je ne vous demande pas de répéter ce que vous m’avez déjà dit. Ce que je veux savoir, c’est en quoi je devrais outre-passer les protocoles les plus basiques et accepter votre ”candidature” alors que de nombreux top-dresseurs plus exemplaires les uns que les autres seraient prêts à s’entre tuer pour obtenir le poste. Qu’est ce qui pourrait bien faire la différence entre vous. Et un autre. Et si vous me répétez une nouvelle fois une information que j’ai déjà entendu, je met immédiatement fin à ce combat et par extension, cet entretient.

Parfois, une petite mise au point s’impose et permet de clarifier le dialogue de manière fulgurante. Je radotais sans doute moi-même, mais je voulais voir une différence, pas un énième candidat standard comme il y en a des centaines. Des renégats voulant se racheter, je pouvais en trouver à la pelle, mais des Violettas, ça ne courrait pas les coins de rue. Pendant ce temps, c’était au tour d’Hécate de s’enfoncer dans les sous-sols du terrains échappant à la vigilance de ses adversaires et aux potentiels assauts futurs. L’avantage de la Draco-queue, c’est que le dimoret serait projeté loin de là où il s’était trouvé quelques secondes auparavant, laissant le champ libre à Apophis pour se concentrer sur le Scalproie. Ce dernier avait lancé son fulmifer, une nouvelle source de dommages à encaisser pour le Dragon bleu. Heureusement, ces dommages ne découleraient normalement pas de l’exploforce mais seulement de l’elecanon, une petite compensation qui permettait à mon Pokemon de rester debout. Au prochain tour, ma Tranchodon referait surface, devinez sur qui ? Et vu les boost dont mon duo profitait, j’étais curieuse de voir combien de temps mon adversaire réussirait encore à tenir.

HRP:

Voilà enfin qu’à force de pousser encore et encore le dresseur dans ses retranchements voilà que le vernis du premier de la classe craquait. Voilà ce que je recherchait, de l’honnêteté tout d’abord mais aussi et surtout, à découvrir la véritable personnalité de celui qui se trouvait en face de moi. Je dois avouer que je ne fus pas déçue, ou du moins dans un premier temps. Parce que certes, beaucoup diront que j’ai cherché à recevoir la tirade qu’il m’adressait mais ce n’était pas pour ça que j’accepterait que l’on s’adresse ainsi à moi. Prenant la lanière de mon fouet entre mes mains, je la serrais de toute mes forces et mettais à l’épreuve la résistance de l’objet en tirant dessus. Serrant les mâchoires, je ne répondais pas à sa question, il aurait été trop simple et bien trop satisfaisant à son égard que je me laisse aller à un coup de sang comme j’en suis spécialiste. Mon regard planté dans le sien en disais long mais lui, continuait son petit monologue persuadé sans doute qu’il détenait la pleine et entière vérité.

Tout le monde en prit pour son grade, il fallait au moins reconnaitre, c’était équitable. Moi la première, puis mes collègues, encore les autres habitants de Maïlys, personne ne fut oublié. Fallait-il lui rappeler en premier lieu que si les gens avaient peur de se défendre à présent, si les habitants des villes doutaient et craignaient pour leur vie plus que pour celle des autres, c’était à cause de gens comme lui ? A cause de tout ceux qui avaient rejoins les rangs de fanatiques tant assoiffés de pouvoirs qu’aveuglés par la folie et qui avaient réduit le quotidiens des pauvres gens à feu et à sang, parfois pour le plaisir, d’autres fois pour défendre des idéaux qui n’étaient pas les leurs mais toujours dans des démonstrations de violence cruelle et démesurée. Quelle est aisée la critique lorsque l’on se trouve du bon coté. Parce que oui, il était du bon coté, tout Némésis qu’il était et ça, je doutais qu’il s’en rende bien compte. Il avait fait des victimes ? Il faisait peur ? Il intimidait ? C’est normal il était commandant. Un champion fait une erreur, il est faible. Un champion démontre sa puissance, il est déplacé. Mon draco, sentant l’attaque de sa camarade pointer s’était détourné du combat quelques secondes et me fixait de ses grands yeux pourpres, observant avec empathie les muscles de ma mâchoire se crisper au même rythme que les tensions de mon fouet.

Puis l’ex-commanda repris le cours se son ode à lui même, me défiant presque de ne pas reconnaitre son niveau au détour de ce combat. Au moins était il lucide quant à ses chances de victoires. Ainsi voilà comment il espérait m’amadouer ? Après avoir joué les idiots, après m’avoir caressé dans le sens du poil, après m’avoir soumis à un ultimatum, après m’avoir ouvertement insulté. Je ne supportais plus ses tournures de phrases incisives et ces ordres rhétoriques. Ne le laissant pas finir son ultime tirade, j’ordonnais, puisante, le claquement de mon fouet raisonnant à la suite de mon éclat de voix.

- ASSEZ !

Le temps resta suspendu quelques secondes le silence prenant ses droits sur l’arène si animée pourtant quelques instants plus tôt. Il ne fut rompu qu’une poignée de secondes plus tard alors qu’Hécate surgissait du sol furieuse et dévastatrice. Elle ne fit qu’une bouchée du scalproie évidemment et le challenger donna ses ordres à son Pokémon qui fonça droit vers Apophis. Un seul signe de tête de sa part et je compris ce qu’il comptait faire. Je respecterai cette décision bien que la mienne aurait été bien différente mais après tout, je ne pouvais nier sa sagesse et ses talents, sans doute savait-il ce qu’il faisait. Puis j’aurais ainsi tout le luxe de me concentrer sur le dresseur plutôt que sur son Pokémon. Le signe de tête suivant fut adressé à Hécate et tout deux se mirent en position. Laissant son adversaire venir jusqu’à lui sans même chercher à l’esquiver, il profita de son élan pour s’enrouler vivement autour du frêle corps du furet ténébreux. Mon draco serait bientôt K.O rongé par l’énergie gelée du poing de glace et par ce qui allait suivre, mais sa cible était quant à elle ligotée et fermement retenue dans les anneaux du dragon bleu. À la merci du tranhcodon. Cette dernière lança une dracogriffe qui s’abattit sur les pokémons entremêlés comme un couperait fatal. Si elle achevait à contre-coeur son partenaire, il en serait de même pour son adversaire. J’aurai pu ordonner une colère, faisant écho à la mienne mais mon but n’était pas de tuer le combattant adverse, seulement de lui apprendre ce qu’était un véritable combat contre un champion. Et pendant que cette conclusion se jouait sous les yeux de mon challenger, mon regard planté dans le sien, je lui confiais à mon tour ma façon de penser.

- Mais dans quel monde vivez vous pour croire que tout peut être aussi facile ? Pensez vous réellement que si les dresseurs s’engagent dans le défi des arènes, c’est dans l’optique de voir leurs vies brisées ? De voir leurs compagnons de route mourrir pour un combat qu’il n’ont jamais demandé à engager ? À l’heure actuelle, que récoltent les bons samaritains qui tentent de faire face aux dangers qui les menaces, eux ou leur voisins si ce n’est la promesse d’un deuil difficile ou d’un casier à leur nom à la morgue. J’ai vu l’horreur dont sont capables les gens comme ceux que vous avez sciemment dirigés Mr. Olivier Raporow, et j’en verrai encore beaucoup lors des jours à venir et ce pourquoi ? A cause de gens comme vous qui critiquent la ligue sans savoir et sans avoir la capacité d’offrir mieux.

Je rappelle mes dragons dans un geste exaspéré. Je les féliciterai plus tard, de toute manière, ils avaient compris.

- J’aimerai vous offrir ce poste, mais ce uniquement pour voir comment vous réagirez face aux challenger qui se bousculeront à la porte de votre arène. Vous voulez savoir pourquoi tous ces top-dresseurs en sont toujours ? Parce que l’on devient pas champion pour la gloire. On ne le devient pas lorsque l’on déborde d’empathie. Parce que chaque jour, et je dis bien chaque jour, ce sont des dizaines de carrières que vous brisez. Des rêves que vous réduisez à néant et ce, parce que la plus lourde des responsabilités pèse sur vos épaules. Car le maitre de cette île, c’est à vous qu’il revient de le nommer, indirectement sans doute, mais le verdict dépendra de vous. Et un futur maitre ne peut être faible, il ne peut avoir obtenu son titre par la grâce d’un champion ou d’un conseiller tolérant et sympathique. Parce que c’est la vie de tous les habitants de cette île qui dépend de ses capacités et de ses talents. Personne ne vous avertis que vous verrez de tout : des larmes, des insultes, des suppliques... et jamais ô grand jamais, vous ne devrez faiblir face à ces pathétiques démonstration au risque de vous abaisser à favoriser le choix de la spontanéité au détriment de celui de la raison. Et offrir un badge ne serait un cadeau, si ce n'est empoisonné pour son porteur.  

Les yeux toujours rivés vers mon destinataire, le regard dur comme le métal froid des murs de mon arène, j’avançais à présent sur le terrain à sa rencontre, le pas lent et régulier.

- Ca par contre, je vous le concède, critiquer est bien plus aisé qu’agir. Les foules ont peur de moi ? Et bien tant mieux, car je ne supporterai jamais qu’un incompétent se présente aux portes du conseil par ma faute. Vous parlez de mascarade ? Qui pensez vous tromper en agissant de la sorte. Si vous n’aviez pas été sur place pour me rencontrer, auriez vous pris part à l’affrontement de manière si héroïque ? Car vous ne me semblez pas être l’incarnation d’un bienfaiteur altruiste. Mais démontrez moi que j’ai tort, une nouvelle fois. Où étiez vous lorsque la porte de Rodin s’est ouverte et a libéré l’abomination qu’elle contenait ? Parce que moi, toute frustrée et frustrante que je suis, j’étais présente au beau milieu du volcan. Yob Strans aussi, comme vous avez pu me le faire remarquer avec tact et mesure. De même que Rok Tesla qui, je vous l’accorde, ne brille pas par ses hauts faits mais qui a quand même eut le courage de mettre sa vie en péril dans l’espoir de contenir la créature que vous aviez relâché. De même que des dresseurs qui n’avaient rien demandé à personne. Et que faisait la Némésis et ses commandants pendant ce temps ? C'est connu, lorsque le bateau sombre les rattata quittent le navire. Allez y, éclairez ma lanterne, je suis toute ouïe.

Ce n’était là que purement réthorique et il était absolument hors de question que j’écoute un traitre mot de son emploi du temps de ce funeste jour. Maintenant à sa hauteur, je sortais une carte de visite de ma poche et griffonnais quelques mots sur son envers avant de la confier au dresseur sans ciller.

- J’aurai pu vous écraser comme un vulgaire bombydou, ce sans aucun scrupule et grâce à des dizaines de manières différentes gardez cela à l’esprit. Présentez vous à Avalaville avec cette carte et démontrez un peu plus de respect au comité que ce dont vous venez de me faire apanage. J’ai beau être particulièrement sévère, j’ai néanmoins aussi la réputation d’être juste. Outre votre irrespect le plus absolu et votre arrogance on ne peut plus déplacée, vous avez aussi fait preuve d’un potentiel que l’on ne saurait ignorer. Cependant, rappelez vous qu’il sera toujours bien plus aisé de détruire que de construire. Montrez vous digne du poste auquel vous aspirez et cessez de penser vainement qu’écraser ceux qui ont posé leur fondations avant les vôtres vous mènera plus loin.

Sur ces mots, je ne lui adressais qu’un regard froid, un signe de tête en guise de salut, et repartais vers le couloir qui menait à mon bureau.