Donjon et Dragon [ft Salizyr] [TERMINÉ]

RALSEN – Hmm... J'ai entendu dire que certaines ruines avaient pas mal de mécanismes un peu bizarres et des pièges.

Des mécanismes bizarres et des pièges... Tout cela fonctionnait-il encore ? Les pièges risquaient-ils encore de se déclencher ? Et si certains mécanismes bloquaient des passages, pouvait-on encore les activer ?
Si les pièges risquaient encore de se déclencher, alors le fuyard d'Abyss pouvait très bien tomber dedans et se blesser voire se tuer tout seul, ce qui... simplifierait la tâche d'une certaine manière, même si Salizyr ne souhaitait généralement jamais la mort d'un Humain. Il préférait flanquer une rouste à un suppôt d'Abyss pour lui donner une bonne leçon, plutôt que de souhaiter sa mort.
Si les mécanismes bloquant les passages n'étaient plus activables, alors cela simplifierait également la tâche, car le fuyard d'Abyss se trouverait plus vite bloqué, sans issue.

RALSEN – Pour le reste, si on fait attention comme dans n'importe quel endroit creusé dans la roche, je pense que ça devrait aller. J'veux dire, y paraît que toutes les ruines de l'île sont vraiment vraiment anciennes, si elles ont tenu aussi longtemps y'a pas de raison qu'elles s'effondrent sur nous sans raison, je pense.

Pour ne pas tenter le diable, Salizyr allait quand même éviter de sortir Spyrij et de prendre le risque que l'Onix se cogne aux parois et provoque un éboulement.

Sur son carnet, Salizyr n'avait parlé à Ralsen que de ce que la Lucario avait détecté, mais cette dernière pointa Dribeü et Spine pour signaler qu'eux aussi avaient trouvé quelque chose, du moins Dribeü en l'occurence, bien que Spine hochât la tête quand Ralsen leur posa la question.

RALSEN – Spine, tu penses pouvoir gérer un combat sans moi ? Vous pouvez aller vérifier mais... Si c'est lui, vous allez peut-être devoir vous battre contre lui. Enfin l'un de vous pour l'occuper, l'autre pour venir nous prévenir je suppose...

Ralsen avait confiance en sa Kraknoix pour retenir le fuyard si elle lui tombait dessus. La tâche de prévenir le reste du groupe reviendrait donc dans ce cas à Dribeü. Autant le Bacabouh pourrait rapidement nager dans le sable jusqu'aux ruines, autant sur un sol ferme, il était lent à se déplacer ; si Salizyr et Ralsen étaient déjà profondément enfoncés dans les ruines à ce moment-là, Dribeü n'allait clairement pas être le plus rapide à les rattraper. Salizyr se pencha auprès de Dribeü :

SALIZYR – Je suis sûr que toi aussi tu pourrais retenir le fuyard si tu lui tombais dessus, mais on va suivre le plan de la dame. Je te fais confiance pour rester auprès de Spine, et si jamais vous trouvez notre cible, Spine se chargera de le retenir un maximum, et toi tu fonces jusqu'au ruines et tu déclenches un bruyant Tourbi-Sable à l'entrée. Si on entend quelque chose, on sortira et on te rejoindra à l'entrée.

Salizyr voulait bien leur confier une escorte, mais qui ? Tous les Pokémons de son groupe étaient lents, Yaeslig et Flumoc en tête ; Dribeü n'avait que l'avantage de pouvoir se déplacer rapidement dans le sable puisque c'était son élément, sans quoi il était aussi lent que Flumoc ; Virgil n'était pas très rapide et il était de toute façon hors de question de le sortir en plein désert chaud sous un soleil de plomb ; Spyrij aurait bien du mal à ramper dans le sable et risquerait simplement de s'enfoncer ; et les sabots de Boebjie n'étaient pas appropriés pour courir dans le sable, et les lourdes mamelles de l'Écrémeuh la ralentissaient quelque peu même sur sol ferme.
Réflexion faite, il serait intéressant que Salizyr recrute rapidement un Pokémon rapide, afin d'avoir un peu de complémentarité à ce niveau-là.

Ralsen venait de demander à Spyrij ce qu'il pensait de son idée, mais en le voyant parler à Dribeü, elle avait peut-être déjà deviné la réponse. Il hocha quand même la tête à son attention, et après avoir laissé Spine et Dribeü partir ensemble de leur côté pour reprendre la piste de ce dernier, Salizyr s'avança vers l'intérieur des ruines, à pas lents et prudents, faisant attention à là où il posait ses pieds.

Evidemment, la lumière était absente à l'intérieur des ruines, dont le couloir s'enfonçait à quelques mètres sous la surface.

SALIZYR – Si notre petit fuyard s'est engouffré là-dedans, il ne l'a pas fait sans s'allumer une torche. Vous avez de quoi vous faire des torches ?

Il posa surtout la question à la Lucario, puisque Ralsen ne parlait pas le langage pokémon. Néanmoins il adressa des signes à cette dernière : il bougea la queue pour approcher de l'Humaine sa flamme telle une torche vivante, et la pointa du doigt avant de désigner Ralsen et la Lucario. La question était : avez-vous de quoi vous éclairer ? Ou Salizyr allait-il devoir servir de torche pour trois dans les souterrains ? Non pas que ça le dérangerait, loin de là, mais ce serait simplement moins pratique. Si Ralsen avait de quoi faire des torches, Salizyr n'aurait plus qu'à les allumer.

Chacune avait déjà sa solution pour s'éclairer. Non pas des torches à l'ancienne, mais mieux que ça : Ralsen activa la lampe-torche de son motismart, tandis que la Lucario invoqua une Aurasphère. Chacun sa lumière, chacun sa couleur : le motismart de l'Humaine émettait une lumière blanche et vive, l'Aurasphère de la Lucario une lumière bleue et diffuse, la flamme caudale du Dracaufeu une lumière chaude et dansante.

Par instinct, Salizyr huma l'air à plusieurs reprise alors que leur groupe progressait à pas prudent dans les souterrains. Il devinait olfactivement la présence de Pokémons ayant élu domicile dans ce lieu, mais pas spécifiquement l'odeur d'un Humain autre que Ralsen. Cela n'avait rien d'étonnant : même si le fuyard était passé par là, il n'avait pas imprégné les lieux de son odeur, sans parler que l'odorat de Salizyr était brouillé par la proximité de Ralsen et de la Lucario. C'était avant tout leurs odeurs à elles qu'il percevait, en plus de celle de l'environnement et des Pokémons ayant laissé leur empreinte.

Salizyr eut plus vite qu'il ne l'aurait pensé, une réponse à son interrogation quant à la présence de pièges mécaniques et de leur état, quand la Lucario stoppa ses deux compagnons, et pressa une dalle au sol, ce qui révéla un piège devant eux. Un trou au-dessus duquel se pencha Ralsen pour l'observer.

RALSEN – C'est quoi les chances pour qu'il soit tombé là ?
Lucario – Vu qu'il a pas l'air malin, grandes.

Avec tout le mépris que Salizyr pouvait avoir pour les membres d'Abyss, il ne voyait pas ce qui permettait de dire que le fuyard n'avait pas l'air malin. Ils ne savaient presque rien de lui – et pour le coup la Lucario en savait encore moins que Salizyr lui-même. Un jugement gratuit dû à sa condescendance patente, sans aucun doute.

SALIZYR – En toute logique il n'a pas dû tomber là-dedans, sinon le piège aurait déjà été ouv...

Alors que Salizyr était en train de parler, la Lucario leva la pression de la dalle et le piège se referma, ne laissant rien deviner.

SALIZYR – ... ... Ok j'ai rien dit...

Salizyr venait de louper une occasion de fermer sa bouche mais ce n'était pas grave, au moins ils venaient d'apprendre deux informations importantes : des pièges fonctionnels se trouvaient en ce lieu, et le groupe n'allait pas pouvoir savoir si le fuyard en avait déclenchés.

Lucario – Plus sérieusement, je sens encore la peur du sale type, il m'a l'air d'être plus bas. Pas sûre qu'il soit passé par ici par contre. J'ai pas l'impression de sentir ses traces. Mais les vieilles ruines de cette île perturbent un peu mes sens, ils sont moins précis ici.

Salizyr n'aimait pas cette Lucario mais il devait bien avouer qu'il aurait aimé pouvoir compter sur son sixième sens. Il traversa le piège sans mal à l'aide de ses ailes, et aida Ralsen lorsque cette dernière sauta.

A nouveau Salizyr huma l'air mais aussi le sol, dans le vain espoir de lui aussi sentir les traces du fuyard. Cependant, bien que son odorat reptilien soit assez performant, le Dracaufeu n'était pas non plus un chien ou un sanglier et n'avait pas leur flair pour remonter une piste olfactive et suivre une personne qui n'avait fait que passer par là sans laisser une empreinte olfactive marquée. Simple réflexe encore une fois, Salizyr ayant simplement l'habitude de bien utiliser son odorat.

RALSEN – Ca a l'air de monter par là-bas.

Ralsen avait l'air de questionner les deux Pokémons comme si elle hésitait sur la stratégie de recherche à adopter. Salizyr avait son opinion là-dessus et l'écrivit sur son carnet. Avec le peu de mots qu'il y mit, cela ressemblait plus à un ordre qu'à un avis, mais il avait juste la flemme d'écrire de grandes phrases :

“Endroit dangereux → rester groupé”

En clair, si l'endroit avait paru sans danger, Salizyr n'aurait vu aucun problème à ce que chacun prenne un chemin différent pour accélérer leurs recherches. Seulement, il venait d'observer un piège mécanique à activation multiple, il supposait donc qu'il y en avait d'autres, sans parler aussi du risque de se perdre si les couloirs devenaient labyrinthiques. Il jugeait donc préférable de rester groupés.

Pour montrer néanmoins qu'il ne s'agissait pas d'un ordre, il regarda successivement Ralsen et la Lucario pour savoir ce qu'elles en pensaient. Cependant, Ralsen elle-même attendait la réaction des deux Pokémons, or la Lucario avait dit quelque chose que Ralsen n'avait pas pu comprendre. La Lucario sentait la présence du fuyard à un étage inférieur à leur position actuelle, or Ralsen indiquait un chemin qui montait. Aussi ajouta-t-il sur la page de son carnet :

“Lucario sent fuyard plus bas, pas plus haut.”

RALSEN – Oh ! Hmm... Je suppose qu'on peut descendre, si on voit qu'on s'éloigne trop on pourra toujours faire demi-tour.

Alors qu'elle n'avait pas semblé partante au départ pour descendre dans le piège, Ralsen changea d'avis maintenant qu'elle savait dans quelle direction la Lucario avait perçu leur cible – si c'était bien elle.
Au final, était-ce un piège réellement ou un passage secret ? En le déclenchant par inadvertance, une personne pouvait tomber dans le truc et se faire mal, en plus du fait de se retrouver enfermée et de devoir trouver une autre issue. Pour autant, si ça avait été juste un simple piège, le trou n'aurait débouché sur aucune issue.
Ou alors c'était vraiment un simple piège à la base mais un Dresseur tombé là-dedans un jour avait fait appel à un de ses Pokémons pour creuser une galerie et lui permettre de s'échapper.

La Lucario utilisa Griffe Acier pour dessouder la trappe et maintenir le trou ouvert. Ainsi les trois compagnons allaient pouvoir descendre dans le passage sans que cela ne se referme derrière eux. Salizyr avait cru voir que ledit passage était trop étroit pour lui, mais finalement, il se rendit compte qu'il pouvait y passer, juste en baissant la tête.
Il élimina l'hypothèse d'un piège dont l'issue non prévue initialement aurait été creusée par un Pokémon : les parois étaient manufacturées ici aussi, avec la même pierre que le reste de la structure. C'était donc bel et bien un passage secret.

SALIZYR – Je me demande si le fuyard sait où il va là-dedans, ou s'il est tombé dans le trou sans le vouloir et qu'il cherche son chemin...

La voix de Salizyr résonnait dans le tunnel. Le Dracaufeu gardait la queue pliée vers l'avant pour garder la flamme à l'extrêmité devant lui et s'éclairer tout seul, en plus de devoir baisser la tête. La Lucario maintenait son Aurasphère pour s'éclairer également, et tout cela était complété par la lampe-torche de Ralsen.

RALSEN – J'espère que Spine et Bacabouh vont bien...

***

Dribeü et Spine étaient affairés à reprendre la piste là où le Bacabouh l'avait laissée.

DRIBEÜ – Si tu remues le sable, ça va détruire la piste. Peut-être que tu peux rester en surface et regarder où ça mène pendant que je suis la piste ?

En effet, le Bacabouh se mêlait lui-même au sable, son élement, sans le déranger. Ainsi pouvait-il repérer les endroits où il semblait avoir été tassé par les pas récents de quelqu'un, sans tout remuer.
Il continua ainsi pendant plusieurs minutes, et depuis la surface, Spine pouvait constater une chose : ils revenaient sur leurs pas, vers l'entrée des ruines où ils avaient laissé Ralsen, Salizyr et la Lucario.
En clair : la personne dont Dribeü suivait la piste, était la même dont la Lucario avait senti la présence dans les ruines.

DRIBEÜ – Mince, il faudrait les rejoindre... Salizyr m'avait dit de déclencher un Tourbi-Sable à l'entrée, mais ça va leur faire perdre du temps s'ils reviennent nous chercher. J'espère qu'on va pouvoir les rattraper...

***

L'intégralité des parois n'était pas sculptées dans la roche : un pan consistait en un éboulis de roche, peut-être y avait-il eu un passage ici par le passé, désormais bouché.

SALIZYR – C'était quoi cet endroit ?

Un clapotis lui répondit, semblable à la chute de gouttes d'eau sur un sol dur. Après un virage, le tunnel déboucha sur une petite salle circulaire où Salizyr put enfin se redresser. Le Dracaufeu posa le pied sur une flaque d'eau, qu'il éclaira avec sa flamme. Un instant plus tard, il reçut une goutte sur le museau, et secoua la tête par réflexe en grognant de surprise.

SALIZYR – De l'eau, ici ? J'espère que l'endroit ne risque pas de s'inonder !

Lucario – Je cherche plus vraiment à comprendre les vieilles ruines de l’île. Elles apportent que des problèmes.

Etonnant, comme phrase. A l'écouter, la Lucario avait donc l'expérience des vieilles ruines de Maïlys, et en avait visité plus d'une. Elle n'était pas ravie de se retrouver encore une fois à l'intérieur de l'une d'entre elles. Elle parlé de problèmes, elle avait donc forcément un mauvais souvenir. Salizyr hésita à en savoir plus. Franchement, la vie de cette Lucario ne l'intéressait pas, néanmoins son expérience pouvait être utile car elle était la seule ici à avoir une petite idée de ce que pouvaient être ces ruines. Et que cela plût ou non à Salizyr, sa présence parmi eux était bienvenue, car en plus de son expérience, elle avait son sens de l'aura. C'est ainsi qu'elle put se permettre la supposition que le fuyard avançait au hasard dans ces ruines, car elle le sentait effrayé.

Elle avait aperçu de grandes statues dehors, ainsi qu'une autre entrée, d'une taille incomparable avec celle par laquelle ils étaient entrés. Elle pensait que l'endroit avait été un genre de temple où les Humains avaient vénéré « quelque chose », probablement un Pokémon Légendaire. Elle fit une comparaison avec les ruines de Lakit, mais cela ne parla pas à Salizyr bien qu'il en eût entendu parler.

Lucario – Autant éviter de rester là et de le découvrir. On devrait se dépêcher. Au cas où.

Pourtant ce fut bien elle qui tarda le plus à quitter l'endroit, observant la salle avec suspicion, écoutant le moindre bruit, essayant de capter un détail qui pourrait leur échapper. Elle s'accroupit même, pour observer les flaques d'eau et essayer de trouver par où elles s'évacuaient. Ralsen, elle avait commencé à s'avancer mais dut attendre la louve bleue. Salizyr échangea un regard avec elle : ils y allaient ou non, alors ? Puisque la Lucario semblait trop intriguée par cette petite salle, Salizyr décida de l'aider. La type Combat et Acier investiguait le sol, Salizyr avait une autre idée.

Il avait reçu une goutte d'eau sur le museau, et ces flaques au sol ne s'étaient pas formées toutes seules. D'où provenait cette eau ? Il se repositionna à l'endroit où la goutte lui était tombée dessus, et observa le plafond. Celui-ci n'était pas lisse et neutre, il présentait comme un relief, comme un... motif gravé. Mais il n'était pas sûr, ça ne ressemblait à rien. Quoique...
Salizyr tourna sur lui-même pour observer le plafond avec un autre angle. Oui, c'est ça ! En se tournant comme s'il venait d'arriver dans la pièce, le motif lui parut plus concret. Il fallait vraiment faire un effort d'imagination, car les traits étaient très basiques, mais il y avait comme une figure, une sorte de Pokémon que Salizyr ne sut pas reconnaître, qui tendait les bras en avant, légèrement écartés. Des traits plus fins partaient de sa poitrine et suivaient l'espace entre ses bras. Le plafond présentait de tout petits trous à l'extrêmité de ces traits de longueur variable, desquels étaient suspendues quelques gouttes d'eau prêtes à tomber.

SALIZYR – Là, regardez le plafond ! Vous voyez, la figure ? Et là, ces trous, on dirait...

Salizyr trouvait ça absurde mais pourtant une seule chose lui venait à l'esprit quand il observait cette multitude de tout petits trous d'où semblait sortir de l'eau :

SALIZYR – … une douche.

C'était comme si l'eau de cette douche représentait ce que le Pokémon projetait, comme si c'était une matérialisation de l'aura qui émanait de sa poitrine et qu'il projetait avec ses bras tendus en avant.

SALIZYR – Si on observe le motif au plafond, on a l'impression qu'une sorte de Pokémon, même si je vois pas bien ce que c'est, baigne le visiteur de son aura. Une sorte de bénédiction ? Ou de purification ?

Salizyr réfléchit à une chose. Il observa les flaques à ses pied, puis les gouttes d'eau qui finissaient de tomber du plafond, et fit la déduction :

SALIZYR – Si c'est une sorte de douche, alors vu les gouttes et les flaques, elle vient de servir ! Le fuyard a dû la déclencher en passant.

Mais comment, et surtout pourquoi ?

***

DRIBEÜ – Attends-moi...

La Kraknoix avait finalement peut-être une bonne idée, de passer par-dessous les couloirs souterrains de cette structure en ruines, afin de rejoindre au plus vite sa Dresseuse. Le Bacabouh se traînait dans son tunnel, très lent qu'il était à se déplacer, mais heureusement les Kraknoix n'étaient pas non plus réputés pour être des sprinteurs.

DRIBEÜ – Un instant ! Arrête-toi !

Dribeü mit ses sens en alerte, il crut avoir repéré quelque chose, à l'ouïe mais pas seulement : le petit Pokémon de sable était également sensible aux vibrations, chaque grain de son corps étant presque un détecteur à vibrations en se percutant les uns aux autres.

DRIBEÜ – Tu sens ?

Heureusement qu'il n'y avait pas que la Lucario, car en se déplaçant littéralement à pas de loups, elle était plus difficile à détecter de cette manière. La Dresseuse Humaine, et surtout le Dracaufeu, étaient beaucoup moins discrets en marchant.

DRIBEÜ – Dans cette direction !

Lucario – Au moins on sait que le plafond va pas s'effondrer et que l'eau va pas nous noyer derrière.

Oui : l'eau au sol s'évacuait, certes assez lentement, mais si Salizyr avait raison et que cette pièce servait de douche rituelle, alors en effet le système était conçu pour éviter l'inondation.

Lucario – On va quand même éviter de déclencher le système.

Salizyr nota qu'elle regardait plus précisément la flamme au bout de sa queue en disant cette dernière phrase : il était chose certaine qu'une douche ne ferait pas de bien au Dracaufeu. Mais ce ne serait pas pire qu'une inondation pouvait étouffer sa flamme.

Une oreille de la Lucario pivota vers l'entrée de la pièce. Elle venait d'entendre un bruit, la première, et Salizyr l'entendit à son tour, une demi-seconde avant que Spine ne surgît du bas d'un mur. Ralsen s'exclama de joie de retrouver sa Pokémon qui lui sauta dans les bras. Quand elle demanda s'ils avaient trouvé quelque chose, Dribeü répondit à Salizyr pendant que Spine faisait des signes à Ralsen :

DRIBEÜ – J'avais repéré les traces du passage de quelqu'un mais ça nous a menés à ces ruines.

Comme Ralsen le dit elle-même : ils étaient sur la bonne piste. La secouriste du STERN redouta seulement d'avoir à traverser un labyrinthe sans pouvoir tracer tout droit.

Le Dracaufeu, qui avait les pieds dans l'eau, avait une autre préoccupation : s'il n'aimait pas beaucoup l'eau, c'était bien pire pour le Bacabouh, dont le corps entier pouvait s'imbiber et changer de consistance, entravant ses mouvements. Par-dessus tout, Dribeü avait été traumatisé par l'eau, et même si Virgil et lui avaient déjà fait des progrès dans leur gestion de leur traumatisme, Salizyr ne voulait pas non plus trop lui en demander.

SALIZYR – Bien joué, Dribeü. Grâce à toi et à Spine, on sait qu'on est au bon endroit. C'est très bien joué. Tu peux rentrer si tu veux.

Il lui tendit sa pokeball, et en l'absence d'un signe de refus, Salizyr laissa le Bacabouh rentrer dedans en se dématérialisant.

Lucario – Allons-y. Y'a pas quarante chemins pour l'instant, si notre fuyard est passé par là on peut avancer.
SALIZYR – Et de toute façon, si j'ai bien raison et qu'il a pris une douche, en étant tout habillé, il doit en ce moment être complètement trempé et a dû laisser des traces d'eau derrière lui. Sauf si elles ont disparu depuis.

Salizyr marcha donc en frôlant le sol devant lui avec sa flamme, espérant repérer des traces d'eau à la faveur des reflets de lumière. Ainsi, le trio avança dans le seul couloir qui s'offrait à eux pour l'instant. Salizyr échouait à repérer des traces humides au sol, et devait se fier aux sens de la Lucario : son ouïe, son flair, et son aura. La lupine pouvait très bien percevoir une piste olfactive laissée par le fuyard, tout comme ce dernier pouvait produire du bruit qui se répercuterait par échos jusqu'à eux, et la Lucario avait l'air d'avoir l'ouïe plus fine que le reptile.

Ralsen fut plus efficace que lui, avec sa lampe torche. La lumière produite par le petit appareil était plus vive et plus blanche que celle produite par la flamme à l'extrêmité de la queue du Dracaufeu, et avait aussi l'avantage de pouvoir être orientée de sorte à mieux apercevoir les réfractions sur les traces au sol.

Comme Salizyr l'espérait, le fuyard trempé leur avait laissé une piste toute tracée, il fallait juste être très attentif. Salizyr aurait pu sourire mais garda son sérieux, appréhendant la rencontre. Il ne savait pas encore ce qu'il ferait au fuyard d'Abyss s'il réussissait à lui tomber dessus. Il n'était pas du genre à agresser les Humains, alors même qu'il avait grandi en apprenant à les protéger. Il agirait sûrement à la loyale en remettant le fuyard aux autorités. Il avait en plus la chance d'avoir à ses côtés une membre de la milice. Néanmoins, à chaque fois qu'il voyait quelqu'un d'Abyss, ou même qu'il pensait à eux, il ne pouvait s'empêcher de penser également à Raphaël, et alors la colère et le désir de vengeance montaient en lui comme la lave montait d'un volcan entrant en éruption.

A un moment, la Lucario fit signe qu'ils approchaient. Tout le monde se mit au ralenti comme Ralsen l'avait suggéré, afin de faire le moins de bruit possible. Salizyr marcha le plus lentement possible. Il huma l'air... et une odeur humaine inconnue parvint à ses narines. Il était là, tout proche... Le fuyard. Machinalement, Salizyr dépassa la Lucario, prenant la tête du trio, ayant hâte d'en découdre.

Et au détour du couloir, il le vit. Là, assis dans une cavité qui segmentait le couloir en deux parties, où le plafond laissait passer un rai de lumière – phénomène étonnant alors que le groupe avait petit à petit continué à descendre plus profondément sous la surface.

Il s'agissait d'un jeune homme, environ vingt ou vingt cinq ans, portant un débardeur couleur sable, un bermuda corail et des sandales légères. Ses vêtements laissés ainsi paraître des cuisses fines mais musclées et des bras toniques. Il transpirait, comme après un long effort, et ses cheveux blonds coupés court luisaient sous le rai de soleil. Sa respiration était rapide mais régulière. Une bouteille d'eau à la main, il semblait s'offrir un répit.

Fini la discrétion, ils l'avaient trouvé. Salizyr ouvrit la gueule et délivra une vague de feu qui eut juste assez de puissance pour lécher le jeune homme qui eut le réflexe de reculer aussitôt en se mettant debout. Le Dracaufeu venait d'annoncer ses intentions et le fuyard n'avait pas l'intention de se laisser agresser, aussi ce dernier, par instinct de survie, voulut-il courir pour fuir le dragon. Salizyr déplia une aile et d'un geste vif envoya une Lame d'Air vers le fuyard d'Abyss. Le jeune homme fut atteint sous la cuisse droite, au niveau des tendons, et s'écroula, incapable de courir, avec un cri aigu de douleur. Il se retourna sur les fesses pour observer Ralsen, la Lucario et le Dracaufeu. Il s'empara précipitamment de deux pokeballs et les envoya en avant, libérant un Kicklee et une Fragroin.

Aux yeux du fuyard d'Abyss, Ralsen devait être la Dresseuse de la Lucario et du Dracaufeu. Et sa panique n'était pas seulement due à l'agression de Salizyr mais aussi au fait que ses Pokémons n'étaient pas assez expérimentés pour affronter deux puissants Pokémons évolués. Il était néanmoins poussé par son instinct de préservation et ordonna à ses deux Pokémons d'attaquer, en épargnant toutefois la Lucario pour privilégier une cible qui devait lui paraître plus faible : la Kraknoix. Le couloir ne permettait de toute manière pas un combat à trois contre trois, l'action risquait de devenir illisible pour les Dresseurs.

Spine voulut lancer un Jet de Sable mais le Kicklee lança son coup de pied en premier avec un Bluff qui lui fit prendre l'avantage. Quant à la Fragroin, la charge lui revint de s'en prendre au Dracaufeu, avec un Coup d'Boule. Salizyr observa la charge de la laie et pivota sur un pied pour esquiver l'attaque ; il poursuivit son mouvement en repoussant puissamment la Fragroin de son autre pied, et ceci sans avoir l'air de fournir un grand effort. Très clairement, cette Fragroin n'avait pas son niveau.

Salizyr fut donc face à un choix moral : attaquer lui-même cette Fragroin et dominer assurément le combat, ou la jouer à la loyale face à un type d'Abyss en envoyant l'un de ses Pokémons se battre pour lui ? Etonnamment il choisit très rapidement la seconde option, et ceci pour plusieurs raisons, qui n'avaient en fait pas grand-chose à voir avec la morale.
Sa haine d'Abyss concurrençait sa fierté et il n'aurait pas eu de scrupules à attaquer lui-même la Fragroin et à la mettre hors d'état de nuire en moins de deux ; mais cela, ça aurait été s'il avait réfléchi en tant qu'individu. Or, il réfléchit en tant que Dresseur : il avait à sa charge plusieurs Pokémons qu'il souhait voir combattre et gagner en expérience et en puissance. Cette Fragroin était un adversaire à la hauteur de ses Pokémons, à défaut d'être à sa hauteur à lui. Il ne voulait donc pas priver ses Pokémons de cette occasion. Par ailleurs, se montrer loyal lui permettrait sans doute d'impressionner plus favorablement la membre du STERN à ses côtés, dans l'idée peut-être de rejoindre leur organisation pour lutter plus activement contre Abyss.

Voilà avec quelles pensées Salizyr, après avoir repoussé la Fragroin, envoya l'un de ses Pokémons se battre. La pokeball qu'il lança fit apparaître Virgil. Un choix risqué car il fallait compter sur Spine pour retenir le Kicklee qui semblait plus aguerri et dont le type était en avantage sur le Pokémon de type Glace.

SALIZYR – Armure !

Le fuyard d'Abyss mit un instant de latence avant de donner ses ordres : il était en pleine stupeur en voyant le Dracaufeu lancer une pokeball, envoyer un autre Pokémon au combat et lui donner des ordres. Spine put ainsi tranquillement enfermer le Kicklee dans son Tourbi-Sable, et Virgil se prépara au combat en se renforçant.

Salizyr passa son bras devant Ralsen, pour lui faire comprendre de retenir son prochain ordre, ne voulant pas prendre le risque que Spine aille au contact.

SALIZYR – Vent Glace !

Il espérait que Ralsen allait comprendre et que Virgil n'allait pas faire de dommage collatéral sur Spine compte tenu de l'étroitesse du terrain de combat.

Fuyard d'Abyss – Coup d'Main et Coup d'Boule sur Grelaçon !