Nouveau départ pour une nouvelle vie [Timélias] [terminé]

Frenchip adorait prendre le bateau. L'air marin, les passagers plus ou moins émerveillés par leur première virée en mer, la mer. Vaste bleue représentant la majorité de la planète, lien indéfectible entre les pays et continents. Il fut arraché à ses rêveries par Jack, qui avait le mal de mer.

On est bientôt arrivés ? Ce roulis incessant me perturbe au plus haut point.

Patience, mon ami. La route est longue mais essaye d'en profiter, nous ne regagnerons pas la mer avant un bon nombre d'années si ce pays tient ses promesses.

Et quelles promesses : un écosystème riche, des panoramas magnifique, une terre d''espoir où tout le monde à sa chance... La publicité avait fait mouche. Frenchip ne savait pas pourquoi il avait mis tant de temps à s'intéresser à ce pays. Peut être qu'il avait besoin d'avoir du bagage, peut être que sa vie jusqu'à présent était un parcours initiatique pour le reste de sa vie, toujours était-il qu'il aimait déjà sa destination.

Installé à l'avant du bateau, il scrutait l'horizon avec ferveur : le bateau avait du retard mais arrivait. Enfin, des oiseaux volèrent au dessus de leurs tête, puis une terre se dessina et s'approcha.

Très cher, j'ai l'honneur de t'annoncer que ton calvaire est terminé ! Allons boucler nos valises.

Arceus soit loué, enfin !

Frenchip regagna sa cabine et fit le point. Sac à dos étui à guitare : check. Besace, check. Basse, check. Il ouvrir une grande caisse et regarda amoureusement ses nombreux outils. Check. Heureusement que Jack avait des pouvoirs impressionnants, faute de quoi il n'aurait pas pu emporter tout ça. Le petit pokémon fit léviter ce que le dresseur ne portait pas et les deux compères se dirigèrent sur le pont. Quelques minutes plus tard, ils étaient en ville, prêts à commencer ce nouveau chapitre de leur histoire. à moins que ça ne soit un nouveau tome ? L'avenir nous le dira. Ils flanèrent quelques instants au port, le temps que Jack se remette de ses nausées puis Frenchip libéra Musashi, qui se mit immédiatement à voler en cercles au dessus de son dresseur, et Robbie, qui s'installa sur l'épaule du jeune homme.

Le coeur ouvert à l'inconnu, la petite troupe se dirigea vers la ville et se rendit d'abord à l'office du tourisme. Ils ramassèrent toutes les cartes et tout les prospectus qu'ils purent trouver et décidèrent qu'ils iraient au concert affiché sur la porte d'entrée. Frenchip avait beau être un artiste accompli, rien ne l'émerveillait plus que de voir un autre artiste au sommet de son art. Ils déambulèrent ensuite dans les rues, toujours accompagnés de tout leur matériel en lévitation, et se décidèrent pour un petit café à l'allure sympathique. Frenchip et Jack commandèrent un jus de baies Rezin et Robbie et Musashi eurent droit aux amuse bouche.

C'est alors qu'une personne sembla s'intéresser à eux. Il fallait dire qu'ils étaient difficiles à rater, avec tout leur fatras et notemment deux étuis à instruments, surtout en lévitation. Frenchip décida d'engager la conversation, pressé de faire sa première' connaissance locale.

Bonjour ! Frenchip Rocksmith, artiste, artisan et maintenant dresseur débutant. Et vous êtes ?

Quand on descendait vers le sud en partant d'Avalaville et en passant par Sanctuary, on se dirigeait droit vers Port Lieucca. Une ville un peu particulière pour Timélias puisque c'est là qu'il avait posé les pieds pour la première fois en Maïlys, comme bon nombre de Dresseurs étrangers, mais surtout là où il avait fait son apprentissage de Dresseur à l'école, et livré ses tout premiers combats. Là où il avait un peu tout découvert, en somme. Port Lieucca n'avait pas juste été une étape, un passage obligé pour découvrir les richesses de l'île-continent ; c'est là qu'il avait posé la première pierre de sa constitution de Dresseur. Là où il avait appris ce que cela signifiait, tout simplement. Pendant trois ans.

Il voulait découvrir la région Est de l'île, mais... lancé en si bon chemin, pouvait-il vraiment se résoudre à changer de cap sans avoir prolongé un peu jusqu'à cette ville qui l'avait vu naître en tant que Dresseur ?
Et puis... c'était peut-être – et surtout – une façon de procrastiner avant d'affronter sa première épreuve d'arène, pour lui qui ne s'en sentait toujours pas capable.

Finalement, tout cela n'était-il pas qu'un prétexte pour repousser au maximum son premier combat d'arène ? Et d'ailleurs, pourquoi ne pas chercher son premier badge à Port Lieucca, où il y avait également des arènes et des Champions ?
Il n'était pas là pour ça. Port Lieucca devait, pour l'instant, rester un passage nostalgique, rien d'autre. Il voulait en profiter sans avoir le stress d'un combat d'arène qui l'attendait. Il irait à l'Est plus tard, et symboliquement marquerait la découverte de cette autre région de l'île avec son premier combat pour un badge. On n'y était pas encore.

Oui, définitivement, il se cherchait des prétextes pour repousser l'échéance.

Un bateau venait d'amener touristes, Dresseurs et immigrants quand Timélias reconnut les rues de la ville.

TIMÉLIAS – Vous avez vu, mes amours ? Nous revoilà à Port Lieucca !

Il papouilla Snotigol et Jananda, le premier rampant juste à côté de lui, le second reposant sur ses épaules, comme d'ordinaire. Jananda dressa un peu la tête et darda sa langue bifide frénétiquement comme s'il essayait de reconnaître les odeurs de la ville, tandis que Snotigol s'exclama en levant les bras avec enthousiasme, appréciant les papouilles à l'arrière de sa tête.

TIMÉLIAS – Vous pensez qu'il y a de nouveaux élèves de l'école qui viennent d'arriver par ce bateau ?

Snotigol fit une moue dubitative : ce n'était pas encore la rentrée, mais peut-être que de nouveaux élèves voulaient s'installer en avance sur l'île pour prendre leurs marques au plus vite. Timélias sentit les muscles de l'Abo se crisper sur son cou : son amour de serpent venait d'apercevoir un Airmure, un potentiel prédateur. Timélias voulut le rassurer aussitôt :

TIMÉLIAS – Allons mon beau, je suis sûr qu'il accompagne un Dresseur.

Comme pour lui donner raison, l'Airmure baissa d'altitude au niveau d'un quartier comportant plusieurs restaurants et bars-terrasses, jusqu'au niveau du sol où il fut masqué par les bâtiments et la foule.

TIMÉLIAS – Tu veux qu'on aille le voir ?

Jananda hocha la tête lentement, le regard braqué vers là où devait être l'oiseau de métal. Timélias s'y dirigea d'un pas léger, et le Tadmorv les suivit en glissant visqueusement au sol avec sa lenteur de déplacement naturelle. Le jeune Dresseur pieds nus erra entre les terrasses des cafés, essayant de repérer l'Airmure du regard, aidé par ses deux compagnons.

Il le vit enfin et leva le regard sur son dresseur, un homme d'une trentaine d'années dans un accoutrement très particulier : manteau de magicien, cape, chapeau pointu, le tout très coloré. Mais les deux étuis de musique qui lévitaient à côté de lui avaient tout autant de quoi attirer l'attention. Ce devait être grâce au Tarsal qui sirotait une boisson à sa table. L'Airmure, à côté, grignotait avec un Ouistempo.

Voyant que le regard de Timélias s'attardait un peu trop sur leur groupe, l'homme l'interpella avec entrain et bonhomie :

FRENCHIP – Bonjour ! Frenchip Rocksmith, artiste, artisan et maintenant dresseur débutant. Et vous êtes ?

Timélias se sentit gêné, n'ayant pas voulu attirer l'attention, lui. L' « artiste » venait de se présenter spontanément, alors tant pis, autant accepter la conversation :

TIMÉLIAS – Euh... bonjour ! Timélias. Dresseur... débutant aussi, on peut dire...

Snotigol lui lança un regard éloquent à ce moment-là : le Tadmorv voulait que son ami d'enfance commence enfin à s'estimer un peu mieux et arrête de se réfugier derrière le fait d'être un débutant, surtout s'il voulait prétendre bientôt à son premier badge d'arène. Voyant cela, Timélias sourit, attendri.

TIMÉLIAS – Et je vous présente mon gros n'amour, Snotigol, et mon autre grand n'amour, Jananda !

dit-il rapidement en désignant successivement le Tadmorv à ses pieds et l'Abo à ses épaules.

TIMÉLIAS – En fait à la base, j'ai voulu voir où s'était posé l'Airmure.

Il regarda ce dernier et lui adressa un franc :

TIMÉLIAS – Salut, toi ! (puis, au Ouistempo et au Tarsal) Et salut vous deux aussi !

Musashi ne répondit pas, en alerte face à cet inconnu qui était peut être une menace. Il ne montrait aucune agressivité, se contentant de toiser Timélias du regard. Ses plumes tranchantes luisaient sous le soleil mais étaient encore au repos. Si il devait y avoir une altercation, il n'en serait pas le premier fautif. Cependant il se tenait prêt.

Bonjour à vous Timélias, Snotigol et Janenda, enchanté.

Il fit une courte révérence et adressa un grand sourire à la petite troupe, les invitant à prendre place. Jack releva la tête et salua tout le monde timidement.

Moi c'est Jack, l'airmure c'est Musashi et le ouistempo c'est Robbie. Enchanté

Nous venons juste de débarquer du bateau et ne sommes même pas encore inscrits à l'école, il n'y a pas plus débutants que nous en terme de dressage, mais Jack est un allié de poids en toutes circonstances.

Je suis son conseiller stratégique, financier, manager et roadie, mais aussi son meilleur ami.

Quoi de mieux qu'un pokémon en conseiller stratégique pour du dressage de pokémon ? Frenchip était aux anges. ç'était une belle journée, il faisait beau et se nouveau départ était plus que prometteur. De plus, bien qu'un peu Timide, Tilmélias lui semblait sympathique et il avait envie d'entrer dans ses bonnes grâces.

Je vous offre une consommation ? A vous et vos pokémon, pour fêter mon arrivée ici. Je ne connais encore personne et j'aimerais partager un peu de cet instant avec un humain, si le cœur vous en dit.

Jack, qui avait fini son verre, lança un regard à son dresseur, comme pour dire "moi aussi j'en reprendrai bien un". Frenchip sourit et fit un geste en direction du serveur, pour attirer son attention.

Mais je ne veux pas m'imposer, c'est proposé de bon cœur mais il n'y a aucune obligation ni clause cachée. Et ne vous en faites pas pour Musashi, il est méfiant mais pas méchant.

Musashi observait toujours le trio avec méfiance justement, lançant de temps en temps des regards à son dresseur, guettant le moindre signe d'alerte. Comme celui ci n'arrivait pas, il se concentra à nouveau sur son Repas. Robbie, en bon glouton, ne pris même pas la peine de remarquer la présence des inconnus et semblait essayer d'avaler le plus de nourrriture possible le plus vite possible.

Timélias sursauta presque quand le Tarsal se mit à lui parler par télépathie pour lui présenter les noms de ses camarades Airmure et Ouistempo. Aucun de ses propres amis Pokémons n'était de type Psy et n'avait cette capacité de communiquer avec lui par télépathie, et bien que Timélias eût déjà pu faire l'expérience d'un dialogue mental avec un Pokémon de type Psy, ça avait été trop peu souvent pour qu'il y fût habitué. Ca avait donc pour lui toujours un côté un peu fascinant, étrange et excitant, de pouvoir communiquer de cette manière avec un Pokémon, de pouvoir l'entendre s'exprimer verbalement de la même manière qu'un Humain. Il avait beau comprendre d'instinct tout ce que lui signifiaient Snotigol et Jananda, il devait malgré tout traduire leur langage verbal et non verbal, même si de par leur lien fusionnel, cela se faisait naturellement en un instant sans même y penser. Il n'avait pas encore cette connexion avec des Pokémons plus récents comme Stanzec ou Lomuugl. Et puis, même Snotigol, ça l'amuserait de l'entendre s'exprimer avec des mots en langage humain.

Il pouffa de rire, sans vraiment de raison, en entendant Jack le Tarsal se définir comme « le conseiller stratégique, financier, manager et roadie » de Frenchip – même s'il ne savait pas ce que signifiait “roadie”. Il se mit une main devant la bouche, comme honteux d'avoir ainsi pouffé, ne voulant surtout pas que Jack croie qu'il considérait qu'un Pokémon ne pouvait pas endosser ce genre de rôles aussi bien qu'un Humain et qu'il y avait quelque chose de loufoque là-dedans. Simplement, Timélias venait d'être pris un peu de court. Si Snotigol ou Jananda pouvaient s'exprimer en langage humain, Timélias serait vraiment extrêmement curieux de savoir comment, eux, se définiraient eux-mêmes.

Alors que Frenchip proposait à Timélias de lui offrir une consommation à lui et ses deux amis, le jeune Dresseur pieds nus parcuta à retardement que son interlocuteur atypique venait de dire qu'il ne s'était pas encore inscrit à l'école, sous-entendant qu'il était arrivé par bateau pour cela.

FRENCHIP – Mais je ne veux pas m'imposer, c'est proposé de bon cœur mais il n'y a aucune obligation ni clause cachée. Et ne vous en faites pas pour Musashi, il est méfiant mais pas méchant.

Musashi, c'était l'Airmure, c'est ce que Jack avait dit. L'oiseau de métal, dont les ailes coupantes comme des couteaux miroitaient au soleil, avait en effet toujours ce petit regard méfiant, et Jananda le lui rendait bien. L'Abo avait beau s'être détendu un instant quand Timélias l'avait réconforté, cela n'avait pas duré très longtemps, et Timélias pouvait sentir la tension des muscles du serpent contre sa nuque et sur ses épaules. A côté de ça, l'Ouistempo n'en avait absolument rien à faire, c'est à peine s'il avait calculé la présence de Timélias. Même la présumée puanteur de Snotigol – à laquelle Timélias était devenu insensible depuis bien longtemps – ne l'avait pas sorti de son repas... au contraire de certains autres clients en terrasse qui grimaçaient discrètement sans rien oser dire.

TIMÉLIAS – Allons, Jananda, détends-toi, mon beau...

Timélias lui déposa une bise sur le museau, et l'Abo vint enfouir sa tête contre le cou du Dresseur comme pour s'excuser d'être aussi tendu, quittant enfin Musashi du regard. Timélias put maintenant répondre à Frenchip :

TIMÉLIAS – Je veux bien, merci, c'est gentil...

Il s'assit à la table de Frenchip. Son bras gauche pendouillait et sa main trouva le corps de Snotigol pour commencer à le papouiller. Le Tadmorv se trémoussa avec un sourire heureux.

TIMÉLIAS – Si je comprends bien, vous êtes venu ici pour intégrer l'école ? J'y ai justement fait ma formation, j'en suis sorti y'a pas longtemps !

Frenchip avait déjà croisé des tadmorv et ne fut pas surpris par l'odeur, il se demandait cependant en effet si quelque chose au monde avait le pouvoir de détourner l'attention de Robbie envers de la nourriture. Un cataclysme, peut être ? Et encore, ça n'était pas certain.

Frenchip sourit lorsque le dresseur ne s'enfuit pas devant l'invitation et fit bouger ses affaires à Jack pour lui faire de la place. Il était vrai qu'avoir un lien télépathique avec son pokémon était éminemment pratique, et pas que pour faire la causette. Jack était trop occuper à guetter le serveur pour remarquer que Timélias avait pouffé de rire et ç'était tant mieux. Le petit tarsal n'était pas méchant mais il était fier de sa supériorité intélectuelle et il l'aurait probablement pris de travers.

Par contre, Musashi semblait mettre l'abo mal à l'aise. Aussi, Frenchip lui lança un regard doux et le gratta sous le bec, pour le rassurer. L'airmure s'envola alors et alla boire à une fontaine toute proche : il n'aimait que l'eau de plus ou l'eau de source. C'est que monsieur avait ses exigences : pas de jus de baies ni d'eau stagnante, aussi fraiche soit-elle.

TIMÉLIAS – Je veux bien, merci, c'est gentil...

Frenchip se frotta les mains joyeusement et appela une nouvelle vois le serveur, ravi de voir que la discussion allait durer un peu plus de quelques secondes. Lorsqu'il fut mention de l'école, les yeux du dresseur s'illuminèrent : quelqu'un qui savait quelque chose à ce sujet ! fort bien !

Je ne viens pas spécifiquement pour l'école, plus pour prendre un nouveau départ, mais j'en ai entendu du bien et j'espère y apprendre plus que les types, les statuts et qu'un pokémon sait tenir une baie...

Frenchip fit une petite moue lorsqu'il se rappela des différentes écoles de dressage qu'il avait croisé sur sa route. Rien de bien folichon, à part celle de Paldéa, mais il ne s'était pas inscrit et avait seuèlement suivi des conférences là bas, de peur de se retrouver coincé dans le pays avec cette histoire de chasse aux trésors.

Ce que je veux vraiment apprendre, c'est le mystère derrière les pokéball, comment rendre ses pokémon heureux et surtout comment les garder en parfaite santé pour une vie la plus longue et heureuse possible.

La passion brûlait dans les yeux du dresseur à l'évocation de ces thématiques. En effet, plus qu'une équipe, il voulait se forger une famille, avec laquelle il allait passer le reste de sa vie. La moindre des choses, à ses yeux, était de prendre le plus grand soin de sa famille.

Et si je peux nouer quelques relations dans la procédure, ça n'en serait que mieux.

Le serveur arriva enfin et Frenchip lui sourit poliement, ouvrant la bouche pour parler alors que c'est Jack qui prit la parole :

La même chose, je vous prie. Ainsi que les consommations de ce gentleman et de ses pokémon.

Le serveur sembla désemparé : il n'allait tout de même pas obéir à un pokémon ! Mais Frenchip, sentant son désarroi, opina du chef et tout fut rentré dans l'ordre.

Serveur : Ce monsieur prendra donc ?

De sa main libre – la gauche étant très occupée à papouiller Snotigol – Timélias vint gratouiller Jananda avec beaucoup de tendresse et d'amour pour lui faire comprendre, sans avoir besoin de le dire, que Jananda n'avait nul besoin de s'excuser d'avoir été aussi tendu. Il était comme ça, Jananda : il avait comme le besoin d'agir exactement comme Timélias le voulait, et percevait le moindre faux pas de sa part comme un manquement honteux lorsque Timélias avait besoin de redire sur son attitude. C'était assez curieux car Timélias n'avait jamais rien fait, en tout cas pas en conscience, quoi que ce soit pour induire ce comportement servile chez l'Abo. Il avait depuis le temps fini par se dire que c'est leur lien fusionnel qui avait cet effet particulier sur Jananda, quand Snotigol le vivait bien différemment. Au début de leur relation, Timélias avait trouvé cela gênant de voir Jananda renoncer à son propre libre-arbitre d'une certaine manière, mais avec le temps il trouvait ça adorable, car il voyait là une marque de confiance incroyable qu'il ne pensait pas mériter. Parfois il avait cependant peur d'une autre hypothèse : il ne fallait pas oublier que Jananda lui avait été confié à quatorze ans par une prof qui lui avait expliqué avoir recueilli l'Abo blessé. Timélias n'avait jamais réabordé ce sujet avec Jananda de peur de le mettre mal à l'aise en lui rappelant de mauvais souvenirs, mais il craignait parfois que sa servilité soit en fait la conséquence d'un traumatisme, comme une peur irrationnelle de l'abandon, peut-être qu'il avait connu la maltraitance auprès d'un précédent Dresseur ou qu'il avait été abandonné et avait été blessé par un autre Pokémon sans savoir se défendre... Mais peut-être aussi que Jananda n'avait jamais connu de Dresseur avant lui et qu'il n'avait été blessé d'une manière anodine, et que son comportement servile avait une toute autre explication. Pour ne pas imaginer le pire, Timélias trouvait donc juste cela craquant et le mettait sur le compte de leur complicité.

Repenser à tout cela lui donna envie de savoir comme Frenchip, lui, avait rencontré Jack, Musashi et Robbie. Il garda la question dans un coin de sa tête pour écouter son interlocuteur expliquer son intérêt pour l'école de Port Lieucca :

FRENCHIP – Je ne viens pas spécifiquement pour l'école, plus pour prendre un nouveau départ, mais j'en ai entendu du bien et j'espère y apprendre plus que les types, les statuts et qu'un Pokémon sait tenir une baie... Ce que je veux vraiment apprendre, c'est le mystère derrière les pokeballs, comment rendre ses Pokémons heureux et surtout comment les garder en parfaite santé pour une vie la plus longue et heureuse possible.

Timélias sourit, affichant son approbation aux propos de son interlocuteur costumé. Le serveur arriva à leur table pour prendre les commandes, et fut décontenancé par le fait que c'est le Tarsal qui lui adressa la parole. Il était évident sur son visage qu'il considérait que c'étaient aux Humains de parler au nom des Pokémons et jamais l'inverse, mais Frenchip l'encouragea à considérer la parole télépathique du Tarsal à valeur égale.

TIMÉLIAS – Je vais prendre un petit cocktail s'il vous plaît. Jananda, tu voudrais des boulettes de viande ?

C'était un de ses plats préférés, surtout quand les boulettes étaient bien tendres et ne nécessitaient pas d'être longtemps mastiquées. L'Abo hocha la tête en tirant la langue pour montrer son appétit grandissant, et le serveur enchaîna aussitôt comme s'il était pressé de retourner en salle :

Serveur – Très bien, et je vous apporte des restes de poubelles pour le Tadmorv.
TIMÉLIAS – Hein ?!

Timélias eut aussitôt l'air gêné de s'être offusqué si vivement.

TIMÉLIAS – Euh... je veux dire... mon ami a aussi le droit à un snack comme les autres.

Pour la seconde fois en quelques instants, le serveur fut décontenancé et essaya de se justifier :

Serveur – Mais... les Tadmorvs se nourrissent d'ordures...
TIMÉLIAS – Oui, c'est vrai... (fut-il obligé de reconnaître) Mais, je veux dire, il a aussi ses propres goûts, et ça lui fait plaisir de manger des choses différentes. Il ne doit pas servir de poubelle sans même qu'on lui demande ce qu'il voudrait. Vous avez posé la question pour tous les Pokémons sauf pour lui...

Le serveur n'insista pas, essayant de rester professionnel, il se racla la gorge et reprit :

Serveur – Donc pour le Tadmorv, ce sera... ?
TIMÉLIAS – Tu voudrais quoi, mon gros n'amour ?

Snotigol fit comprendre qu'il avait envie de partager le même repas que Jananda. Timélias traduisit au serveur :

TIMÉLIAS – Des boulettes également, s'il vous plaît. Et... euh... pardon, hein, je voulais pas vous...

Il avait estimé, selon ses propres valeurs, que le serveur avait été en tort, pourtant c'est lui qui s'excusait, n'ayant pas l'habitude de prendre ce ton avec autrui. Timélias se sentait gêné d'avoir “engueulé”, en quelque sorte, le serveur. Il fallait dire qu'avec tout ce qu'il avait subi comme moqueries, enfant, quand il était venu à l'école avec Snotigol, alors que ce dernier méritait selon lui plus de respect que grand nombre d'Humains, Timélias était devenu tout particulièrement sensible sur le sujet... Voir un Pokémon être traité comme un paria, comme lui et Snotigol avaient eux-mêmes été traités par le passé, que ce soit un autre Tadmorv, un Miamiasme, ou autre, le révoltait intérieurement. Alors quand c'était Snotigol lui-même qui en faisait les frais...

La main gauche de Timélias papouilla le Tadmorv de plus belle comme pour le consoler. Une fois le serveur retourné en salle, Timélias dit à Frenchip :

TIMÉLIAS – Désolé... Le pauvre serveur, je voulais pas lui parler comme ça...

Il chercha donc à changer de sujet, et ça tombait bien, car il avait déjà une question toute trouvée :

TIMÉLIAS – Et alors du coup, comment est-ce que vous avez rencontré Jack, Musashi et Robbie ? Ca fait combien de temps que vous vous connaissez ?

Frenchip fut émerveillé de voir à quel point Timélias prenait soin de ses pokémon, fournissant un repas "normal" à son Tadmorv. Il n'était pas spécialement fan de cette espèce de pokémon, trop nauséabonde à son goût, sans toutefois la détester, mais il appréciait le geste. Le jeune homme sourit alors que le serveur repartit en cuisine chercher la commande.

Timélias : Désolé... Le pauvre serveur, je voulais pas lui parler comme ça

Frenchip : je n'ai rien noté d'offensant de ta part, te tracasse pas.

TIMÉLIAS – Et alors du coup, comment est-ce que vous avez rencontré Jack, Musashi et Robbie ? Ca fait combien de temps que vous vous connaissez ?

Frenchip sourit et se remémora sa rencontre avec ses pokémon. Quelques instants, il sembla perdu dans ses pensées, mais reprit la parole.

Frenchip : J'ai rencontré Musashi alors qu'il n'était qu'un poussin. A l'époque, je faisais des études de forgeron et coutellerie chez un maître artisan de la région de Johto. Il a toujours été aussi méfiant, dès son plus jeune âge. Mais dans l'intimité c'est un amour de pokémon. Le maître artisan en question faisait des katanas en plumes d'airmure, il m'a offert Musashi à la fin de ma formation pour que je fasse perdurer la tradition.

A ces mots, il sortit son katana de son fourreau. Une belle lame bien menaçante qui avait un tranchant presque surnaturel, comme toutes les plumes d'airmure. Musashio réagit aussitôt et le dresseur et le pokémon firent une sorte de high five, de katana à aile, puis le dresseur rangea le dit Katana. Musashi était à présent parfaitement détendu et se concentra donc sur son repas.

Frenchip : En ce qui concerne Jack/

Et il fut coupé par le petit pokémon, qui raconta son histoire de lui même :

Jack : ç’était par une nuit de pleine lune, tout était calme dans le forêt. Tout, ou presque : un humain s’installa, fit un feu de camp et se mis à jouer de la guitare. Intrigué, je me suis approché et j’ai sondé son esprit. J’y ai vu un coeur pur, de l’ambition et surtout une bonne dose d’empathie. Je me suis donc approché de lui, avec précaution, et nous avons longuement échangé nos histoires et sentiments. Depuis, c’est à la vie, à la mort.

Frenchip : Je ne l’aurais pas mieux raconté. Et en ce qui concerne Robbie, le pauvre a été abandonné par son dresseur. Je l’ai trouvé dans une forêt dans un sale état. Il m’a fallu des jours pour l’approcher mais à force de nourriture, de persévérance et par l’amour de la musique, on a fini par former un duo musical, lui à la percussion et moi à la guitare.

Frenchip gratouilla la tête de Robbie, qui ne se détourna pas de sa nourriture. Après un bref soupir dans un sourire pincé, le jeune homme ajouta :

Frenchip : Dans l’idéal, il nous manque juste un ou deux salarsen et nous pourrons former le groupe de musique complet.

La perspective laissait le jeune dresseur rêveur : un groupe de musique rassemblant tout ce que la nature avait fait de mieux à ce sujet, ç’était son rêve. Un rêve à portée de main et de patte, il suffirait d’avoir de la patience et de chercher où il faudrait.

Frenchip : Et vous, quelle est votre histoire ? Je vois que tu as beaucoup de tendresse envers tes pokémon, c’est une bonne chose.

Après avoir rassuré Timélias sur le fait qu'il n'avait rien noté d'offensant de sa part, Frenchip prit un air pensif, le regard à moitié dans le vide, à moitié sur Musashi, il avait l'air de se remémorer sa rencontre avec l'Airmure.

FRENCHIP – J'ai rencontré Musashi alors qu'il n'était qu'un poussin.

Timélias tiqua sur cette phrase avant de se trouver bête l'instant d'après. C'est en fait une réflexion qu'il ne s'était jamais faite : pouvait-on parler de “poussin” pour un oiseau métallique ? Et en fait la réponse lui parut si évidente : bien sûr que oui, du moment où il était vivant. Même les Pokémons métalliques étaient vivants, autant que les autres, ils naissaient enfants, dans des œufs, comme tous les autres ; donc, oui, on pouvait parler de “poussin” pour un Airmure.

Frenchip souligna le caractère méfiant de Musashi, que Timélias avait déjà pu observer. Ce qui avait été drôle, à la réflexion, c'est que Jananda s'était donc méfié de Musashi autant que la réciproque. L'oiseau de métal avait néanmoins complètement changé d'attitude, à présent il mangeait sans se soucier des interlocuteurs de son dresseur ; quand ce dernier sortit un katana de ses affaires de voyage – le mec voyageait avec un katana quand même, Timélias en fut ébobi – Musashi topa la lame avec son aile. Frenchip venait d'expliquer que Musashi auparavant avait travaillé chez un armurier qui forgeait des katanas en plumes d'Airmure. Incroyable. Et Musashi semblait très fier d'avoir matériellement participé à la conception de ces lames très tranchantes.

TIMÉLIAS – Eh beh !

Fut au tour de Jack, et là le Tarsal prit encore une fois l'initiative de parler à la place de son dresseur. Il était amusant. Timélias ne savait pas si l'adjectif “volubile” pouvait s'appliquer à un télépathe, mais il n'hésitait pas à l'attribuer à Jack. Cette fois-ci Timélias ne sut contenir un petit rire en entendant Jack prendre la voix d'un conteur et raconter sa rencontre avec Frenchip avec une emphase théâtrale. Frenchip s'était entouré de Pokémons attachants aux caractères bien marqués. Sans jamais cesser de papouiller Snotigol, Timélias écouta presque solennellement la narration de Jack, avant que Frenchip ne reprenne le relais pour parler de Robbie, dont l'histoire était beaucoup moins amusante puisqu'il avait été abandonné par son précédent dresseur. Il s'était lié à Frenchip à travers l'amour de la musique. Frenchip lui gratouilla la tête mais le petit singe gourmand n'en eut rien à faire, tant rien ne semblait pouvoir détourner son attention de son repas.

Il était à prévoir que Frenchip retournerait la question à Timélias. Il en profita pour souligner la tendresse de ce dernier envers ses Pokémons. Timélias ne put s'empêcher avoir un sourire jusqu'aux oreilles et gratouilla Jananda avec son autre main, puis regarda amoureusement Snotigol qu'il papouillait sans interruption.

TIMÉLIAS – En fait ce ne sont pas « mes » Pokémons. Ce sont mes amis.

Il hésita à dire qu'ils étaient les seuls amis qu'il n'avait jamais eus, mais cela aurait été trop dramatique, bien que pas inexact. Timélias ne voulait pas se morfondre sur son passé.

TIMÉLIAS – Quand j'étais petit, je n'étais pas du genre à avoir des amis. Parmi les autres Humains, je veux dire. J'étais trop différent des autres. Mon père n'avait pas les ressources pour nous deux, alors j'ai à moitié grandi dans une décharge, et forcément les autres enfants préféraient se moquer de moi que d'essayer de sympathiser, et c'est sans doute un peu ma faute vu que j'ai jamais su comment les aborder. Et la première personne (le mot “personne” n'était pas choisi au hasard) à m'avoir accordé son amitié, c'est Snotigol. Ooooh viens là mon gros n'amour que j'adore très fort !

Timélias tendit les deux bras et souleva tant bien que mal le Tadmorv en devant le décoller du sol pour le poser sur ses cuisses. Il le ceintura avec ses bras pour l'empêcher de dégouliner.

TIMÉLIAS – Ouiii désolé mon gros n'amour je sais que tu n'aimes pas ça...

Il expliqua à Frenchip :

TIMÉLIAS – Je peux pas m'empêcher de le prendre dans mes bras des fois mais il a horreur d'être soulevé du sol, et son corps à tendance à dégouliner entre mes jambes, il aime pas trop la sensation. Mais bon j'en profite car quand il aura évolué en Grotadmorv, je ne pourrai plus le faire. Déjà que mine de rien il prend quand même déjà de la place sur mes genoux !... Hein mon gros chéri ?

Malgré la sensation désagréable, Snotigol serra Timélias dans ses bras, et les deux se firent un gros câlin, avant que le jeune homme pieds nus reposât délicatement le Tadmorv au sol.

TIMÉLIAS – Il vivait dans la même décharge que moi, et je crois qu'au premier regard, on est devenus amis. Je l'adore de tout mon cœur. Et lui c'est mon autre grand amour.

Il passa son attention sur Jananda, qu'il caressa tendrement en parlant de leur rencontre :

TIMÉLIAS – Il avait été recueilli par une de mes profs, qui ne pouvait pas vraiment le garder avec elle éternellement. Quand elle m'a vu arriver à l'école avec Snotigol, elle a été la seule à comprendre pourquoi je venais avec Snotty. Et elle m'a confié ce bel Abo, un grand amour lui aussi. J'ai pu continuer mes études et passer mes examens, j'étais heureux car j'avais deux amis. J'ai toujours envie de dire que c'est grâce à eux que j'ai pu réussir tout ce que j'ai réussi. Je ne sais pas si Jananda a lui aussi été abandonné, comme Robbie, et en fait je crois que je n'ai pas envie de savoir, il me le fera comprendre un jour s'il a envie d'en parler mais tout ce qui compte c'est qu'on est toujours ensemble.

Il déposa une bise sur le museau du serpent, puis conclut les présentations :

TIMÉLIAS – Puis je suis entré à l'école de Dresseurs qui est ici, et là j'ai rencontré un autre Pokémon adorable qui n'avait pas assez l'attention d'un garçon de ma classe. Et c'est marrant car son nom ressemble un peu au mien, il s'appelle Temiel, des fois je me dis que ça doit être un signe.

Timélias balaya du regard la terrasse du café, mais il commençait à y avoir beaucoup de clients, et s'il sortait tous ses autres amis Pokémons, il finirait par gêner le passage.

TIMÉLIAS – Bon, là, y'a pas trop la place pour que je vous les présente, mais j'ai rencontré encore trois amis depuis que je suis Dresseur, en plus de Temiel, de toute façon il faudra que je les sorte de leurs pokeballs pour qu'ils puissent eux aussi avoir leur repas. Oh !

Il s'exclama avec de grands yeux.

TIMÉLIAS – Mince ! J'ai pas commandé pour eux ! Du coup, je parle je parle, et j'en perds la tête ! Excusez-moi, Monsieur !

Il interpella le serveur pour commander à manger pour ses quatre autres amis Pokémons, restés dans leurs pokeballs jusqu'à présent.

Le jeune homme écouta le récit de Timélias dans le plus grand respect, s’efforçant de ne pas le prendre en pitié car il avait l’air heureux aujourd’hui et ç’était ce qui comptait le plus. Le dresseur et ses deux pokémon formaient un trio attachant et Frenchip fut pris d’affection pour le jeune homme qu’il avait en face de lui. Un tel parcours ne le laissa pas de marbre et il répondit de temps à autre avec son plus beau sourire.

A la mention que Snotigol fut le premier ami de Timélias, Frenchip eut une révélation : les tadmorv n’étaient pas que des choses dégoûtantes qui naissaient de la pollution, elles aussi avaient un coeur et savaient faire preuve d’empathie, peut être même plus que Musashi et Robbie réunis. Puis vint un gros câlin et des explications sur le caractère du tadmorv qui n’aimait pas être sur les genoux de son dresseur mais faisait l’effort pour lui.

Frenchip : ça n’a pas dû être facile tout les jours, mais au moins vous vous êtes bien trouvés et c’est un trésor vaut plus que toutes les richesses financières.

Puis vint l’histoire du serpent, touchante elle aussi. Ce mystère sur son passé ne semblait pas déranger Timélias et il l’avait recueilli de bon coeur, comme son tadmorv. Des pokémon peu banals pour un débutant, qui se dirigeaient en général vers ce qu’on appelle les starters, comme le ouistempo de Frenchip. Décidément, le jeune homme montait dans son estime.

Frenchip : C’est important d’avoir son jardin secret, même dans une équipe soudée et unie.

Il le pensait sérieusement : lui même avait des secrets. Pas pour Jack qui lisait constemment dans son esprit mais il n’avait jamais avoué à Robbie que c’est ses capacités de percusionniste qui l’ont touché plus que sa bouille, même si depuis il s’est fortement attaché à lui et sa personnalité. En parlant de Robbie, ce dernier avait fini de manger et grimpa immédiatement sur l’épaule libre de son dresseur. Il remarqua enfin Timélias et, en guise de bonjour, il lui adressa un grand sourire et frappa la boucle en metal de la sacoche de son dresseur.

Frenchip : Ah ! Te voilà toi ! Je te présente Timélias, Snotigol et Janenda. Ils sont cool.

Trois autres amis ? Intéressant. Étaient ils hauts en couleurs comme les deux premiers ? Frenchip sourit et se mis à rêver d’un bar tenu par ses propres pokémon, où chacun aurait sa place et aucune discrimination ne serait tolérée. Ç’était son rêve le plus cher après l’âme sœur et il comptait bien tout mettre en œuvre pour trouver une fine équipe avec qui partager ce projet.

TIMÉLIAS – Mince ! J'ai pas commandé pour eux ! Du coup, je parle je parle, et j'en perds la tête ! Excusez-moi, Monsieur !

Frenchip sourit. Il allait les voir, ces pokémon, et sa curiosité avait été piquée au vif. Quelles merveilles allait-il voir, lui qui respectait les pokémon autant si ce n’était plus que les êtres humains. Impatient de se forger son équipe, il s’installa un peu plus confortablement, fit des papouilles à Robbie et Jack et attendis le spectacle respectueusement.

Frenchip : Si ils ont autant de personnalité que tes deux camarades ici présent, vous ne devez pas vous ennuyer.

Jack : vivement qu’on monte notre groupe. Pourquoi pas un queulorior qui dessinerait pendant qu’on fait de la musique ?

Frenchip : Riche idée. Riche idée...

Quand Frenchip fit un commentaire, disant que ça n'avait pas dû être facile tous les jours mais que Snotigol et Timélias s'étaient bien trouvés, et qu'il s'agissait d'un trésor qui valaient plus que toutes les richesses financières, Timélias ne put qu'approuver d'un hochement de tête, en continuant de parler. Il avait grandi dans la plus grande pauvreté financière mais s'était senti riche émotionnellement, riche d'une amitié profonde et indéfectible.

Puis à l'écoute de l'histoire de la rencontre avec Jananda, Frenchip donna son avis : selon lui il était important d'avoir son jardin secret, même dans une équipe soudée et unie. Cela conforta Timélias dans son attitude envers Jananda, ne pas chercher à lui poser de questions gênantes, qui pourraient réveiller de mauvais souvenirs, peut-être un traumatisme, et altérer d'une façon quelconque leur relation. L'essentiel est qu'ils se sentaient bien ensemble, c'est tout ce qui comptait. Et Timélias préférait continuer de simplement trouver le dévouement absolu de Jananda, mignon et attendrissant, plutôt que comme le syndrome de quelque chose de plus grave.

C'est seulement quand Robbie eut fini son repas et fut grimpé sur l'épaule de Frenchip, qu'il remarqua Timélias, Jananda et Snotigol. Timélias ricana gentiment, il n'avait jamais vu quelqu'un être autant à fond dans son repas et ne se soucier de rien d'autre. Malheureusement, maintenant, il pouvait mettre ce comportement en perspective avec ce qu'il venait d'apprendre sur son passé de maltraitance, où Frenchip l'avait trouvé abandonné et dans un sale état. C'est précisément ce qu'il ne voulait pas faire avec Jananda, pour ne rien changer à leur relation et à la façon dont il voyait son ami Abo.

Le serveur arriva et Timélias commanda à manger pour ses quatre amis restés dans leur pokeball.

FRENCHIP – S'ils ont autant de personnalité que tes deux camarades ici présents, vous ne devez pas vous ennuyer.
JACK – Vivement qu'on monte notre groupe. Pourquoi pas un Queulorior qui dessinerait pendant qu'on fait de la musique ?
FRENCHIP – Riche idée. Riche idée...

Timélias sourit au souhait de Jack. Eux aussi allaient former un groupe haut en couleurs.

TIMÉLIAS – Dès que le serveur nous aura apporté à manger, je quitterai la terrasse pour sortir tout le monde. Si vous voulez, Frenchip, vous n'aurez qu'à venir aussi, comme ça vous finirez de faire la connaissance de tout le monde. Temiel viendra sûrement vous réclamer un câlin. C'est un Mucuscule, je vous ai pas dit. Son précédent dresseur était un peu dégoûté par son mucus et ne lui donnait pas autant de câlins qu'il le mérite.

En cela, Timélias et Temiel s'étaient bien trouvés, entre celui qui adore câliner ses amis Pokémons, et le Pokémon qui adore recevoir des câlins. Et ce n'était pas la seule chose pour laquelle ils s'étaient bien trouvés.

TIMÉLIAS – Temiel et moi, on a pas mal de points en commun. C'est peut-être, de tout le groupe, celui qui a la personnalité la plus proche de la mienne, je me reconnais beaucoup en lui.

Il prit un air songeur en regardant Timélias et Jananda, et pensa à voix haute :

TIMÉLIAS – Des fois je me demande si je ne pourrais pas faire comme pour Snotigol et Jananda...

Il entendait par là le fait de ne jamais le rentrer dans sa pokeball, peut-être que Frenchip comprendrait le sous-entendu, d'autant plus qu'il ajouta comme une auto-réponse à sa réflexion :

TIMÉLIAS – Enfin j'aimerais faire ça avec tous mes amis, mais si tout le monde faisait ça, on ne pourrait plus circuler en ville ! Et encore Jananda tient sur mes épaules. Quand il évoluera en Arbok, ça me manquera...

Timélias caressa Jananda en disant cela. Il était tellement habitué à sa présence contre lui, qu'il ne pourra pas s'empêcher d'être un peu triste de ne plus pouvoir le faire quand Jananda aura évolué.

Un mucuscule ! Frenchip avait développé une fascination pour ces étranges dragons et avait hâte de le rencontrer. Un câlin ? Pourquoi pas... Frenchip n'était pas d'un naturel tactile mais il ne pouvais rien refuser à un pokémon ou une personne bien intentionnée. Son ancien dresseur, heh ? Flairant une sombre histoire, le jeune homme préféra ne pas remuer le couteau dans la plaie et ne releva donc pas. Buvant son verre d'une traite, il se prépara à se relever lorsque Musashi émit quelques cris : il n'avait pas fini de manger.

Frenchip : T'inquiète, mon beau. Je ne pars pas, on va juste dans la rue un petit bout plus loin.

Musashi sembla comprendre et se concentra à nouveau sur sa nourriture, affamé qu'il était. Puis, il s'ébroua et laissa tomber une petite plume que le dresseur s'empressa de ramasser et d'observer sous toutes ses coutures.

Frenchip : Hm... Un couteau de cuisine peut être... Ou une dague...

Rangeant soigneusement son acquisition dans la caisse, il sortit son sabre et fit un nouveau hight five avec l'airmure, qui l'attendais depuis qu'il avait senti sa plume tomber. c'était un peu leur façon de se remercier et congratuler. Ne pouvant le faire à la main sous peine de vives blessures, le jeune homme caressait et la topait avec son sabre.

Jack: Et qu'est ce que tu ferais d'un couteau de cuisine ? Faudrait commencer par trouver un logement.

Frenchip : Patience, mon ami. Il y a bien l'hôtel pour commencer et ensuite le vent nous portera. Je ne veux m'installer qu'après avoir eu un coup de coeur pour une ville.

Jack : Je suppose que tu as raison, surtout vu tes projets ambitieux. Mais rêve pas trop, un mélange de bâtiments et de verdure, on en voit que dans les contes de fées.

Frenchip : Nous verrons bien ce que cette terre promise nous réserve. Et puis je te rappelle que Cimetronelle était pas mal. Peut-être qu'il y a un équivalent ici.

TIMÉLIAS – Enfin j'aimerais faire ça avec tous mes amis, mais si tout le monde faisait ça, on ne pourrait plus circuler en ville ! Et encore Jananda tient sur mes épaules. Quand il évoluera en Arbok, ça me manquera...

Frenchip hésita un instant : il ne voyait pas ses pokémon autrement qu'en liberté mais eux, quelquefois, préféraient le confort de leur pokéball. Il était certain que les rues seraient un peu trop animées si tout le monde laissait ses pokémon en liberté mais ça aurait fait un joyeux melting pot.

Frenchip : C'est sûr que ça me parait compliqué à gérer, surtout si deux espèces rivales se croisent... Ou qu'un prédateur échappe au contrôle de son dresseur.

Jack : Comme la fois où un dracolosse a tout saccagé à Illumis ?

Frenchip : Comme la fois où un dracolosse a tout saccagé à Illumis. Je te raconte pas la pagaille ! plus d'électricité, les chevroum éparpillés dans et en dehors de la ville, la police qui n'arrivait pas à le faire retrouver le dresseur pour le faire rentrer dans sa pokéball... Au moins il n'y a pas eu de blésés.

Frenchip frappa dousement sur ses genoux et se releva, s'adossant à un mur en attendant le serveur. Il aimait tout particulièrement se rappeler des anecdotes de ses voyages et les partager. Il fallait dire qu'avec plusieurs tour du monde à son actif, il en avait vu, des choses, à se demander pourquoi il s'était lancé dans la carrière de dresseur si tard.

Frenchip était aussi de cet avis : les choses lui paraissaient difficiles à gérer si tous les Humains laissaient en liberté tous leurs Pokémons en ville. Encore, certains Pokémons prenaient moins de place que d'autres, mais quoi qu'il en soit, les gens avaient l'habitude de garder tout au plus un voire deux Pokémons à leurs côtés quand ils se trouvaient en ville, et ainsi les choses se passaient bien ; multipliez soudainement le nombre de Pokémons par trois et vous imaginez facilement le bazar que cela peut engendrer. Et apparemment Frenchip et Jack avaient justement une anecdote à ce sujet, faisant allusion à un Dracolosse devenu hors de contrôle dans une ville du nom d'Illumis, cela avait carrément engendré des coupures d'électricité et semé la pagaille dans toute la ville.

TIMÉLIAS – Voilà. Mais c'est dommage car c'est un peu injuste du coup pour les autres. J'espère qu'ils comprennent.

Timélias ne pouvait juste pas se résoudre à rentrer Snotigol et Jananda dans une pokeball – sauf vraiment exceptionnellement circonstance, et ça le chagrinait forcément. Il est vrai que plus il y pensait, plus il avait envie de réserver le même traitement d'exception à Temiel, sauf qu'il se connaissait, et après il voudrait faire pareil avec Luglii, puis avec Stanzec, et ainsi de suite... et il ne le faisait pas car il n'y avait pas de raison qu'il le fasse et pas tout le monde en ville. Quand il se promenait dans les sentiers plus sauvages, ou dès que ça ne risquait pas de gêner, alors il sortait tout le monde de sa pokeball. Il avait déjà entendu des Dresseurs parler de Pokémons qui préféraient le confort d'une pokeball et n'aimaient pas marcher tout le temps, mais aucun de ses six amis Pokémons ne lui avaient encore manifesté cette préférence.

Musashi perdit une plume à un moment et Frenchip ne manqua pas de la récupérer, puis fit un check au Pokémon, katana contre aile. Ils étaient mignons. Le serveur vint enfin apporter les dernières commandes et Timélias régla son addition. Il se leva ensuite de table. Frenchip était déjà debout, adossé à un mur.

TIMÉLIAS – Si vous voulez venir !

l'invita-t-il. Musashi n'avait pas encore fini de manger mais pouvait rester là et les rejoindre une fois sa dernière bouchée avalée. Timélias s'éloigna des terrasses de cafés pour trouver une rue large et pas trop fréquentée où il avait la place de donner à manger à tout le monde. Il attrapa les quatre pokeballs et libéra l'énergie qui matérialisa les quatre Pokémons.

TIMÉLIAS – Voici Temiel, dont je vous parlais. Temiel, je te présente Frenchip, Jack et Robbie.

Le Mucuscule sourit poliment et dit bonjour à tout le monde d'une voix douce. Timélias s'accroupit et lui fit un câlin, ne montrant aucune gêne à se couvrir les bras et le torse de mucus collant. Temiel se blottit contre lui un moment, puis regarda Frenchip et rampa lentement jusqu'à lui, comme un chat venant se frotter contre la jambe d'un inconnu en réclamant des caresses.

TIMÉLIAS – Lui, c'est Luglii.

Le Sancoki Mer Occident dit bonjour d'une voix plus franche que Temiel.

TIMÉLIAS – C'est le premier Pokémon que j'ai invité à m'accompagner (dit-il en couvrant la limace de tendres caresses). Comme Temiel, il adore les câlins. Quand je l'ai vu, je l'ai trouvé trop mignon, et il a tout de suite accepté de venir avec moi, et j'en suis trop content.

Et c'est sûrement ça qui avait fait naître leur relation : Luglii aimait la flatterie et les câlins, et spontanément Timélias lui avait donné les deux dès qu'il l'avait aperçu.
Restant accroupi, Timélias fit ensuite signe à Lomuugl de venir. Le Ferdeter rampa jusqu'à lui, gardant ses six petits bras à l'intérieur de son corps métalliques. C'était très rare en fait qu'il les sorte. Timélias le caressa en le présentant :

TIMÉLIAS – Voici Lomuugl. Quand je l'ai rencontré, il était la proie d'un Airmure en furie, justement. Ca m'a fait penser à lui quand j'ai vu Musashi. C'est Stanzec, qui est là (désignant le Voltorbe), qui a sauvé Lomuugl. Et ce que j'ai apprécié, c'est que Lomuugl n'en voulait pas à l'Airmure, qui avait une bonne raison d'être agressif, et c'est grâce à lui qu'on a pu comprendre comment apaiser l'Airmure. Tiens, Stanzec, viens-là mon beau, on parle de toi !

Le Voltorbe roula jusqu'à Timélias, se plaçant entre Luglii et Lomuugl. Timélias se prit dans ses bras et le câlina à son tour.

TIMÉLIAS – Et donc voici Stanzec. Lui, c'est un Tauros en furie qui le menaçait quand je l'ai rencontré. Il était avec d'autres Voltorbes, le Tauros était excité par leurs déplacements et leurs crépitements, et il les a fait exploser, ce qui en fait l'énervait encore plus. Stanzec a été super courageux, car il a été le seul à résister au réflexe d'exploser, pour m'aider à mettre le Tauros hors d'état de nuire. Et il a voulu me suivre, donc je l'ai laissé dire au revoir à ses copains et j'ai accepté. Je l'aime beaucoup, il a le courage que je n'ai pas.

Alors que le Voltorbe entre ses bras le regardait, Timélias reprit tout à coup sa voix complètement gaga :

TIMÉLIAS – Et oui c'est de toi que je parle mon grand ! Et oui c'est toi le plus courageux !

Il lui fit une bise puis le reposa au sol.

TIMÉLIAS – Voilà. Mais c'est dommage car c'est un peu injuste du coup pour les autres. J'espère qu'ils comprennent.

Frenchip n'avait pas encore été confronté à la question : il n'avait qu'une petite équipe et aucun d'eux ne prenait beaucoup de place, à part peut être Musashi mais ce dernier préférait les hauteurs et volait généralement ou se posait sur un toit où il aurait une bonne vue d'ensemble de la situation.

Frenchip se redressa un peu trop brusquement, ce qui réveilla la méfiance de l'airmure, mais un rapide regard autour de lui le rassura et il continua à manger. Le jeune homme suivit Timélias dans la rue et fut émerveillé par le mucuscule, qu'il trouva tout de suite adorable. Lorsque ce dernier vint se frotter contre sa jambe, il lui gratouilla la tête tendrement puis s'essuya la main dans son pentalon, avant de parler d'une voix un peu trop niaise à son goût :

Frenchip : Coucou toi ! Je n'ai entendu que du bien de toi !

Qu'il était mignon ! un peu visqueux certes mais les mucuscule faisaient partie des pokémon préférés du jeune dresseur, même si il ne savait au final que peu de choses sur eux. Les pokémon étaient définitivement merveilleux : de toutes formes et de toutes tailles, voir même de tout matériaux, ils formaient le plus grand mystère de ce monde, mystère qui intéressait le jeune homme au plus haut popint depuis quelques années. Voyant que Temiel réclamait encore des caresses, Frenchip s'exécuta sans se faire prier et y alla même à deux mains, le papouillant abondement.

Frenchip : Il est si mignon !

Puis vint un sancocki mer occident. ç'était la première fois que Frenchip voyait un sancocki de près, ayant d'habitude un peu de mal à s'approcher de tout ce qui s'apparente de trop près à une limace. Cela dit, comme tout les pokémon, il semblait intelligent et doué d'émotions aussi le jeune dresseur le salua chaleureusement d'une main, ne lâchant pas Temiel de l'autre. Apparemment ç'était la première capture du dresseur, aussi il devait avoir une place de choix dans son coeur. Mais à bien regarder Timéas, on comprenait bien vite que chacun de ses pokémon avaient une place de choix dans le dit coeur.

Puis vint un ferdeter, qui semblait aussi câlin que le reste de la troupe. A l'évocation de l'airmure en furie, Frenchip lança un regard à Musashi, qui avait terminé son repas et alla simplement se poser sur le toit de la terrasse pour contempler tout ce beau monde. Musashi avait appris très vite que les pokémon n'étaient pas de la nourriture, du moins pas dans une vie aux côtés de Frenchip, et ne sembla pas s'intéresser spécifiquement à ce qui aurait été normalement une de ses proies naturelles.

Frenchip avait déjà entendu parler du tempérament explosif des voltorbe et fut impressionné d'apprendre que Stanzec avait résisté à son instinct naturel pour se défendre. Il était certainement un allié de poids pour Timélias et Frenchip le salua à son tour, respectueusement, d'une brève révérence, comme on salue un brave guerrier.

Frenchip : Je suis heureux de savoir que tu as de si bons amis avec toi. J'espère un jour avoir une famille aussi belle, grande et épanouie que la tienne.

Jack : Deux salarsen et un queulorior pour commencer !

Frenchip : Oui, oui, nous y réfléchirons. En tout cas ça se voit tout de suite que tu prends grand soin d'eux et que tu les bichonne. Tu te dis débutant mais je vois que tu as tout le potentiel pour être un très grand dresseur. Heh, tu l'es déjà. Tu as acquis ce qui est le plus important à mes yeux. Garde cet amour pour ta famille et tout se passera bien pour toi ! J'en ai la certitude !

Frenchip alla salué d'un peu plus près chacun des membres de l'équipe de Timélias, prenant soin de ne pas faire de jaloux, puis se tourna à nouveau vers ce dernier.

Mais du coup, quelles sont vos ambitions ? Perso je compte ouvrir un bar concert/lutherie/brocante quand j'aurai bien exploré ce beau pays et que je me serai décidé sur une ville. Ta première conso est gratuite, je t'aime bien.