[S4] On essaye, et puis on voit où ça nous mène [Walter]

New Esperantown, la ville du Mal. Avec un m majuscule, s'il vous plait. Les papiers doivent se vendre, alors les médias doivent mettre toute la misère du monde sur le dos d'Abyss. C'est toujours comme ça dans une société manichéenne qui veut voir le monde en noir et blanc. Et puis il y a les quelques individus qui passent entre les mailles du filet, voyageant dans un vaste océan de nuances de gris, qui ne poursuivent rien d'autre que leur propre idéal, faisant fi des tendances de la société. L'homme qui se promène dans les rues de la ville, avec la démarche de Johnny Depp dans son rôle de célèbre pirate dépourvu d'orientation, est lui-même à la poursuite de son propre idéal. Une vie d'amusement, mais une vie attachée aux biens matériels. Il lui faut donc bien gagner sa croûte. Rev Vanitas, homme à tout faire, mercenaire et provocateur de désastres ambulant, à la poursuite de l'argent qui lui permet de vivre. Oh, il n'est pas là pour s'enrôler dans Abyss, Arceus le préserve. Il tient bien trop à sa liberté pour ça. Mais s'il peut récupérer quelques boulots bien payés, il ne dirait pas non. Enfin, il s'agit là d'un simple repérage. Avant de choisir quel camp on va "aider", il faut comparer les tarifs. Si ça ne tenait qu'à lui, Rev servirait bien tout le monde, tant que le virement bancaire est là à la fin. Mais malheureusement, la plupart des gens voient ça d'un mauvais oeil de savoir que vous travaillez aussi pour leur ennemi, vous rendez-vous compte.

L'argent ne fait pas le bonheur, mais il y contribue. Et puisque personne ne compte payer Rev, il doit bien se débrouiller seul. Après, si le job est bien payé ET amusant, là c'est la cerise sur le gâteau. Comme la dernière fois, où il a pu ridiculiser ce vieux millénaire, en le jetant lui et sa fille toxique dans un benne à ordures, manquant de peu de les incinérer. Oups, il manque d'éclater de rire en plein milieu de la rue en y repensant. Qu'est-ce que ça avait été drôle ! Mais les Salt n'étaient pas assez intéressants pour que Rev se soucient d'eux à présent. Non, ce que le blondin veut, ce sont plus de jouets comme Celestio. Des jouets qu'il va pouvoir observer, voir s'épanouir, et si jamais, mettre son grain de sel et les essorer. Vont-ils trouver l'amour ? Vont-ils arriver au sommet de la gloire, avant que Rev ne puisse leur mettre des bâtons dans les roues, les faisant tomber de plus haut encore ? Toutes ces possibilités... C'est tellement grisant... Ah, les tortures de la Sorcière ont chatouillé une bête à l'intérieur du jeune homme. Une bête qui vont en savoir toujours plus, jusqu'à essorer l'essence de son sujet. Enfin bref, ce n'est pas le moment de se rappeler les bons, et les moins bons, moments de ces dernières semaines.

Il lui faut donc des clients. Et pour ce faire, rien de mieux que les endroits les moins fréquentables de la ville, là où se réunissent les démons de minuit une fois le soleil couché. Là se tiennent les vrais dirigeants d'une ville, les parrains du monde de la pègre et les clans illégaux. Ils peuvent toujours avoir besoin d'un garde du corps, qui sait. Voilà justement un nightclub, le Lux. Vu les gorilles qui gardent l'entrée, ça a l'air assez sélect. Un bon endroit pour commencer. Mais à présent, pour passer la sécurité... Rien de mieux qu'un peu de poudre au visage.

Rev s'avance, avec une démarche droite cette fois, son portable sorti. Il parle dans le vide, comme s'il s'adressait à quelqu'un, pour arriver jusqu'aux gardes.

Mais oui, je saiiiis ! Il te faut ce costume pour ce soir même, oui, oui, c'est bon je suis là ! J'arrive devant l'entrée là.

Les deux malabars se concertent, le sourcil arqué en interrogation. Rev continue de jouer le jeu en décollant ton téléphone.

Bon, vous m'excuserez, mais le Boss m'attend là, j'ai pas le temps pour m'arrêter et vous présenter des papiers.

Heu... Mais c'est entrée libre, vous savez...

Ah. Forcément. Souriant comme si de rien n'était, Rev range son portable et se rentre dans le bâtiment, laissant deux vigiles perplexes.

L'endroit n'est pas mal. C'est un peu kitsch mais ça a plutôt bon goût. Il y a même une sorte de scène musical, pour un groupe de jazz. Pas mal.

Vous faites quoi, en non alcoolisé ? Le blondin se place sur un tabouret au bar, et questionne le barman sans même lui avoir adressé un regard. La soirée ne fait que commencer. Hors de question de consommer de l'alcool et de ne plus avoir les idées claires.

Oh ? Du jazz maintenant, joué par un vrai groupe ? Pas mal, pas mal. Basculant dangereusement en arrière, Rev jette un coup d'oeil. Il y a deux personnes qui se détachent vraiment de ce groupe. La chanteuse, bien sûr, aussi pulpeuse que magnifique, enfin, si on était amateur de femmes, suppose le blondin. Et le pianiste, hm. Cheveux noirs et blancs, un peu frimeur peut être ? Vu comme ça, il n'est pas du tout le genre de Rev. Mais l'apparition du musicien arrange bien les affaires du mentaliste. En effet, alors qu'ils se mettent à jouer, tous les regards dans la salle sont tournés vers eux. Quoi de mieux pour un petit tour de magie que d'avoir une paire d'assistants séduisants pour attirer l'attention ?

Ni vu ni connu, Rev plonge habilement ses doigts dans le sac d'une femme qui se tient plantée juste devant lui. Grandir dans la rue permet de développer... certains talents. Comme celui de sortir une belle petite liasse de billets en toute discrétion. S'assurant que les gens sont toujours trop occupés à fantasmer devant les musiciens, il les range dans une poche interne de sa veste, comme s'ils avaient toujours été là. Finalement, le barman daigne se tourner vers lui, une fois le méfait accompli.

"Nouveau en ville ?" La question, laconique, suit un vers de Coca.

Malgré la question, le barman continue de fixer la scène. Attend-t-il vraiment la réponse de Rev ? Difficile à dire. Mais qui pourrait lui en vouloir ? Le rythme et le swing du groupe de musique sont hypnotisant. Une pensée maligne vient à l'esprit du garçon : pourrait-il faucher plus d'argent encore s'ils restent tous scotchés comme des damnés ? Du jazz et des Poichigeon à détrousser, Rev est là dans son élément. Mais il n'en fera rien, mieux vaut ne pas tenter le diable pour l'instant. Du coup, autant prendre la perche tendue du barman.

En effet, mon brave. Au début, j'avais entendu parler de l'arène Spectre d'Esperantown, j'avais envie d'y jeter un coup d'oeil. Mais il semble que vous l'avez faite fermer, pas vrai ?

Le blondin remue son verre devant son visage, laissant à son interlocuteur une magnifique vue de ses yeux déformés par le verre et le liquide. Il n'y a rien d'agressif dans son ton, mais beaucoup de sous-entendus sur les derniers évènements survenus à New Esperantown, sur la prise du pouvoir d'Abyss.

Puis, comme pour changer de sujet, Rev se vautre sur le comptoir à la manière d'un enfant, la joue appuyée sur la paume de sa main. Il regarde à présent vers la scène.

Disons que je suis à présent à la recherche de quelque chose de fun à faire.

Son regard se porte à nouveau sur le pianiste. Il ne le trouve pas beau, mais pas laid non plus. Juste qu'il préfère lorsqu'ils ont cette étincelle de folie géniale dans le regard que des gros muscles, mais il n'est pas non plus déplaisant à regarder.

Il se penche, dos vers le barman cette fois, comme pour lui faire une confidence à un ami d'enfance.

Damn, il y a de la bonne viande sur le grill, ce soir. Je ne lui courrais pas après, mais çe ne me dérangerait pas de me réveiller un matin et de le trouver dans mon lit.

Sauf qu'à la différence d'une confidence, il fait sa remarque à voix haute, s'attirant même le regard curieux d'un petit brun à côté. Rev se contente d'un large sourire en tirant sur sa paille, continuant d'observer le concert.

Fuck, voilà que le hot stuff s'avance vers eux, comme s'il avait un radar qui lui indiquait qu'on parlait de lui. Rev se retourne, faisant mine de rien en se recoiffant avec sa main. Du coin de l'oeil, il surveille le comptoir et surtout le verre préparé à l'intention du pianiste. Un café ? Avec de la chantilly ? Et du chocolat ? C'est étrange, le blondin aurait pensé que l'autre aurait prit quelque chose de plus... alcoolisé, oui.

"Oh ? Alors comme ça vous parliez de moi ?" Se tournant vers le blondinet, le pianiste ajouta "On se connait ?"

L'embarras est retombé, Rev n'est plus un petit garçon qui se cache après avoir dit une bêtise. Il redevient l'excentrique insolent et un peu dérangé qu'il est. Il se retourne et appuie un coude sur le comptoir, regardant son interlocuteur droit dans les yeux, avec un grand sourire aux lèvres.

Ne fais pas attention, beau brun. Je faisais simplement remarqué à ce cher barman à quel point tes magnifiques yeux pourraient éclipser tes gros biscoteaux. Laisse moi deviner... Tu ne vas même pas à la salle pour avoir un tel corps, pas vrai ? Il y a toujours des bâtards bien foutus et chanceux comme ça...

En disant ça, Rev baisse son regard, pour s'intéresser au contenu de son verre, remuant sa paille. Il laisse son petit discours faire son petit effet de charme, avant de relever la tête pour poursuivre.

Je ne pense qu'on se soit vus. Tu te souviendrais de moi, je pense. Je suis de passage pour la première fois dans cette charmante petite ville. Comme j'expliquais à ce cher barman, je voulais me rendre à l'arène Spectre de la ville mais... Je n'avais pas prévu qu'elle aurait fermé. On dirait bien que je me retrouve à la recherche de quelque chose pour tromper mon ennui.

Un nouveau sourire, tout aussi charmeur et enjôleur que le précédent. Bien sûr, ce n'est pas pour autant que ça va séduire le premier venu. Mais le blondin espère-t-il au moins créer ne serait-ce qu'une réaction intriguée.

Cet endroit m'a l'air charmant même si... L'ambiance est très sympathique, j'adore le jazz. Mais je pense qu'à notre époque, il faudrait un divertissement plus... jeune. Enfin, ne le prenez pas mal. Après tout, c'est d'abord votre talent qui m'a poussé à poser les yeux sur vous, et vous n'êtes pas le patron.

Le garçon lève timidement son verre, comme portant un toast de manière complice, d'employé à employé, habitués à la classe exploitée.

Il est à nouveau seul, l'autre est parti depuis un bon moment maintenant, un moment qui semble avoir duré pendant des mois. Il hausse les épaules pour lui-même. Tant pis. Il trouverait de quoi s'amuser ailleurs, le ville est suffisamment grande pour ça. Reste juste à payer l'addition -encore merci, brave dame inconnue et anonyme de la nuit. Lorsque le barman lui présente la note, il manque de s'étrangler de rire. Sérieusement ? Pour une boisson sans alcool ? Mais le visage fermé de son interlocuteur lui confirme bien qu'il ne s'agit pas d'une vulgaire plaisanterie. Tant pis, comme on dit "c'est aux frais du contribuable". Il se débarrasse donc de la liasse qu'il a fauché peu avant dans la soirée. Le voilà de retour au point de départ, niveau finances. Ce bar est une blague bien vaste, une escroquerie même. Mais il n'a pas le temps de s'attarder sur ces détails, il y a des endroits plus hypants et plus intéressants qui l'attendent ailleurs.

HRP a écrit:

Rev Vanitas out.