[S4] Ah, mince c'est reparti mon kiki [Amélia]

BON ! Toujours pareil, l’attente à assez duré, il est temps que ça bouge tout ça. Donc replaçons nous dans le contexte. Un travelo à l’assurance et à l’équilibre passables se trouvaient à la porte des locaux de l’agence St. Gil &Co, ce pour faire un casse dans la mesure où, par la plus grande des coïncidences, la baronne quittait son bureau tous les mardis à la même heure pendant 1h30 exactement. Heure pendant laquelle elle laissait la garde de son bureau à un seul de ses Pokémon, n’éteignait pas les ordinateurs, ne fermait pas les volets et ne verrouillait pas l’accès à son appartement, au dessus du bureau. Une attitude pour le moins naturelle et professionnelle lorsque l’on est une détective chevronnée n’est ce pas ? Vous avez des doutes au contraire du curieux envahisseur ? Voilà qui est plutôt sain d’esprit alors, reprenons depuis le véritable début, bien avant tout cela.

Il y avait à peu près un mois avant cette prometteuse après-midi, la baronne, occupée à travailler sur son ordinateur, s’était trouvée gênée par un éphémère reflet lumineux qui était venu rebondir sur son écran. Tout ceci aurait pu être d’une banalité sans précédent puisqu’après tout, un reflet de lumière, quoi de plus routinier ? Il lui suffisait de se décaler pour que son problème ne cesse, ce qu’elle fit nonchalamment, se plaçant de l’autre coté de la pièce. Sauf que, quand on y réfléchit, le soleil change rarement sa course quotidienne dans le but d’éblouir quelqu’un. Dans la mesure où les rayons de la fin de journée ne l’avaient jamais gênée par le passé, cela ne pouvait signifier qu’une seule chose : une surface réfléchissante était tournée dans sa direction. Vous pourrez toujours arguer du fait qu’il ne faut pas virer dans la paranoïa, il suffisait qu’un voisin ait placé un miroir face à la fenêtre pour que le phénomène trouve sa source sans théorie du complot. Mais dans ce cas comment expliquer que le reflet se déplace ? Une vitre de montre ? Un peu gros. Le lendemain, alors que le manège recommençait, la détective brancha son appareil photo professionnel à son unité centrale pour y décharger le contenu d’une part mais aussi et surtout, afin que Paolo puisse prendre la main l’air de rien et photographie ce qui se passait en face. C’est ainsi qu’elle découvrir qu’une silhouette, sans doute un homme, jeune et de corpulence moyenne-basse la surveillait pour une sombre raison mais de manière peu habile, voir maladroite. Son caractère joueur prenant le pas sur le reste, elle organisa sa sortie quotidienne, minutée à la seconde près et prévue le reste avec ses coéquipiers.

De retour au présent, Charles était bel et bien assis seul sur le canapé à lire un journal mais était il pour autant seul dans le bureau ? Vous souvenez vous de la mention de l’ordinateur allumé ? Lorsque la lecture du reptilien se trouva dérangée par les coups portés sur la porte, il soupira et alla au bureau de sa patronne pour y chercher une feuille A4 pré-imprimée. C’était déjà arrivé que des clients se présente lors de son absence, raison pour laquelle la détective avait prévu des feuillets sur lesquels elle invitait lesdits clients à inscrire la raison de leur venue et leur coordonnées afin d’être recontactés plus tard. Charles glissa une feuille sous la porte et retourna au bureau où il agita la souris posée dessus afin d'allumer l’écran qui trônait sur le meuble. Il chercha avec quelques difficultés un fichier sans particularités dans lequel se trouvait une étrange icône intitulée ”attentionporno.exe”. Il leva les yeux au ciel et double cliqua dessus. Une seconde plus tard, Paolo se re-matérialisait hors de l’un des ports USB de l’appareil. Il s’agissait en réalité d’un petit logiciel permettant d’éjecter le porygon2 hors de la matrice, curieusement nommé ainsi par la propriétaire de l’appareil et du Pokémon parce que, je cite :

”Une personne sensée ouvrirait pas un dossier porno sur un PC qui ne lui appartient pas. Et une personne qui le ferait mériterait d’être surveillée de près. Donc on ouvre pas Paolo est tranquille, on ouvre, il gère. C’est simple.”  

- (Tu r’garde à la lorgnette Paulo ?)

Après avoir émis une série de bips destinés à corriger en vain la prononciation de son nom, le Pokemon se dirigea vers la porte et augmenta le champ magnétique qui lui permettait de flotter afin d’arriver à la bonne hauteur pour regarder au travers du judas. Lorsqu’il fit de nouveau face à son coéquipier, il semblait perplexe et perturbé. Il retourna de là où il venait, disparaissant dans un flash et une seconde plus tard, l’imprimante s’activait.

- (Bonjour la discrétion…)

Charles récupéra la feuille sur laquelle apparaissait une photo du couloir, déformée par l’effet de loupe de la lorgnette. Paolo vint observer le cliché par dessus l’épaule de l’ossatueur qui lui demanda.

- (Depuis quand tu peux faire des captures d’écran de ce que tu vois toi ?)

Le Pokémon répondit par un petit sifflet dont il fit varier la hauteur de la note. Charles se tourna vers lui et lui lança sur le ton de la conversation.

- (Faudra un jour que tu comprenne que personne pige rien à c’que tu racontes…) Il fit pivoter l’image dans un sens, puis dans l’autre approchant et éloignant son visage de la feuille. (C’est un branque ou une greluche ça ?)

L’oiseau virtuel secoua la tête d’un air de dire qu’il n’en avait pas la moindre idée. L’ossatueur lui tapota ce qu’il avait identifié comme son épaule et retourna sur la banquette pour reprendre la lecture de son journal. Il n’aurait qu’à ramasser la feuille lorsqu’elle aurait été glissée de nouveau sous la porte.

L’ossatueur qui s’était réinstallé bien confortablement à l’exacte place qu’il avait quitté pour glisser le papier sous la porte n’avait pas eut le temps de retrouver la ligne à laquelle il avait cessé sa lecture que l’on se remit à tambouriner à la porte. Poussant un soupir à mi-chemin entre l’expiration et le grognement il baissa de nouveau la lecture pour jeter un oeil au bureau. Don Paolo avait de nouveau disparu, sans doute de nouveau parti dans la matrice de l’ordinateur aussi lui était il impossible de lui demander de gérer la porte à sa place. En entendant les hurlements suraigus poussés l’individu, il se tourna vers la source du bruit le regard perplexe. Sans doute que si sa plasticité faciale le lui avait permis, il aurait haussé les sourcils mais en l’occurence, seul son regard et son multiple clignement de paupières traduisait son doute. Alors qu’un bruyant coup de talon raisonnait dans le hall vide jusque dans les quartiers de la détective, le reptilien retourna voir la capture qu’il avait laissé près de l’imprimante. L’étudiant de plus près, il se rendit effectivement compte que ses doutes étaient fondés. A la porte du bureau se trouvait un de ses pires cauchemars, un adversaire terriblement redouté, quelque chose qu’il ne souhaitait guère avoir à gérer seul. Ce que la baronne appelait sobrement une CCC.

”Col Claudine. Collier de perles. Coincée”.

Ce genre de filles (ou garçon, ce point restait à déterminer) de riches qui sous leurs airs pincés ne supportent pas la moindre frustration et sont promptes aux caprices. Comme il en était témoin en ce moment même. A ça, il en avait vu des comme ça à Kalos, ou plus précisément il en avait subis et sa patronne aussi. Aussi il récupéra une nouvelle feuille et commença à tracer de tête les lignes qu’il avait mémorisé avec toute l’adresse dont il pouvait faire preuve. Observant son oeuvre, il tourna la tête pour voir le porygon2 revenir du coin cuisine avec un bagel autour du bec. Ne prenant pas la peine de chercher à savoir pourquoi un pokémon qui ne mangeait pas était aller chercher un bagel et surtout, où est ce qu’il avait trouvé ce bagel, il lui montra son oeuvre avant de partir la glisser sous la porte, à l’instar de la feuille précédente. Il avait même rajouté au dessin sa petite touche personnelle dont il n’était pas peu fier.

Le dessin:

La ”greluche”,  comme il l’avait baptisé, s’était lancée dans un grand monologue sur les raisons de sa venue et l’importance de lui ouvrir et tout plein d’autres choses. Levant les yeux au plafond comme pour sonder l’appartement qui se trouvait au dessus de lui, il se tourna une dernière fois vers la porte. Certes il avait des consignes strictes, mais à ce rythme, il serait prêt à des extrémités dont il supporterait la responsabilité pour que les hurlements s’arrêtent. Il n’eut pas le temps d’esquisser le moindre mouvement supplémentaire que l’électricité sauta dans un bruit de pétard assourdissant qui fit sursauter les deux Pokémons de la baronne. S’avançant à tâtons vers le tiroir du meuble qui supportait la cafetière, Charles en sorti une grosse lampe de poche et un rouleau de chatterton. Non sans cesser de grommeler des paroles inintelligibles, il fixa la lampe allumée à son os portatif et fixa la pénombre avec appréhension. Un silence tendu s’était installé aussi espérait t’il être enfin tranquille, dans le noir, mais tranquille. Peine perdue. Ses épaules s’affaissèrent alors que la voix se remettait à crier de plus belle, plus affolée que jamais. Sauf qu’à ça se joignirent une cacophonie de bruits informatiques qui attirèrent beaucoup plus l’attention du reptilien que la personne à la porte. Paolo regardait l’écran viré au noir, visiblement accablé de la coupure électrique. Son camarade vint et lui passa un bras consolateur autour du cou, ne comprenant pas vraiment pourquoi il en faisait des caisses comme ça mais tentant quand même de le consoler, exercice auquel il n’excellait pas vraiment.

- (Allez allez, c’est rien Paulo… Nouveaux bips de correction. Le courant va revenir… T’étais en train de télécharger un truc c’est ça ? Le canard virtuel fit oui de la tête, l’air dépité. C’est pas grave, tu pourras recommencer plus tard… Y va pas s’envoler ton programme ou je sais pas quoi.)

Ce qu'ignorait le reptilien, c'était que son camarade avait mis des jours à élaborer un programme de son cru dont le dernier élément se téléchargeait depuis plus de huit heures. Il n'avait plus qu'à espérer que tout ne soit pas à recommencer. Le dernier hurlement de la greluche décida l’ossatueur à regarder par la fenêtre avant de retourner à la porte, sa torche à la main, générant un nouveau son de la part du pokémon rose, interrogateur cette fois.

- (Ouais, ouais, moi aussi je connais les consignes, mais c’est moi l’plus ancien ici donc c’est moi qui choisi comment qu’on les applique.)

Il était sur le point d’ouvrir la porte lorsqu’un détail lui vint comme une révélation, l’arrêtant dans sa course alors qu’il repoussait son chapeau de quelques centimètres en arrière de son pouce. Tout fier de sa trouvaille, qui devrait lui offrir un sursis de sérénité, il glissa la tige métallique de l’entrebâilleur sur son support et entrouvrit la porte. Selon l’image, il y avait une mistigrix avec la CCC, juste le type de Pokémon qui devrait faire l’affaire. Il braqua sa torche dans l’ouverture pour voir à qui il s’adressait.

- (Dites Mamzelle, vous pourriez dire à vot’ dresseuse d’arrêter de passer à tabac la porte ? La patronne est pas là, elle devrait revenir d’ici une bonne heure à tout casser. J’allais vous faire attendre à l’intérieur avec le branque en bas mais avec la coupure, c’est une aubaine pour vous. Z’êtes au 15ème étage et sans courant, l’ascenseur marche pas. Du coup plutôt que de prendre l’escalier commun, prenez celui d’service c’est la ptite porte jaune au fond, pouvez pas vous tromper. Comme ça vous croisez pas l’aut’ zigoto qui mettra en plus un bon bout de temps pour monter et vous revenez quand la patronne est rentrée. De rien, c’tout naturel. Sur ce…)

Il referma la porte sans plus de cérémonie, persuadé d’avoir fait le bon choix pour avoir enfin la paix.

L'image:

Satisfait de sa manoeuvre, Charles fut tenté de s’épousseter les mains l’une contre l’autre un air de dire ”une bonne chose de faite” mais il n’en fit rien, d’une part parce qu’il tenait toujours sa torche et d’autre part parce qu’il était tout seul et qu’il savait très bien que c’était une bonne chose de faite. D’ailleurs pourquoi était il de nouveau tout seul ? Remarquant une légère lumière bleuté dans la pièce adjacente, il balaya le local obscur de son faisceau lumineux avant de tomber sur le porygon2, face à deux ordinateurs portables, l’air profondément concentré. Frottant de nouveau son front de son pouce, le reptilien se rapprocha des appareils et de son camarade dans l’espoir de comprendre ce qu’il faisait. De toute évidence, il cherchait à récupérer les bribes du programme qu’il avait mis au point par le biais des deux pc qui ne nécessitaient pas d’être branchés pour fonctionner. Sans donner aucune précision supplémentaire à l’ossatueur, Paolo se plaça entre les deux appareils et glissa un de ses bras caoutchouteux dans un de leurs ports usb, rentrant soudain dans une sorte de transe numérique. Poussant un sifflement impressionné suivi d’un petit ”pfrrt”, traduction parfaite de l’incompréhension du pokémon chapeauté, ce dernier s’écarta de l’espace de travail pour aller vérifier rapidement l’état du tableau électrique de l’appartement, sans grand espoir de remettre le courant en état de marche. Evidement que tout était en ordre puisque c’était l’immeuble tout entier qui était privé d’énergie.

Lorsqu’il pénétra de nouveau dans le bureau, il fut pris d’une angoisse certaine. Tout était silencieux (à croire que la greluche avait battu en retraite), les pc étaient éteins et les yeux du porygon2 n’affichaient plus ses pupilles sur fond de sclère blanche mais plutôt ce qui semblait être un écran bleu. Et même pour l’ossatueur en retard sur son temps en matière d’informatique, l’écran bleu ne pouvait pas représenter quoi que ce soit de réjouissant. S’avançant à pas vifs vers son camarade, il lui braqua le faisceau lumineux dans la figure, l’éventa de son couvre chef et appela son nom quelques fois, d’un ton de plus en plus pressant, n’osant pas le secouer de peur d’aggraver la situation. Quelques longues secondes s’écoulèrent avant que le programme personnifié ne cligne des yeux, l’air quelque peu hébété. Reprenant un peu plus d’altitude, il se mit à tourner sur lui même avant de hurler, faisant tomber son collègue à la renverse. Littéralement.

"GOOOOOOD MORNING VIETNAAAAAAAAAAM !"  

Spoiler:

- Qu’est ce que ?!

Aucun doute que ce cri n’avait pas été restreint à l’enceinte des murs de l’agence mais il ne s’agissait pas du problème principal. Charles qui se remettait encore du choc se passa une main sur le visage, ramassa son melon, et observa Don Paolo qui semblait plus que fier de lui. Vraiment. Il virevoltait partout en faisant des pirouettes, profitant du vol magnétique dont l’influence ne s’était pas encore totalement dissipée. En tendant l’oreille, il se rendit compte que le pokémon semblait… chantonner ?

"Aha ! Aha ! Aha aha ahan ! "

Spoiler:

L’ossatueur n’eut même pas le temps de se demander ce qui était en train de se passer qu’un nouveau hurlement étouffé raisonna dans le couloir suivit de près par ce qui semblait être une fête foraine de quartier si elle avait été tenue dans le hall. Ou si une boite de nuit avait subitement déménagé devant la porte de l’agence de la baronne. Etouffant un grognement sourd, le reptilien saisit le membre caoutchouteux qui servait de bras à son coéquipier et l’entraina à contre coeur à l’étage. Si l’appartement n’était pas totalement épargné du chaos qui régnait à l’étage du dessous, au moins pourraient ils s’entendre parler sans avoir à vriller leurs cordes vocales. A condition que le Porygon2 ait effectivement des cordes vocales… Point qui semblait subitement remis en question. Scrutant l’obscurité d’un air passablement inquiet, il se concentra sur le pokémon virtuel, hésitant entre le fait d’arborer sa contrariété ou son incompréhension.

- C’était quoi ça ?! Tu m’explique ce qui se passe ?

Ce à quoi le pokémon répondit.

”Close your eyes and pretend it's all a bad dream. That's how I get by.”

Spoiler:

Charles se pinça ce qui pouvait s’apparenter à l’arrête de son nez. Il savait que jouer aux devinettes avec Don Paolo ne servait la plupart du temps à rien et il se doutait que cette fois ci ne ferait pas exception. Il lui fallait trouver ce qui se passait pour poser la bonne question et alors qu’il tenter de passer outre le vacarme pour se concentrer, une image perça les barrières de son esprit, et ce, pour lui expliquer que la situation était parfaite de toute évidence dans l’ironie la plus totale. Il rouvrit les yeux et demanda, de manière un peu brusque certes, en pointant sa tête.  

- C’est toi qu’a fait ça ?
”Who we talkin’ about ?”

Spoiler:

L’air d’incompréhension du programme voulait bien dire ce qu’il voulait dire. Le responsable du vacarme devait être la source de cette intrusion télépathique. Grognant, exaspéré, Charles se convainquit pourtant de ne traiter qu’un problème à la fois. La réponse le frappa lorsqu’il analysa ce qui venait de se passer, frappant son front du plat de sa main.

- Ta mise à jour ! Tu parles en répliques de films c’est ça ?
”Yes ! I am invincible !”

Spoiler:

Se passant la main sur le visage, l’ossatueur aurait sans doute étiré ses paupières vers le bas s’il en avait eut physiquement les moyens. En effet, le porygon avait travaillé à ce programme lui offrant l’opportunité de communiquer depuis bien longtemps mais son téléchargement interrompu le limitait uniquement aux films et ce, uniment en version originale et quelques clips sortis d’on ne sait où. Il veillerait peut être à régler ce problème plus tard si sa bibliothèque se révélait trop restreinte. Poussant un soupir, Charles sembla soudain avoir une idée. Passant son bras autour du cou de Don Paolo, il l’emmena devant la porte d’entrée en lui expliquant.

- Tu sais quoi mon grand ? Va faire ton truc à cette foire et voir si tu peux les arrêter ! Et là j’t'applaudirai. Nan nan vraiment. Oui je sais, je connais le plan, mais tu vas faire un tabac ! Allez c’parti !

Sur ces mots, il rouvrit la porte, l’entrebâilleur toujours en place et il laissa le pokémon se tordre pour passer dans l’ouverture avant de refermer. Avoir la consistance d’un ballon de baudruche avait ses avantages. Une fois au milieu de la foule, il mima le fait de prendre son souffle (opération inutile de la part de quelqu’un qui ne respire pas) avant de hurler, volume au maximum pour couvrir la musique.

”SHUUUUUT UUUUUUUP!”

Spoiler:

Ce cri, bien connu qui plus est, fit son effet et stoppa la musique, attirant l’attention de tout un chacun sur le pokémon qui rajouta alors.

”It’s been fun. Don’t come back.”

Spoiler:

Puis sans un mot de plus, il attendit que Charles lui rouvre la fente qui servait d’ouverture, se contorsionna pour passer et fier de lui, il profita avec son camarade du silence retrouvé. Charles ayant campé devant la porte, personne mis à part Paulo n’aurait pu passer sans qu’il s’en rende compte. Ils pourraient profiter de leur après-midi, enfin. Même si toute cette mise en scène commençait quand même à laisser penser que quelque chose de plus gros se tramait. Si Charles retournait à son journal, il garderait tout de même l’oeil ouvert. C’est plus prudent.

Voyant le verrou commencer à sauter de lui même comme par magie, Charles toujours aussi ronchon s’il en était, se remit à se masser les paupières en se disant qu’il devrait bientôt cesser de lutter si ça continuait de la sorte. Sa lassitude ne baissa d’ailleurs pas d’intensité lorsqu’il remarqua que d’une, le crocheteur de serrures n’avait pas pensé à la base des bases à savoir, retirer l’entrebâillement, et de deux, qu’il s’évertuait à tenter de kidnapper le Porygon. Ne prenant même pas la peine de lutter, il se trouva aspiré dans l’espace restreint comme par une chasse d’eau en lançant.

”Somebody help! I've been kidnapped by a monster whose trying to relate to me!”:

Fixant l’hurluberlu qui s’adressait maintenant à lui de son impassible visage virtuel, Paolo se laissa léviter sans lutter sous l’impulsion de la force mentale de la chatte qui le maintenait toujours. Baissant les yeux vers les deux boudins de portes qui lui servaient de membres, il sentait bien que le champ magnétique qui réduisait son poids n’était plus en place et bien qu’il ressemble comme deux gouttes d’eau à un jouet pour enfants, il n’en était pas un pour autant. Fixant du regard la féline télépathe il rajouta.

"That is literally the dumbest thing I've ever heard.”:

Et bien que la blanche créature le propulsa tout de même vers la foule, il n’en ressorti pas comme l’aurait fait un ballon de plage puisqu’il pesait de nouveau pas moins de 32 kilos. Autant dire que l’homme qui tenta de le réceptionner comme un ballon de volley n’apprécia pas vraiment l’impact équivalent à un sac et demi de riz vendu en gros. Ou du moins c’est ce que le Pokemon en conclut en le voyant hurler, les poignets aussi rosés et gonflés qu’il ne l’était lui même. En même temp quelle idée d’agir de la sorte. Ca ne découragea pas le reste des personnes présentes de quémander d’autres extraits ou mutilations, à ce stade il était complexe de déterminer lesquels avaient le plus de succès. Le porygon2 tordit son cou pour retrouver l’endroit d’où il venait et décidant à son tour que tout ceci ne l’amusait plus autant qu’il ne le souhaitait, il émit de nouveaux ses bips habituels pour se faufiler vers le type qui l’avait mis à la porte de chez lui.

Pendant ce temps du coté de chez Charles, qui se demandait s’il devait considérer Paolo comme disparu au champ d’honneur ou comme étant encore récupérable, le garçon inconnu se tenait toujours là sans qu’il ne sache pourquoi. Poussant un soupir il releva les yeux vers la porte toujours clause. C’était vrai qu’il n’avait pas été très urbain, il fallait le reconnaitre. Et puis ce type ou peu importe qui d’autre, avait bien prouvé qu’il avait vraiment, vraiment l’air déterminé à rentrer et ce peu importe quel était son business. Trop auto-centré pour le reconnaitre l’Ossatueur avait perdu de vu ses consignes et les règles de base aussi était il peut-être temps de…

- (NON MAIS JE RÊVE ?!)

La porte venait de s’ouvrir et de claquer si violemment que d’une, elle avait faillit le percuter de plein fouet et surtout, que la pauvre petite chaine qui servait dans le principe à un usage plus civilisé que celui-ci avait totalement rendu-l’âme. Passant une main devant sa bouche, interdit, le reptilien se dégagea de la trajectoire de l’ouverture et se mit à inspecter les dégâts. Deux anneaux avaient lâché et les petites vis qui retenaient la base du système étaient partiellement arrachées de leur pas. Voyant l’homme qui se tenait sur le seul comme le fils prodigue rentré du combat, le reptilien chapeauté pris de nouveau sur lui en entendant la remarque, étudiant le type de quelques coups d’oeil experts. Le verdict était sans appel par ailleurs. N’écoutant que partiellement son histoire, il se pinça de nouveau son arête nasale osseuse en soupirant. Apercevant un éclat rose et bleu qui se faufilait parmi les fêtards, l’hôte du bureau de la baronne lança à son approche.

- (Y a la greluche qu’essaie d’me prendre pour un jambon…)

Tenant son os d’une main, posé sur son épaule, il récupéra la bouilloire pleine d’eau tiède destinée sans doute à préparer la dite boisson plus tôt proposé. Dé-cliquant son couvercle d’un coup de pouce expert, il en déversa le contenu sur les pieds du dresseur louche, sans se dérider ni trahir la moindre émotion. Plutôt que de se démonter les cervicales pour admirer l’air mielleux de son interlocuteur, il préféra se tourner vers son accompagnatrice qui avait l’air tout aussi blasée que lui ne l’était d’ailleurs. Il expliqua en lui rendant sa bouilloire.

- (Si vous plait mam’zelle, expliquez à votre gre… dresseur que c’est d’loin le pire plan qu’j’ai jamais vu pour s’introduire chez quelqu’un. De t’façon la patronne sera d’retour dans pas longtemps. Donc vous rentrez, vous vous posez en salle d’attente et vous détruisez plus rien. Clair ?)

Sur ces mots, il laissa rentrer l’envahisseur et sa complice et les laissa s’installer dans la salle d’attente, renfermant la porte du bureau derrière lui. Au mur, derrière les fauteuils, face à la porte, des dizaines de tableaux de tailles aussi variées que variables remplissaient l’espace de manière moderne et harmonieuse. La plupart des cadres comprenaient des petites phrases, conseils, avertissements ou citations, calligraphiés dans une multitudes de polices différentes. Bien sûr, le ficus de la baronne et ses petites billes brillantes offraient un spectacle et une compagnie digne de sa réputation. Quelques secondes s’écoulèrent avant que Charles ne revienne, le haut du corps masqué par une table basse en plastique qu’il portait à bout de bras en prenant garde de ne rien renverser à cause de l’amplitude. Il la déposa devant le fauteuil de celui qu’il avait si poétiquement baptisé la greluche, avant de rajouter sans un mot sur son plateau des pastels, quelques feuilles de coloriage et une veilleuse en forme de brindibou. Puis, se retenant de rajouter le moindre commentaire, il retourna dans le bureau dont il ferma la porte. Au moins, ça devrait l’occuper. Jetant un nouveau coup d’oeil tendu à l’escalier qui menait à l’étage, puis au Porygon2 il poussa un soupir soulagé. Avec un peu de chance, son calvaire serait bientôt fini et les pertes matérielles se limiteraient aux dégâts déjà subis. Que pouvait-il bien attendre de pire.  

Spoiler:

Lorsque le reptilien s’était décidé à faire entrer le gêneur, il s’était sûrement attendu à disposer de quelques minutes de tranquillité, juste quelques minutes, pas grand chose en somme mais au moins ça. Mais non, il avait à peine eut le temps de se rasseoir qu’une feuille était glissé sous le pas de la porte, pliée en deux. Entendant le bruissement du papier, il braqua sa lampe de poche vers la source du bruit et dans un râle, partit voir ce qu’il en était. Paolo sur les talons, il ouvrit la feuille et ne resta de marbre que parce que son visage était uniquement constitué d’os. Sinon il était certain qu’il aurait haussé les deux sourcils dans une expression d’incompréhension et de gêne. Poussant un petit sifflement, ce qui était vachement dur à faire sans lèvres, il fallait saluer la performance, il releva l’œuvre d’art pour que le porygon2 puisse en profiter par dessus son épaule.

- (Hé ben... Celui ci, il part direct dans le tiroir à psychanalyse...)

Et joignant le geste à la parole, il glissa la feuille dans un casier du bureau rempli de papiers aux formats diverses et aux gribouillages plus ou moins psychédéliques. A peine avait il eut le temps de ranger le dessin que la fenêtre s’ouvrît d’un coup en grand, au rythme d’un morceaux bro-jazzy bien trop célèbre pour être inconnu à qui ou quoi que ce soi. Suspectant un instant que Paolo soit la source de la musique, il réalisa bien vite qu’elle provenait d’une source située dans la salle d’attente. Comme par hasard.

Observant le chat danser en rythme d’un air blasé, le faisceau de lumière braqué vers ce dernier, il ignora tant bien que mal l’oiseau virtuel qui sautillait sur place en dodelinant de la tête. Seul un soupir vint dépasser ses lèvres et traduire son air blasé. Et alors que le chat s’élançait vers lui pour essayer de l’entraîner dans son ballet endiablé, j’aimerais, en temps que voix-off officielle, faire un petit point sur le comique de la situation qui est sur le point de se dérouler. Si l’on en croit un Pokédex, un mistigrix est un Pokémon dont le poids et la taille avoisinent ceux d’un chat domestique. Qu’est ce qu’un chat domestique dans cet univers me direz vous ? Aucune idée ! Mais ça fait la taille d’un mistigrix, soit 0,6m de haut pour environ 8,5kg. Jusque là tout le monde suit ? Bien. De l’autre côté nous avions un ossatueur, Pokémon reptilien particulièrement solide pesant aux alentours des 45kg selon le Pokédex et mesurant, selon le carnet de la baronne dans le cas de Charles, pas moins d’1m10. Ça y est, vous avez l’image ?

Ainsi, en théorie, le mistigrix aurait dû saisir la taille de l’ossatueur pour l’entraîner dans un tango enflammé ou on ne sait quoi. Mais dans la pratique, plus le chat se rapprochait, plus l’effet de perspective jouait en sa défaveur et lorsqu’il arriva enfin en face de sa cible, son immense perruque peinait à chatouiller le menton de sa victime. Charles ne broncha même pas, conservant son air résigné et lors qu’il tentait d’être déplacé. Laissant quelques versets au danseurs avant de pourrir son groove, il finit finalement par soupirer avant de saisir le greffier par la peau du cou, le soulevant comme un psystigri qui aurait fait une bêtise. Le relevant jusqu’à son visage, il lui lança.

- (Bien tenté mon p’tit pote. Pour faire quoi j’en sais rien, mais bien tenté quand même. )

Puis, ne lâchant pas sa prise, il fit demi tour vers la salle d’attente, en ouvrit la porte, avança le chat perruqué avant de le lâcher devant celui qui devait évidemment en être le propriétaire. Se tournant vers celle qui demeurait à ses yeux la plus sensée du groupe, il demanda par pure réthorique.

- (C’t’à vous ça je crois... )

Et sur ces mots il tourna les talons et referma la porte de communication. Pinçant l’arrête saillante de son museau, il finit par chercher à lire l’heure sur l’ordinateur encore en état de marche, de demandant quand est ce que sa patronne rentrerait enfin pour mettre fin à son calvaire. Il leva les yeux et au plafond et soupira de soulagement cette fois. De ce côté, rien à signaler ce qui en soit était une bonne nouvelle. De son côté, continuait à se dandiner alors que la musique avait cessé, trouvant tout de même dans sa banque de données le moyen de poursuivre le cirque précédent à sa manière.

(De 1:23 à 1:44):

- (C’est p’tet pas nécessaire, si ?)

Le porygon2 interrompu haussa les deux boudins qui lui servaient de bras mais stoppa tout de même son morceau. La luminosité baissait de plus en plus, aussi changea t’il de passe temps et se mit à allumer toutes les veilleuses et torches du bureau. Au moins pourraient-ils enfin y voir un peu plus clair.

Spoiler:

Le temps que Paolo allume les veilleuses, Charles était parti du coté de la machine à café se disant machinalement qu’une bonne tasse de ce sacré breuvage lui serait sans aucun doute bénéfique. Evidemment, c’était peine perdue sans électricité et il ne s’en rendit compte qu’après avoir appuyé trois fois sur le bouton d’allumage, de manière plus en plus exaspérée jusqu’à la réalisation du constat de départ. La baronne possédait bien une de ces vielles cafetières traditionnelles mais les seules choses que l’ossatueur savait à son sujet c’était qu’elle faisait un café d’exception, qu’elle était fragile et surtout chère. Très chère. Par contre en ce qui concernait son mode de fonctionnement… Tout concentré et perplexe qu’il était, il ne fit pas attention au courant d’air qui vint lui caresser le dos, chassant le froid dans un frisson réflexe.

De son coté par contre, le pokémon virtuel se retourna sur le passage du vent ne trouvant rien dans l’obscurité si ce n’était la porte de la salle d’attente mal fermée. Sans doute que les mains étant prises, son collègue n’avait pas fait attention au verrouillage de la poignée de porte tout simplement. Il n’avait qu’à en profiter pour leur amener une lumière à eux aussi tant qu’il y était. S’approchant de l’ouverture silencieusement, en même temps il est compliqué de faire du bruit lorsque l’on flotte, il passa la tête dans l’ouverture juste à temps pour constater la prise du selfie. Plusieurs problèmes à cette scène le firent reculer, à la limite de la panique. Déjà, la qualité de la photo. En temps que programme ayant pris vie et conscience, une telle abomination de pixels lui donnait la nausée. Ensuite le chapeau de Charles qui n’était évidemment plus sur sa tête après réflexion et qui causerait sans doute un drame diplomatique et enfin et surtout les deux yeux rouges brillant dans le dos de l’indélicat par l’effet de flash. Le courant d’air ne venait pas de la fenêtre apparemment et il n’avait pas l’air content. Se tournant vers le reptilien qui hésitait toujours à aller chercher la fameuse cafetière, il chercha dans sa base de donnée la formule la plus adaptée et diplomate pour résumer cette situation. Il opta finalement pour :  

Houston, we have a problem… :

- (Me dit pas qu’elle est descendue…)

A ces mots, Charles s’avança pour regarder par l’entrebâillement de la porte mais manque de chance, en apercevant son reflet dans la partie de verre flouté, il eut l’occasion de constater le haut de son crâne dénudé. Il n’eut plus qu’à additionner deux plus deux pour saisir le reste de la situation. Sentant son humeur monter, il installa en silence son os sur son épaule, à la manière d’un fusil de chasse, la petite réflexion de Paolo ne l’aidant pas vraiment à redescendre.

Les cons ça ose tout, c’est même à ça qu’on les reconnait.:

- (On oublie la patience et les bonnes manières, retour au plan. Carte blanche.)

Et joignant le geste à la parole, il tira un anti air qui vint faire exploser la vitre dans un fracas de tessons de verre. Son tir, d’une précision toujours impeccable, rata volontairement le garçon et ses deux Pokémons, le but n’étant pas de leur faire exploser la tête à bout portant fort heureusement. Néanmoins, le dresseur constaterait sans doute que le boulet qui venait peut-être de le frôler ne lui était finalement pas destiné quand il verrait l’endroit où il s’était logé. S’il se retournait il tomberait face à un absol à l’air contrarié et peu amical. D’une blancheur spectrale dans cette obscurité latente, immobile et tendue, seuls ses yeux d’un rouge brillant restaient fixés sur le garçon et laissaient planer une menace silencieuse. C’était en la voyant ainsi assise et calme que l’on constatait le plus facilement son imposante taille. Plus petite que le démolosse de la détective, elle possédait la grâce et l’envergure des grands félins dont elle était une digne représentante. A coté de sa corne, la poignée de la porte avait été remplacée par la pierre de l’anti-air qui s’était encastrée dans le bois et le métal, rendant toute ouverture par l’intérieur impossible.

Certes, il aurait été possible de forcer le mécanisme via télékinésie, mais il aurait fallu tout de même passer la panthère qui n’avait toujours pas varié de position. Comme son nom se suggérait, elle se complaisait dans le silence et la froideur, son regard ne traduisant aucune sympathie envers le visiteur impromptu. Son animosité presque palpable ne laissait en tout cas aucune place à un combat pokémon dans les règles de l’art, c’était évident. La seule voie de retraite envisageable était donc vers le bureau de la baronne dont la porte partiellement détruite venait d’être ouverte, l’ossatueur toujours en joue dans son encadrement. Comme pour encourager les trois clandestins à faire leur choix, la féline, le regard toujours fixe parvint à le durcir encore alors qu’un bourdonnement contrarié se fit entendre du fond de sa gorge. Comme pour appuyer le fait qu’elle n’adresserait pas un mot à qui que ce soit, humain ou pokémon, compréhension possible ou non, elle poussa un feulement qui laissa entrevoir des canines à l’air aussi amicales que leur propriétaire. Toute tentative de fuite dans ce sens serait bloquée et impossible, la voie était close. De son coté, Charles effectua un second tir de sommation vers le plafond, explosant dans l’indifférence la plus totale le plafonnier qui fit de nouveau pleuvoir des tessons de verre coloré. De toute façon, l’électricité était coupée, il ne risquaient au moins pas un court-circuit.

- (Ne tentez surtout pas un de vos tours de passe-passe, vous seriez déçus...)