[Terminé][S3] And he fallen down [Solène]

Lorsque Solène avait reçu l'appel annonçant l'accident de Méliodas, elle avait cru défaillir. Un immeuble sur la tronche ? Mais qu'est-ce qu'il était allé faire là-bas ? Pourquoi ? Que s'était-il passé ? Heureusement qu'il n'était pas mort, sinon, la bonne humeur habituelle de la dresseuse se serait éteinte d'un coup. Déjà que là, elle était super inquiète. Des blessures graves... Pourrait-il seulement guérir ?

Du coup, dès qu'elle avait appris la nouvelle, elle avait sauté sur le dos de Crocs de Feu, qui avait tout de suite compris l'urgence de la situation. Ni une ni deux, ils avaient filé jusqu'à l'hôpital, fendant l'air à une vitesse incroyable.

L'attente était insoutenable. Le personnel médical lui avait dit de patienter pour les visites. De patienter. De patienter. De patienter.
Attendre, j'aime vraiment pas ça... J'suis pas patiente j'ai envie d'tout péter... Quand il faut PATIENTER...
Heureusement, elle pouvait compter sur son Dracaufeu pour la soutenir et lui tenir compagnie pendant ces longues heures difficiles. Elle avait bataillé pour qu'ils le laissent rentrer, car normalement les pokémon n'étaient pas admis. Il avait dû passer dans une machine bizarre et bruyante pour être désinfecté, ce qui lui était fort désagréable en raison de sa faiblesse au type Eau.

Au bout d'un très long moment, alors que Crocs de Feu faisait l'andouille devant Solène pour tenter de lui changer les idées (avec plus ou moins de succès), une médecin sortit de la chambre et, après avoir froncé les sourcils en direction du pokémon, dit à la dresseuse qu'elle pouvait rentrer, mais que son chéri était inconscient pour le moment. Aussi, le Dracaufeu ne pouvait pas rentrer. Solène lui fit donc signe de l'attendre dehors.

Elle entra donc dans la chambre, son inquiétude au maximum. L'état dans lequel il était lui donna envie de pleurer. La tension de l'inquiétude, de l'attente devait retomber. Alors, pendant qu'il était encore inconscient, elle fondit en larmes. Ça ne lui arrivait pas souvent. Très rarement, en fait. Mais là... Il s'agissait de l'homme qu'elle aimait. Et elle s'inquiétait tellement...
Une fois sa crise de larmes passée, elle lui prit la main, et attendit. Elle était bien plus patiente que tout à l'heure : il avait besoin de ce repos, elle le savait.
Peu après, le champion ouvrit les yeux. Solène s'efforça alors de sourire, pour lui donner du courage. Son sourire, à lui, l'aidait énormément aussi. Il semblait souffrir mais il arrivait quand même à garder le sourire.

- Salut. Tu sais que même dans cet état, tu resteras la personne la plus magnifique à mes yeux. L'amour n'a que faire des cicatrices. Et... La prochaine fois ? Parce que tu comptes avoir un immeuble qui te tombe dessus tous les mois ? Non parce que sinon, faudra renforcer ton corps avec de l'acier, hein. Il paraît qu'un scientifique fou sait faire ça.

La rousse continuait sur le ton de l'humour, avec son éloquence caractéristique de quand elle était stressée. Elle avait peur pour lui, mais était contente qu'il soit assez vivant pour faire des blagues et lui sourire.

- Ouais, bah en attendant, la seule bombe que tu rencontreras, c'est moi, ha !

Elle avait répondu ça d'un ton faussement exagéré, montrant bien qu'il s'agissait d'auto-dérision. De plus, elle savait qu'il y avait des rumeurs étranges comme quoi elle serait une terroriste, rumeurs qui avaient sûrement déjà atteint le champion électrique, alors elle s'amusait à jouer de ça.

- Plus sérieusement, on ne sait effectivement pas ce qui arrivera, mais j'espère que tu n'entreprendras rien de trop dangereux. Et aussi que l'une des nombreuses catastrophes de Maïlys ne te tombe pas dessus...

Elle leva les yeux au ciel. Cette île avait traversé tellement d'événements terribles... Elle se demandait comment faisaient les habitants. Puis elle réalisa qu'avec sa volonté d'arrêter son long voyage ici, elle en deviendrait une, elle aussi, et devrait subir toutes ces catastrophes. Bah, si c'était le prix à payer pour rester avec Méliodas, ça valait largement le coup !

L'inquiétude du blond pour ses pokémon sortit Solène de ses pensées. Son équipe ? Ah...

- Non... Ils m'ont pas laissée avoir des nouvelles d'eux, ces sagouins. Ils sont dans une unité spéciale, dans l'aile des pokémon. C'est tout ce que je sais. Je ne sais pas qui a subi quoi... Et je me doute qu'ils doivent s'ennuyer, dans leur coin. Remarque, s'il n'est pas trop blessé, vu la capacité d'Alcaline à se glisser dans n'importe quel truc électronique, je me doute que lui a réussi à s'extirper de là. Peut-être qu'il pourra te rejoindre, qui sait ?

Elle espérait dire vrai, et que le Motisma puisse leur donner des nouvelles.

- Me raconter ? Oui, j'espère bien ! Je n'ai eu que peu d'infos sur ce qui s'est passé... Je veux tout savoir.

Solène était contente d'avoir pu le faire sourire. Elle se devait d'être forte pour lui, de ne pas céder à son inquiétude et à sa panique. Tout allait bien. Il allait se rétablir.
Mais il fallait qu'il extériorise ce qui lui était arrivé. Elle savait que ça l'aiderait, mentalement. Même si c'était difficile à entendre pour elle. Elle saurait prendre sur elle pour ne pas qu'il se sente encore plus mal en s'inquiétant pour elle.

Il raconta sa mission, le contexte dans lequel il était. Une bombe avait été posé dans la tour, et il fallait faire vite.
Lorsqu'il raconta son échec, Solène tint fermement sa main en retour, en signe de soutien, l'invitant à continuer. Elle voyait bien que ça lui coûtait, mais il devait en parler, il devait faire sortir cette expérience somme toute assez traumatisante pour lui.
Quand il céda à la colère, la rousse posa sa deuxième main sur la sienne, puis entreprit de lui caresser doucement le bras pour le calmer.

Elle commença simplement par dire, en lui souriant d'un air rassurant :

- Tu n'es pas obligé de cacher tes larmes, tu sais. Ce n'est pas honteux de pleurer, ça montre que tu éprouves des choses. Et à moi, tu sais que tu peux faire confiance. Alors lâche-toi.

Puis elle marqua une pause et réfléchit à comment formuler ce qu'elle allait lui dire.

- Tu n'es pas faible. Tu n'as pas failli à ta mission. Les champions ne sont pas des policiers. Ils ne sont pas formés pour désamorcer des bombes. Leur rôle est juste de faire des combats pokémon, à la base. Ils aident la Ligue à résoudre les problèmes de l'île, mais c'est une mission secondaire...
Méliodas, ce que tu as fait, c'était héroïque. Tu as risqué ta vie pour essayer d'en sauver d'autres. Bon nombre de gens se seraient contentés d'attendre les forces de l'ordre. Tu as fait ce que tu as pu. Ce n'est pas de ta faute si tu as échoué. Ce n'est pas de ta faute si l'immeuble a explosé. C'est de leur faute à eux, à Abyss.

Elle qui avait toujours été assez neutre concernant les conflits ligue-teamdeméchants, cette fois-ci, elle avait une profonde raison d'en vouloir à Abyss. Car c'était de leur faute si son aimé était dans cet état.

L'état de détresse émotionnelle dans lequel était Méliodas serrait le coeur de Solène. Il s'en voulait vraiment, alors qu'il n'y avait pas lieu de ça. C'était à Abyss qu'il fallait en vouloir. C'était eux qui avaient fait exploser la bombe.
En tout cas, Solène était contente que son aimé puisse se défouler. Même s'il ne cessait de répéter les mêmes choses, il mettait des mots sur ses mauvaises pensées et les exprimait. Cela lui permettrait de mieux les évacuer. Elle le savait car aux côtés de Crocs de Feu, elle avait pu confier ses craintes au pokémon dans les moments difficiles, et même s'il ne pouvait pas lui communiquer des paroles rassurantes, elle s'était rendue compte que simplement s'exprimer aidait beaucoup.

- Comme j'ai déjà répondu à ces questions, je vais simplement t'en poser une autre. Pourquoi es-tu devenu champion à la base ?

Elle espérait que cette question lui fasse reprendre espoir, qu'il renoue avec les raisons de sa passion, qu'il n'abandonne pas comme ça. Elle voulait qu'il lui dise de lui-même ce que signifiait être un champion pour lui.

Méliodas avait su réfléchir sur sa condition de champion, grâce à la question de Solène. Elle sourit, contente qu'il ait compris où elle voulait en venir, et qu'il y soit venu tout seul. Cela voulait dire qu'elle avait su faire ce qu'il fallait pour l'aider. Et quoi de mieux qu'aider quelqu'un dont le profond désir est de vouloir aider les autres ?
La dresseuse posa sa main sur l'épaule du champion et lui sourit.

- Ne t'excuse pas. Tu as eu le cheminement de pensée qu'il fallait. Ce n'est pas toujours facile de traverser ce genre de chose, et c'est normal que tu te sois laissé allé au désespoir. Ce qui compte, c'est de relever la tête ensuite.

Elle vit qu'il tentait de se relever et que cela lui faisait mal. Inquiète, elle s'approcha, puis rit à la blague de son aimé. Au moins, il avait assez d'énergie pour déconner. Elle le retrouvait bien là. Émue, elle s'approcha, et l'embrassa avec passion. Cela lui avait manqué, et mine de rien, cela calmait l'inquiétude qu'elle avait pu ressentir. Il était bien vivant, bien là. C'était tout ce qui comptait.

- Ta batterie est rechargée maintenant ?

Lança-t-elle pour continuer la plaisanterie. Leur complicité était ce qui avait causé leur rapprochement, au-delà de l'attirance physique. C'était peut-être anodin, mais le fait de rigoler ensemble était très important pour elle, car cela témoignait d'un lien certain entre eux.

Maintenant que Méliodas s'était ressaisi, Solène savourait les retrouvailles de leur complicité. Et d'un lien tout autre, cette fois-ci plus physique. Un lien qui allumait quelque chose dans le corps de la rousse. Aussi s'approcha-t-elle et murmura d'un ton sensuel :

- Jouer l'infirmière ? Encore l'un de tes fantasmes de costumes ? Hé hé... Tu ne changes pas, là-dessus. Je peux faire l'infirmière sexy quand tu veux, tu sais. Même si, pour l'instant... Je ne veux pas risquer d'abîmer encore ce joli corps.

Mieux valait en effet ne pas prendre de risques pour le moment, même si elle savait que leur désir était bien présent. Pour ça, ils devraient attendre. Et Solène attendrait, aussi longtemps qu'il le faudrait, malgré cette légère frustration de ne pas pouvoir céder à ses envies. Il fallait changer de sujet, sinon, elle savait qu'ils n'arriveraient pas à se retenir, ce qui était contre-indiqué à la situation médicale du blond. Sans compter que le personnel médical pouvait débouler à tout moment.

Aussi la dresseuse eut-elle l'idée de présenter à son aimé le nouveau membre de son équipe pokémon. Elle prit la pokéball concernée et la lança doucement, laissant apparaître un magnifique spécimen de Malamandre.

- Au fait, je ne t'ai pas présenté Venin Vaporeux ! Même si c'est un Malamandre, il se considère comme un mâle. C'est peu commun, mais son histoire est spéciale.

Le Malamandre en question semblait confus. Quel était cet endroit tout blanc ? Ayant toujours vécu en pleine nature, il n'avait jamais rien vu de semblable. Et qui était cet humain blessé ?
Son regard papillonna, lui donnant un air confus adorable.

- Venin Vaporeux, je te présente Méliodas. C'est mon, euh... Partenaire, la personne que j'aime et qui m'aime. Il a été blessé alors nous sommes dans un hôpital, pour qu'il aille mieux.

Le pokémon acquiesca, toujours confus cependant, et adressa un signe de tête timide au champion pour le saluer.