Salizyr avait l'habitude d'attirer les regards incrédules dans les magasins et les boutiques. Il était là, avec sa sacoche de Dresseurs, pokeballs en évidence, à faire ses courses comme n'importe quel autre Dresseur, ou même comme n'importe qui finalement qui avait des Pokémons dont il devait s'occuper. Sauf que lui, il était un Dracaufeu. Pas un Humain. Et les Dracaufeus faisaient “rarement” leurs emplettes comme ça dans un magasin quelconque. Si jamais on voyait un Dracaufeu en ville, alors c'était toujours accompagné par son Dresseur ; les Dracaufeus sauvages n’avaient généralement rien à faire en zone urbaine.

Seulement voilà : Salizyr était un Dresseur, et il s’octroyait de fait le droit de faire tout ce que pouvait normalement faire un Dresseur. Cela incluait donc le fait de pouvoir vivre comme un Humain et notamment aller faire ses courses dans un magasin de son choix. Et pourquoi pas un jour aller au casino ! La seule chose à laquelle il devait faire très attention, malgré tout, car il n’était pas non plus insouciant, c’était à ne pas déclencher d’incendie par inadvertance avec sa flamme caudale. Il faisait donc toujours très attention à ses gestes de la queue. Néanmoins, il valait mieux ne pas l’agacer dans ces moments-là, car le Dracaufeu avait tendance à agiter la queue sous l’effet de la colère ou même de l’agacement, et c’était alors prendre le risque qu’il mette le feu à quelque chose sans le vouloir. Tant qu’il était calme, du reste, il prenait la peine de faire très attention. Il gardait également les ailes bien repliées pour ne pas cogner un rayon et casser des articles en les faisant tomber.

Il aimait ce magasin de Mégapagopolis car les rayons étaient larges et espacés. Les gens ne se marchaient pas les uns sur les autres et le Dracaufeu avait beaucoup moins de risques de heurter quelque chose avec sa queue ou ses ailes ici que dans de petits magasins. Il lui semblait avoir reconnu la caissière, elle avait peut-être déjà été là une précédente fois où Salizyr était venu. Si c’était vrai, alors la caissière devrait beaucoup mieux s’en souvenir, cela avait dû la marquer d’avoir un client Dracaufeu à sa caisse. Les autres clients, en revanche, essayaient tant bien que mal par politesse de se contenir un regard curieux vers le reptile mais Salizyr savait très bien qu’il ne passait pas inaperçu. Et en réalité, ça l’amusait un peu. Il avait beau avoir une certaine maturité, parfois il aimait bien faire son beau. Salizyr avait un certain orgueil. Une fierté de dragon, diraient certains. Non seulement ça ne le dérangeait pas de se faire ainsi remarquer dans un magasin, mais il en tirait même un certain amusement.

Le Dresseur Dracaufeu finissait de faire le point sur ses besoins, dans le rayon des potions, et s’apprêtait à aller acheter des baies.

ç'était une bonne journée pour Frenchip : il avait reçu les royalties sur ses albums et sa disparition de la scène internationale avait déclenchée un raz de marée de covers et de groupes d'hommage, un peu comme si il était mort mais la pensée ne lui travrsa pas l'esprit : il faisait juste une longue pause. il choisit donc le plus grand magasin de la ville pour faire ses courses, s'accorda quelques nouveaux jeux vidéos pour son motismart et s'apprêtait à acheter des baies lorsqu'il vit un dracaufeu, seul, avec une sacoche de dresseur. Il en avait vu des choses au cours de sa carrière, comme des groupes exclusivement composés de pokémon, mais jamais de pokémon sans dresseur et encore moins de pokémon dresseur. Il fallait qu'il lui parle, ne serit-ce que pour avoir accompli ce nouvel objectif de sa bucket list.

JAck était tout aussi ébahi que son dresseur. UN. POKEMON. DRESSEUR. Un vrai ! libre comme l'air et apparemment de faire ses courses. Le rêve ! C'était comme croiser un héros. Hell, ç'était croiser un héros, rien de moins. Le petit pokémon était tout excité et tournoyait sur lui même : lui aussi voulait engager la conversation, s'en faire un ami, pourquoi pas un mentor. C'est ainsi que Jack ouvrit la conversation :

Jack : Bonjour ! JE crois comprendre à votre accoutrement que vous êtes dresseur...? Comment est-ce possible ? Les humains ne vous causent pas trop de tort ?

Le petit tarsal avait les yeux qui pétillaient. Il boulait tout savoir de ce dracaufeu apparemment génial. Il avait une foule de questions dans la tête mais, poli, se contenta pour commencer de deux premières. Frenchip, quant à li, s'adossa à un pilier après avoir fait une grande révérence au pokémon. ç'était le moment de Jack et il espérait qu'il allait pouvoir garder son ami auprès de lui. Qui allait lui faire à manger si il prenait son indépendance ? Qui allait le rassurer la nuit, qui allait tant de choses essentielles ?

Il n'était pas si courant que dans ce genre de situations, quelqu'un vienne l'aborder. Les gens étaient juste bien élevés, essayaient même de ne pas montrer leur étonnement, de ne pas trop regarder le Dracaufeu dans le magasin comme une bête de foire, et n'allaient ainsi pas lui parler juste pour le déranger... et pour lui dire quoi ? « Oh vous êtes un Dracaufeu Dresseur ? — Oui. — Oh incroyable ! Je ne savais pas que ça existait ! Bonne journée ! »... Un peu malaisant, non ?

Mais il arrivait malgré tout que certains ne résistent pas à la tentation. Et ce fut le cas ce jour-là. Un autre client s'était approché, mais c'est un Tarsal, visiblement son compagnon, qui prit la parole en s'exclamant d'un air tout excité :

JACK – Bonjour ! Je crois comprendre à votre accoutrement que vous êtes Dresseur... ? Comment est-ce possible ? Les Humains ne vous causent pas trop de tort ?

Quand le Tarsal évoqua les Humains, Salizyr glissa un regard vers celui qui se tenait un peu en retrait, adossé à un pilier. Celui-ci serait-il du genre à lui « causer du tort » ? Pourquoi fut-ce l'une des premières questions de ce Tarsal ?
Salizyr afficha simplement un petit sourire amusé et eut envie de répondre avec une petite taquinerie :

SALIZYR – Oh, je suis plus souvent interpellé par des Tarsals surexcités que par des Humains...

Il élargit ostensiblement son sourire pour bien lui montrer qu'il ne lui en voulait pas et qu'il ne faisait que le taquiner, sans même le connaître.

SALIZYR – Avant, j'étais comme toi, j'accompagnais un Dresseur. J'ai éclos de l'œuf chez lui, et j'ai grandi avec lui, comme deux frères, même s'il était toujours mon Dresseur. Et puis...

Avait-il vraiment envie de raconter ça à un inconnu comme ça, de but en blanc, au risque de casser l'ambiance ?

SALIZYR – ... les choses ont fait que je suis devenu Dresseur en prenant le relais pour accomplir ce qu'il aurait dû accomplir.

Salizyr sursauta presque quand l'Humain éclata de rire. A priori, il ne devait pas parler le langage Pokémon, Salizyr n'avait en tout cas encore jamais rencontré ni même entendu parler d'un Humain dont c'était le cas, et de toute façon l'éclat de rire n'avait pas directement suivi sa taquinerie, comme si, finalement, c'est plus l'air déconfit du Tarsal qui avait fait éclater de rire son Dresseur. Manifestement, le Tarsal n'avait pas tout de suite capté que c'était de l'humour.

Salizyr s'attendait presque à ce que le Tarsal, qui semblait empli de curiosité, lui demande quelles choses avaient fait qu'il était devenu Dresseur à la place de son Dresseur, le calife à la place du calife. Il n'en fut rien. Il changea juste complètement de sujet pour passer tout à coup aux présentations. L'Humain s'appelait Frenchip, il était « cool », tellement qu'il restait en retrait car il savait que cette rencontre était très importante pour lui. Ah ? Pourquoi était-elle importante ? Parce qu'il était un Dracaufeu ? Parce qu'il était un Pokémon Dresseur ? Ou pour une autre raison plus obscure ?

Le Tarsal expliqua la fonction de « roadie, manager et conseiller financier » – rien que ça, mais n'était-ce pas un peu la même chose dans ce contexte – et parla de faire carrière, comme si Salizyr était censé deviner dans quoi ils faisaient carrière. En tout cas, pas dans l'exploitation du pétrole, ça c'est sûr. Frenchip ressemblait plus à... une sorte d'artiste. Ce qui collerait avec le rôle que s'attribuait le Tarsal, qui parla beaucoup mais ne donna même pas son propre nom.

L'avantage, c'est que bien que Frenchip ne pût pas comprendre ce que disait Salizyr, il entendait simultanément les paroles du Tarsal. Au moins cela lui évitait d'être complètement exclu de la conversation. Entendre les paroles de l'un des deux interlocuteurs Pokémons, c'était déjà pas si mal.

Salizyr salua Frenchip d'un hochement de tête quand ce dernier fit quelques pas vers lui pour se présenter lui-même, puis il attrapa son carnet pour écrire très simplement, avec une flèche le pointant :

“SALIZYR”

Une rock-star et un Dresseur à la fois. Finalement Salizyr avait vu juste en pensant à un artiste.
Le Dracaufeu répondit au Tarsal qui s'imaginait que la vie de Dresseur ne devait pas être facile tous les jours :

SALIZYR – Je ne me plains pas. Mais pourquoi cette remarque ? Frenchip a du mal ?

Anticipant une réponse à rallonge de la part du Tarsal qui semblait volubile, Salizyr se mit aussitôt à écrire une petite question, et orienta son carnet de sorte que seul Frenchip pût la lire :

“Il est toujours aussi surexcité ?”

Auquel cas, en effet, ça ne devait pas être facile tous les jours...

Bon, Frenchip hossa la tête et se recula contre son pilier en essayant de dissimuler en gloussement, ainsi le Tarsal était effectivement d'un naturel surexcité, ce qui pouvait être drôle mais risquait de vite ennuyer Salizyr toutefois. Autant il aimait bien être un peu le centre de l'attention, autant il ne voulait pas non plus avoir une groupie dans les pattes.

JACK – Oh non, c'est un très bon dresseur, très aimant et plein de compassion, bien qu'un peu long à la détente parfois.

Au moins, le Tarsal n'avait pas sa langue dans sa poche. C'était au moins ça que Salizyr appréciait comme trait de caractère, sûrement pour cela qu'il arrivait aussi à avoir tant d'affection pour Flumoc malgré le manque de tact évident de ce dernier – il avait aussi déjà pu observer chez Flumoc un certain orgueil qui le faisait sourire et qu'il ne pouvait pas vraiment lui reprocher.
Le Tarsal lévitait toujours mais en faisant des mouvements qui semblaient mal contrôlés, sûrement à cause de l'excitation sûrement. Il allait vraiment devoir apprendre à se tempérer, lui.

JACK – Mais ! J'ai oublié de me présenter ! Je m'appelle Jack et je suis un Tarsal. Mais un jour je serai un Gallame grand comme vous et j'aurai des pokeballs contenant mes enfants que j'emmènerai partout avec moi !

Ouh là ! Il partait un peu en cacahuètes, là, non ? Alors comme ça il espérait devenir un Dresseur en formant une équipe avec... ses enfants ? Et dire qu'on trouvait que Salizyr était un phénomène...
Mais cela valait-il vraiment le coup de rebondir là-dessus ? Si c'était pour relancer le Tarsal sur un nouveau monologue, non. Définitivement non.

Salizyr se retint donc de réagir, contrairement à Frenchip qui eut son mot à dire quand Jack prétendit que son Dresseur serait perdu sans lui. Tous deux eurent un petit échange de bons sentiments. Heureusement que Jack avait quelqu'un comme Frenchip pour supporter son énergie.

JACK – Mais donc, Dresseur, vous faites aussi la quête des badges, la totale ? Nous sommes encore trop peu expérimentés nous-mêmes mais je compte bien pousser Frenchip à suivre cette noble voie.
SALIZYR – C'est au programme, oui. Je pense que mon équipe a maintenant le niveau pour se confronter à un premier Champion. Et j'ai déjà ma petite idée de qui je voudrais affronter.

Quand il avait rencontré Salizyr, cela avait été en la compagnie d'une Championne d'Arène. Inoke Miliani. Au moment où ils s'étaient laissés, Salizyr lui avait clairement fait comprendre qu'il viserait l'obtention du Badge Vœu.

SALIZYR – Combien de Pokémons êtes-vous dans l'équipe de Frenchip ?