Guess who's back?

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Ses bottes martelaient lentement le sol, la neige crissant sous chacun de ses pas. Le ciel blanc, ensoleillé, illuminait ses longs cheveux roux qui étincelaient comme une goutte de sang sur le paysage immaculé qui l'entourait. Le vent soulevait sa longue redingote bleue nuit qui ondulait au rythme de sa démarche. Son attitude était si élégante, si délicate, qu'elle ne perturbait aucunement le silence presque religieux qui trônait dans ce quartier de la périphérie ouest-sud ouest de Bordeciel. Quartier qui, aussi loin qu'elle pouvait s'en souvenir, avait toujours été particulièrement calme et qui était parvenu malgré l'influence des années à rester protégé de l'agitation incessante du centre-ville.

Derrière elle, la piste cyclable à sens unique était ornée d'arbres recouverts d'un voile pale. Au delà d'une longue rambarde de pierre richement sculptée qui protégeait les promeneurs et les enfants d'une chute qui aurait été fatale, cet immense boulevard sur lequel la Reine trônait tombait à pic plusieurs centaines de mètres plus bas. Elle s'arrêta et tourna son beau visage vers l'horizon.

De là, son œil unique scrutait le paysage qui s'offrait à elle. Il faisait beau. Particulièrement beau. Aucun nuage ne l'empêchait de voir l'île sur toute son étendue. Cette île pour laquelle elle avait combattu. Cette île qu'elle avait aimé, chérie, et sur laquelle elle avait appris à aimer également. Cette île où elle n'était pas revenue depuis tant d'années... elle avait perdu le compte. Ce qui l'avait empêché de revenir? Elle n'en savait rien. La vie a ses façons de vous offrir des excuses parfaites pour ne pas remettre le pied à l'étrier. Ce qui l'avait motivé à sauter le pas? Elle n'en n'avait pas d'avantage la moindre idée. Un coup de folie, un coup de téléphone, un billet d'avion, et la voici revenue à Port Lieucca. Nyx, son Trioxhydre, l'avait transporté jusqu'à Bordeciel le jour même. Et depuis qu'elle était arrivée, elle observait. Incertaine qu'elle était elle-même de ce qu'elle faisait là ou de combien de temps elle resterait.

Lyndia observait le monde, les gens, les télévisions. Tout lui paraissait à la fois totalement inconnu et totalement familier. Elle était chez elle, mais la maison avait été rachetée et redécorée. Elle reconnaissait les rues, les montagnes, l'agencement de l'île et les pokémon locaux; et pour autant elle ne comprenait pas ce dont parlaient les foules et les informations, pas plus qu'elle n'avait reconnue certaines zones de Maïlys quand elle les avait survolée.

Elle ne pensait à rien. Ce qui l'inquiétait terriblement. Depuis toujours cette faculté à verrouiller ses songes se manifestait bien malgré elle soit pour l'aider à se mettre en paix et pour méditer, soit pour interrompre un flot d'émotions trop intense qu'elle n'aurait su gérer.

Elle recula d'un pas pour ne pas effrayer la ligne de Frissonilles qui passa devant elle, le long de la rambarde, et ne reprit sa place qu'à la fin de la parade pour sortir une main gantée de rouge de sa poche et la poser délicatement sur le dernier pokémon de la file. L'insecte tressaillit, se débattit quelques instants, puis poussa un soupir dépité en se laissant retomber lourdement dans la neige. La réalité se tordit autour de lui, et le petit Zorua qui pensait avoir trouvé des proies faciles glapit à l'égard de la gêneuse qui le laissa enfin partir. La procession de pokémon glace accéléra le pas sous l’œil émeraude de la Reine Noire.

Sans un sourire elle restait là, immobile, et attendait.

Dans l’agitation d’un monde constamment en mouvement, Bahia se sentait parfois laissée de côté.

Peut-être était-ce en partie dû à son hospitalisation et à sa jambe. Elle était restée des mois à l’hôpital et la terre semblait avoir arrêté de tourner, prise dans une sorte de ralenti. Cette sensation ne l’avait jamais complètement quitté. La botaniste avait tenté de rattraper les autres, mais son corps était devenu un boulet et avec le temps, elle s’était contentée de s’asseoir et regarder autour. La colère l’avait souvent habitée, mais à présent, c’était plus une sorte de mélancolie qui s'agrippait parfois à ses arrières pensées. La jeune femme savait que sa vie ne reviendrait jamais comme avant et au final, elle devait simplement vivre avec cette idée et continuer son chemin à son rhytme. Bahia avait tout de même la chance d’être entourée d’humains et de Pokémons qui changeaient sa vie pour le mieux et malgré la tristesse, elle se sentait aussi incroyablement choyée dans son malheur.

La botaniste marchait lentement, profitant de la tranquillité de la rue pour ne pas trop se forcer. Cogneur retenait délicatement son bras, la demoiselle sentant parfois son regard sur elle. Bahia ne le voyait pas mais devinait que ses lianes étaient prêtes à se déployer au moindre mouvement suspect de sa part, ce qui était particulièrement rassurant. Elle souffrait encore de son rendez-vous chez le physio et ce, même s’il s’était terminé il y a quelques heures. À dire vrai, cet état de souffrance risquait de s’attarder quelques jours, la session ayant été bien éprouvante pour l’handicapée. Elle avait cru être capable de passer au travers sans l’usage de médicaments, mais elle s’était finalement convaincue du contraire avec amertume en voyant son incapacité à se déplacer ensuite. Le blindépique chromatique ne l’avait pas jugé, à dire vrai il avait été plutôt rassuré de la voir accepter les cachets. La peur qu’elle souffre lui était insupportable et il lui fallait tout le self control dont il était capable pour ne pas se jeter sur le professionnel de la santé, qui ne faisait que son travail. Après une avant-midi qu’ils préféraient oublier tous les deux, ils déambulaient dans la ville à la recherche d’un endroit pour décompresser. Écu marchait tranquillement à leur côté sans émettre un son, profitant simplement de la température et du calme ambiant pour se dégourdir.

Bahia ressera son épais foulard autour de son cou, ses doigts tremblant légèrement sous le froid. Cogneur lui attrapa la main et serra doucement avec sa grosse paluche, espérant la réchauffer un peu. Il y avait une enseigne de café au loin et ils décidèrent d’un commun coup d'œil de s’en rapprocher, toujours aussi lentement. La botaniste appréciait le paysage malgré le froid qui lui griffait la peau, son regard glissant sur l’horizon. Elle remarqua alors une silhouette qui lui rappelait étrangement quelque chose, ne pouvant s’empêcher de l’observer. Ils marchaient dans sa direction et la demoiselle se laissa aller à ses pensées, fouillant dans ses souvenirs pour mieux comprendre cette sensation de reconnaissance. Qui était-elle ?

La demoiselle s’arrêta lorsqu’ils furent à la hauteur de Lyndia, son regard se glissant finalement sur les Frissonilles qui avaient presque tous disparu, profitant de ce moment pour prendre une pause.

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Lyndia tourna la tête au son qui venait de s'interrompre à son côté. Le spectacle qui s'offrit à elle la sortit instantanément de son mutisme et de sa rêverie méditative. Une femme, jeune, belle, blessée et clairement épuisée, lui faisait face accompagnée d'un large Blindépique chromatique, tout aussi amoché qu'elle mais bien plus solide sur ses appuis.

Ce genre de vision réveillait toujours chez la Reine un instinct maternel et protecteur profond. D'aucun auraient pu croire à une forme de pitié, mais cela n'était jamais le cas. Elle avait vécu les conséquences de la Team Plasma à Unys, et avait fait front contre la Team Zodiac quelques années plus tôt ici même, à Maïlys. Elle avait connu les horreurs de la folie de ceux qu'elle considérait comme ses amis, autant que l'ambition bête et démesurée d'illustres inconnus qui faillirent s'accaparer le monde. Les spectres de Sebastian, Solem, Ophiuchus et de tant d'autres entités cauchemardesques la suivaient comme tant de marque-pages à chaque chapitre de sa vie. Et si, hormis son œil, les blessures de l'ancienne Championne étaient bien plus psychologiques que physiques, elles n'en n'étaient pas moins réelles.

En conséquence de cela, lorsque Lyndia croisait quelqu'un comme la personne qui se tenait en face d'elle, son attitude n'était mue que par un profond respect, et non par de la pitié comme nous l'avons dit précédemment. La Reine scruta la jeune femme et semblait la comprendre. Une compréhension mutuelle qui s'installait souvent entre anciens combattants désormais trop fatigués pour se soucier d'avantage de l'absurdité des combats de la vie, mais qui n'avaient rien perdu de leur force de caractère et de la droiture de leur morale.

"Excusez-moi." Elle s'écarta, comme pour la laisser passer, pensant que l'immobilité de l'inconnue n'était due qu'au fait qu'elle eut gêné sa promenade. "Avez-vous besoin d'aide?" Ajouta-t-elle sans une once de gêne ou de honte.

L'éventualité que l'inconnue l'ait simplement reconnue ne lui avait pas encore effleurée l'esprit.

Au moins, il faut beau aujourd'hui.

Les mains dans les poches de son habit, le Champion de l'Imaginarium laisse trainer dans son sillage les pans de son manteau. Il n'avais pas vraiment envie d'être ici, à Bordeciel, mais la Ligue lui imposait des séminaires à la nouvellement ouverte université sur le dressage Pokémon. Et à cause de son passé peu glorieux au service de la Némésis, il avait intérêt à rester dans les bonnes grâces de la Ligue et à marcher au pas.

Quelle plaie.

Il a eu l'impression de perdre son temps. Devoir faire face à des ignares qui n'ont attendu de lui que de nouvelles techniques pour assouvir des Pokémon, au lieu de lui demander comment ils pourraient se lier d'amitié avec eux, et distinguer les individus solitaires prêts à partir à l'aventure des femelles qui sont à la recherche de nourriture pour leurs petits. Tout cela peut être repéré dans le comportement des sauvages, et cela pourrait guider les captures pour éviter au maximum de briser des familles. Mais le dresseur lambda se moque de briser des familles.

Parfois, il se dit qu'il vaudrait peut être mieux qu'Angstorm réduise les conventions sociales en cendre en s'emparant du siège de la Ligue.

Mais lorsqu'il ce genre de pensées, ce n'est jamais vraiment sérieux. Ce ne sont que des choses bêtes que l'on se dit le soir, lorsque l'on défait sa cravate après une dure journée. Un peu de repos, et on pensera bien vite à autre chose de plus positif. Eon Fawkes a déjà tenté de changer les choses par la force, et ça a échoué. C'est bien pour cela qu'il a voulu changer le système depuis l'intérieur, en devenant Champion d'arène. D'ailleurs, il se plaint, mais avoir accès à l'éducation pourrait lui permettre de formater en partie la manière de penser des Dresseurs de demain. Cela va juste lui demander beaucoup de temps et surtout de patience.

Pour briser la monotonie du silence, il décide d'appeler à ses côtés Scipion. Il aime bien crâner à proximité de son Scalproie, cela donne l'impression aux foules qu'il a un garde du corps. Ajouter à cela son look de manteau et chemisette à cravate, on a l'impression d'avoir affaire à un busyness man très pressé qui ne supporterait pas qu'on l'aborde. Dans le fond, la dernière partie est vraie. Au moins maintenant, il peut marcher en étant bercer par les bruits métalliques des lames de son Pokémon qui s'entrechoquent.

Alors qu'il progresse paisiblement sur le chemin du retour, un spectacle peu commun attire son attention. Alors qu'une procession de Frisonnille avance sans rien demander à personne, une femme s'empare de l'un d'entre eux. Il s'arrête immédiatement, poussant un petit soupir inaudible. Va-t-elle s'amuser à maltraiter le Pokémon sans défense ? Mais alors qu'il était sur le point d'intervenir, l'illusion du Zorua est rompue. Son visage est frappé d'une stupeur non dissimulée. Ça alors ! Elle avait repéré le petit renard malgré son camouflage ? Impressionnant, même lui c'était laissé berner, et il a l'habitude de côtoyer un Zoroark. Qui que soit cette femme, elle doit avoir quelques talents.

Il s'approche alors tranquillement, comme un vieux fauve à l'affut, alors qu'au même moment, une autre jeune femme apparaît sur la scène. Il arrive à leur niveau, avant de les dépasser, son complice toujours sur ses talons. Il se plante au niveau de la procession des Frisonnille et là, ses pieds faisant crisser la neige une dernière fois, il attend simplement le bon moment. Un Zorua qui a repéré une proie facile ne va pas laisser son repas lui échapper aussi facilement, l'homme le sait pertinemment. Il n'a rien à faire alors, pourquoi ne pas attendre son retour et tenter d'attirer l'attention de cette mystérieuse femme ?

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Oliver écrit en [color=#666633]

Bahia observa les Pokémons qui disparaissaient les uns après les autres, laissant ses pensées aller au gré du vent. Une bourrasque froide lui hérissa les cheveux sur la tête et la botaniste se retourna alors que Cogneur lui picotait gentiment le creux de sa hanche avec son gros doigt boudiné, cherchant son attention. Elle sursauta en apercevant la dame à présent sur le côté, les regardant tous les deux. Ah, oui. La rue était plutôt étroite et le Blindépique prenait une partie de la largeur, l’autre rousse avait dû penser qu’elle était dans le chemin. L’handicapée allait prendre la parole, mais elle fut prise de court par l’inconnue, qui s’excusa et, étonnamment, lui proposa son aide. La professeur resta un instant stoïque, un peu surprise de cette familiarité. Elle le fut encore plus lorsque la voix grave et noueuse de son compagnon résonna dans son esprit, reliée par son Séléroc.

*C’est une ancienne championne.
Heeeh, vraiment !? Répondit la demoiselle à voix haute, sans réellement se rendre compte que la dame ne pouvait pas entendre le début de leur conversation, malgré que le fait qu’ils se regardaient avec stupeur le laissait le deviner.

Cogneur semblait certain de cette information et Bahia ne chercha pas à le contredire, il était bien plus au courant d’elle de ce genre de chose. Arthur et lui avaient combattu les champions de presque tous les continents, en plus d’avoir été champion eux-même. La botaniste se demanda si cette impression de la connaître venait de cela, plus jeune elle avait assisté à certains combats importants pour son père. Était-ce pour cela qu’elle lui proposait son aide? La demoiselle en doutait, elle possédait une bonne mémoire et si elle avait du mal à remettre ce visage dans la bonne case, elle se doutait bien que c’était la même chose de l’autre côté. Un peu gênée par le mystère et la beauté qui entourait l’inconnue, Bahia se dépêcha de lui répondre après que son Blindépique lui ait parlé de son titre.

Pardonnez moi, Cogneur semble vous reconnaitre. Euh, mon Blindépique, voilà. Il me dit qu’il s’est déjà battu contre vous. Le grand Pokémon plante salua simplement, bien conscient néanmoins qu’elle en avait vu des centaines et qu’il ne risquait pas de ressortir du lot. C’est gentil de…

La rousse s’était tu un instant, sa petite voix étant couverte par les sons que faisait un autre Pokémon. Un homme aux allures pressées était passé à côté d’eux et lorsque son Scalproie s’arrêta enfin derrière eux, la demoiselle reprit la parole, celle-ci étant un peu plus aiguë.

- Hm, en fait, on cherche un café ou s’arrêter…

Bahia sentait l’autre inconnu derrière elle et se sentait quelque peu coincée, elle qui avait voulu profiter de la tranquillité des lieux. Le Blindépique sentait son anxiété et grogna, visiblement prêt à reprendre la route. Il y avait suffisament de gens ici, il était temps de mettre les voiles.

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L'aptitude des humains à communiquer avec leurs pokémon s'était exponentiellement accrue au fil des dernières années depuis que les pokémon psy avaient appris à être utilisés dans ce but. Aussi, lorsque la jeune femme se tourna vers son Blindépique pour lui répondre avant de répondre à Lyndia, cette dernière n'en fut pas surprise outre mesure.

Ce que l'inconnue dit ensuite fut toutefois plus surprenant. Non pas que la Reine fut étonnée d'avoir déjà affronté ce pokémon, ca c'était loin d'être improbable, mais elle ne put s'empêcher de noter que la jeune femme avait bien précisé que c'était lui qui l'avait affronté. Et non elle-même. Une nuance que peu de dresseurs faisaient, et qui fit naître des questions dans l'esprit de l'ancienne Championne. Toutefois le risque d'évoquer le souvenir douloureux d'un dresseur défunt ou maltraitant était trop gros pour que Lyndia ne décide de se pencher d'avantage sur cet aspect de la conversation. Elle se contenta de se redresser, de jauger le Blindépique, de lui sourire et s'apprêta à lui répondre lorsqu'un bruit métallique se fit entendre.

Un bruit que Lyndia ne connaissait que trop bien et qu'elle n'eut même pas besoin de confirmer pour le reconnaître. Celui d'un Scalproie qui fait le fier. Athos, le Scalproie de Lyndia, était un peu comme ça lui aussi. Comme la plupart des pokémon de cette espèce. Fiers, parfois orgueilleux. Mais si la jeune femme savait comment gérer des pokémons ténèbres, elle savait d'autant plus se méfier de leurs dresseurs. Surtout quand ceux-ci dégagent une aura semblable à celle que dégageait cet inconnu.

Lyndia n'était plus la police de Maïlys. Elle n'était plus le Général qui mène les combats au front. Mais autant qu'elle voulait se détacher de tout cela lorsque quelqu'un lui faisait forte impression, il était dans sa nature profonde de vouloir le surveiller, l'observer. Son ancien instinct d'écrivaine-chercheuse qui se manifestait sans doute. Soit. Cela n'était de toutes façons pas incompatible avec la situation actuelle. Une ombre passa au dessus de la scène. La Reine Noire n'avait pas besoin d'en vérifier l'origine, c'était Nyx, son Trioxhydre, qui décrivait dans les cieux de grands arcs réguliers, dégourdissant ses ailes en veillant de loin sur sa maîtresse.

"Vraiment? Veuillez m'excuser, mes années de combat sont bien loin de moi désormais. Et j'ai fait face à trop d'adversaires pour tous me rappeler de chacun d'eux à l'époque où j'administrais le Conseil."

L'habitude de parler de son passé aussi nonchalamment avec Athéna et dans sa vie de tous les jours depuis qu'elle avait déménagé à Unys lui fit oublier qu'on ne l'avait, a priori, pas encore reconnue. Elle avait toutefois articulés ces mots assez fort pour s'assurer que l'homme les entende également. Ce serait un bon test. Toutefois, elle ne put s'empêcher de se demander si cela ne paraitrait pas quelque peu pompeux ou hautain à la jeune femme qui avait la priorité de sa conversation. Aussi se rattrapa-t-elle aussitôt en pointant du pouce une enseigne juste derrière elles.

"Le glacier qui est juste ici sert également des cafés, chocolats chauds et toutes autre sortes de bons digestifs. Permettez-moi de vous accompagner. Cela fait longtemps que je n'ai pas discuter avec un ancien adversaire. Et sauf votre respect, je pense qu'il vous ferait du bien de vous asseoir."

Là encore il n'y avait aucun mépris, aucun jugement dans le ton de la Reine. Juste cette hauteur involontaire que l'on rencontre parfois chez les nobles et les richards, peu importe l'éducation et la générosité réelle de ceux-ci. Mais si la forme pouvait laisser à désirer, et que Lyndia comprendrait que l'inconnue lui fasse faux-bond, elle avait raison sur le fond: de l'extérieur, Bahia avait l'air épuisée et de réellement souffrir. Aussi Lyndia se décala-t-elle, comme pour l'inviter à la suivre vers le lieu qu'elle lui avait désigné, une enseigne aux murs rouge bordeaux et dont la devanture présentait fièrement le nom "Métayer".

Il ne détache pas son regard du manteau de neige qui recouvre le sol, et s'il ne semble rien laisser transparaître, il est pourtant fasciné par les différentes formes de traces de pattes qui viennent souiller la candeur de la toile. L'illusion d'un Zorua ne peut pas être assez puissante pour couvrir une file entière d'empreinte. Il y a donc bien les empreintes de celles des Frissonille, et celles du petit renard. Et pourtant, même lui n'a rien vu venir. Cette femme n'est vraiment pas n'importe qui, et ça l'intrigue énormément. Mais comment l'aborder ? Elle parle à présent avec une autre parfaite inconnue. Il serait grossier et mal avenu de s'insérer ainsi dans la discussion, à moins qu'il ait un bon prétexte. Enfin, sur ce dernier point, il est rassuré. Son petit doigt lui dit qu'il ne devrait pas tarder à en trouver un, pire, qu'il serait servi sur un plateau d'argent. Il lui faudra juste être patient.

"Vraiment? Veuillez m'excuser, mes années de combat sont bien loin de moi désormais. Et j'ai fait face à trop d'adversaires pour tous me rappeler de chacun d'eux à l'époque où j'administrais le Conseil."

Tiens donc. Une ancienne conseillère ? On dirait qu'elle n'a pas froid aux yeux, de lui livrer ainsi une telle information. Voyons voir... Il essaie de fouiller dans ses souvenirs, du temps où il était encore membre de la Némésis et où il avait accès aux fichiers d'Eon. Il a une bonne mémoire pourtant, mais il est incapable de se rappeler du visage de la femme. Soit sa mémoire n'est pas aussi infaillible qu'il le souhaiterait, soit les fichiers de la Némésis n'était pas si précis que ça. Bah, à ce niveau là, plus besoin d'enfoncer un clou dans le cercueil de l'organisation déjà mis en terre depuis longtemps.

Il redresse alors la tête, balayant cette fois-ci les alentours du regard. S'il te plait, ne me fait pas mentir... Il est sûr qu'il va venir, et pourtant tout est tranquille. S'il tarde trop, il va rater l'occasion parfaite d'aborder les deux femmes.

"Le glacier qui est juste ici sert également des cafés, chocolats chauds et toutes autre sortes de bons digestifs. Permettez-moi de vous accompagner. Cela fait longtemps que je n'ai pas discuter avec un ancien adversaire. Et sauf votre respect, je pense qu'il vous ferait du bien de vous asseoir."

Que cela est contrariant... Mais alors qu'il pense tout espoir perdu, un signe apparait dans le lointain. Une simple ondulation qui aurait presque pu se perdre dans l'horizon, pour qui ne sait pas ce qu'il recherche. Enfin, il peut aborder les deux inconnues.

Pardonnez-moi de m'imposer ainsi, Mesdames. Mais pensez-vous qu'il est bien prudent de partir ainsi, tournant le dos à un ennemi ?

Il se retourne, affichant un sourire charmant

Laissez moi me présenter. Oliver Raporow et disons... que je suis en quelque sorte un spécialiste du Type Ténèbres. J'ai été très impressionné de la façon dont vous avez repéré ce Zorua, même moi je me suis fait avoir. Cependant... un Pokémon affamé qui vient de rater sa chasse ne va pas abandonner comme ça.

Il désigne alors un banc un peu plus loin, dans la direction où le petit renard avait, selon toutes apparences, décidé de filer. Et voilà qu'au pied même de ce banc, la petite fripouille tentait de se dissimuler, sûrement prête à prendre une nouvelle apparence.

Le Champion de l'Imaginarium a bien envie de tester l'inconnue, voir l'étendue de ses connaissances sur les Pokémon de type Ténèbres, et surtout la voir à l'action.

Pour le moment, il fait comme si on ne l'avait pas vu. Mais si on ne s'occupe pas de lui, il risque de vous tourner autour toute la journée. Qu'allez-vous faire ?