[Complet (2/2)] L'amour maternel

Le soleil brillait de mille feux et dardait de ses rayons les plages accueillantes de l’île du croissant en cette belle journée d’été. Sur la côte touristique du bord de mer, le serviettes et les transats semblaient pousser comme des champignons dans un marais offrant la possibilité à tout adepte du bronzage estival de griller son capital UV en un aprés-midi de détente. Parfois une douce brise marine s’immisçait entre chaises longues et parasols pour rafraichir les peaux ou faire s’élever quelques grains de sables aventureux le temps d’un éphémère ballet aérien. Cela ne faisait aucun doute, cet univers fleurait bon les vacances, la détentes et le calme aux yeux de toutes les personnes présentes ce jour là. Toutes, non puisqu’une seule et unique rebelle luttait toujours et encore à l’appel de la mer. Vous devinez qui bien entendu ?

Vêtue de son corset rouge et bruns, arborant fièrement une lavallière écarlate tout en étant juchée sur de hauts compensés de plage, la baronne de saint-gil marchait à quelques mètres des premères serviettes pensant parfois tout bas, parfois tout haut. Cela faisait longtemps qu’aucune affaire ne s’était présentée à elle et par longtemps cela voulait dire presque une éternité à son niveau aussi lorsqu’un professeur lui avait offert la possibilité de faire travailler ses méninges pour retrouver un pokémon disparu, l’occasion lui avait paru trop belle pour être déclinée.
—D’autant que le prix de la commission n’était pas inintéressant—

Or quelques petits problèmes techniques venaient froisser le papier à musique sur lequel devait se graver son rythme de travail et cela ne lui plaisait qu’à moitié voir même pas du tout. Tout d’abord elle devait se faire accompagner du pokémon dont elle devait retrouver la mère ce qui d’une part lui était des plus inhabituel alors que d’autre part la perspective que quelqu’un, humain ou pokémon, veuille retrouver sa génitrice lui semblait être une idée des plus farfelues. Se basant sur sa propre expérience elle n’aurait jamais ne serait-ce que levé le petit doigt pour revoir la sienne mais là n’était pas le problème principal, non une telle banalité ne l’aurait pas dérangé outre mesure en temps normal. Le problème venait du lieu de recherches lui même et elle se blâmait pour ne pas avoir réfléchi plus tôt à ce contretemps. Tout en se heurtant à son propre orgueil qui ne voyait pas où se situait le problème. La mer. La grande bleue ne lui posait pas de problème en soi, la nage non plus même si sa tenue n’était pas adaptée à cette activité somme toute. Ce qui bloquait était la perspective d’avoir à se déplacer non pas autour ou dans l’eau mais plutôt sur cette dernière à l’aide d’un moyen de floraison quelconque. Elle avait horreur de tout ce qui flottait et il était hors de question qu’elle déroge à ses principes en venant ici. Poussant un léger soupir dans l’espoir d’éloigner ses petits tracas, elle replaça sa longue crinière laissée libre pour l’occasion et s’intéressa au monde autour d’elle, faisant grandir en un éclair le petit sourire malicieux qui ne la quittait jamais.

- Donc ton professeur m’a dit que nous cherchions une sirène… C’est pas ce qui manque y en a plein la plage, tous les modèles possibles et imaginables ! Mi-femme-mi-thon, mi-femme-mi-morue… Choisis celle qui te ferais plaisir !

La détective avait lancé cette remarque par dessus son épaule en direction de la petite otarie encadrée par Charles et Gustave, servant pour le coup de baby-sitters, mais assez fort pour que des sursauts outrés ne s’échappent des serviettes les plus proches. Ravie d’avoir fait son petit effet la jeune femme cessa d’avancer, suivant du regard son démolosse, lui aussi de sortie pour l’occasion. Il fallait dire que son flair était un atout précieux pour retrouver les choses perdues, y compris les êtres vivants. Charles, l’ossatueur au chapeau melon vissé sur le crâne profita de l’arrêt de leur patronne pour se tourner vers le Mackogneur qui fermait la marche depuis un moment et pour cause. Penché sur l’otarie, il tenait dans l’une de ses mains une petite balle avec laquelle il jonglait pour attirer l’attention de la petite créature, visiblement déjà sous le charme. Posant son os sur son épaule le reptilien l’interpella amicalement, faisant raisonner son accent plus gouailleur qu’un jambon-beurre à la terrasse d’un bistrot.

- (Regarde toi espèce de grand dadais… T’as pas honte de faire l’andouille comme ça ?)
- (Mais elle est tellement mignonne ! Avec ses petits yeux, et son petit nez et ses petites pattes et…)
- (Ouais ouais ouais j’ai saisi elle est choute la gamine, mais au moins sauve les apparence quoi.)
- (J’y peux rien Charlie, je la regarde et je fond !)
- (D’ailleurs t’as un nom gamine ?)

Cette conversation fut bientôt interrompue par la baronne qui dans un demi-tour sableux vint s’accroupir élégamment dans le sable pour s’adresser à la petite otarie qui l’accompagnait sagement depuis un moment déjà. Joignant ses mains ensemble, elle ne tarda pas à croiser les doigts à l’exceptions de ses index et de ses pouces, restés droits et figés pour accompagner une expression pensive.

- Bon, c’est pas très conventionnel mais je ne vois pas où est le soucis à te poser des questions, certains de mes clients étaient aussi fins et subtils que des férosinges ! Au cas où Charles tu serviras d’interprète. Donc si j’ai bien compris tu as perdu ta maman dans un accident et la seule piste qu’on ai c’est cette plage… Tu as une petite idée de ce par quoi on pourrait commencer ? Un souvenir… Un objet… Un traumatisme… Je prend tout et on va faire le tri toutes les deux ok ? Et comme ça tu peux continuer à jouer avec tonton Gus après.

A l’entente du surnom donné au culturiste, Charle ne put s’empêcher de ricaner. La baronne quand à elle se montrait avenante et agréable, prête à récupérer la moindre petite info utilisable par l’intermédiaire d’une réaction ou d’un geste plus ou moins conscient. Après tout, son équipe, lui servant plus d’employés que d’objets de dressages, lui avaient plus que largement prouvé que les pokémons comprenaient largement le langage humain.
—C’est dans le sens inverse que ça bloque, c’est dommage non ? —

Hrp:

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Haussant les sourcils en voyant l’taquin fondre en larmes, la jeune femme poussa un léger soupir peu persuadée des éléments qu’elle pourrait apprendre par ce biais. Charles, à la base plus intéressé par l’enquête que par le comportement de la petite invitée et de Gustave le mackogneur qui jouait les nounous se trouva tout à coup mû d’un mouvement de panique par la puissance du power-play. Regardant le culturiste qui avait toujours la balle en main il lui fit signe tout en demandant vivement.

- (Comment tu l’arrêtes ?! Refais ton machin avec la balle, j’préfère quand elle pleure pas !)

Levant les yeux au ciel devant le comportement totalement inadapté de ses pokémons, la baronne ramassa un coquillage qui trainait et se mit à jongler avec entre ses doigts comme le ferait un joueur de poker avec un jeton. Puis le tenant entre deux doigts elle passa sa deuxième main devant, le faisant disparaitre. Pour finaliser la chose elle fit mine d’aller le chercher derrière l’oreille de la petite otarie avant de lui tendre. Normalement si ses souvenirs étaient bons, les enfants adoraient ce genre de petits tours alors pourquoi ne serait ce pas le cas d’une bébé pokémon ? C’était bien la seule chose qu’elle avait appris lorsqu’elle avait dû infiltrer une crèche-garderie pour le bien d’une enquête. Le pire job qu’elle eut à endosser de sa vie, quoi de plus normal lorsque l’on n’aime ni les enfants ni l’impression maternelle qui vous a été offert durant toute une enfance. Mais au moins avait elle appris quelques trucs comme le fait que pour calmer les enfants bruyants les petits tours de magie étaient fantastiques.
— Et le fait que le yaourt ça ne part pas sur le daim—

- Charles va chercher des churros au stand là bas veux-tu ?

Le reptilien aurait le temps de se détendre et de se rendre utile comme ça. Toujours accroupie, la baronne ne vit pas arriver la jeune femme sur son ponyta —qui devait s’être fait amputer des deux jambes pour tenir sur un ponyta sachant que ses bestioles mesurent un petit mètre— ce qui ne fut pas le cas de César qui bondit tout crocs dehors et aboyant furieusement. Il ne suffit que d’un claquement de doigts de la part de sa propriétaire pour qu’il ne cesse mais tout de même, la détective resta perplexe devant l’arrivée soudaine d’une personne dans son espace vital. Qui plus était, moi même en temps que narrateur omniscient de grande expérience je fus aussi étonné par l’absence d’exposition de situation dans la réponse précédente.
—On peut continuer ou tu vas faire un cirque ?—

Je faisais juste remarquer qu’un post plus détaillé eut été le bienvenu mais puisque c’est la Bonanza par ici passons. Je disais donc que la jeune dresseuse vint taper sur l’épaule de la baronne sans faire preuve de la moindre correction, ce qui arrive souvent lorsque l’on ne sait pas à qui l’on s’adresse. C’est ce qui arrive quand on fait des fiches trop longues, personne ne les lit et on ne sait pas comment s’adresser à son prochain. Enfin, je suis partiellement responsable là dedans c’était aussi moi la voix off de cette fiche, j’aurais dû m’en douter… Enfin bref, en entendant la question la brunette conserva son air égal avant de déclarer, les yeux vagabondants sur l’avis de recherche.

- Non c’est le pape et elle attend sa soeur. Par contre elle là bas elle cherche la maman de son otaquin.

En effet en arrivant à la plage, la baronne avait soudoyé fort cher la première touriste alolaise qu’elle avait vu en compagnie d’un otaquin afin de pouvoir se rabattre dessus en cas de besoin. Ainsi en échange un gros billet la dresseuse avait accepté de faire du bruit en déclarant qu’elle cherchait la maman de son pokémon. Et heureusement, elle était comme ça la baronne. Généreuse avec les pots-de-vins. Cela devrait être suffisant pour éloigner la dresseuse. Se relevant elle fit signe à son mackogneur et son démolosse qu’ils allaient bouger et rattrapa son ossatueur alors qu’il revenait avec un cornet de churros tout en lisant un journal. Il était lent à cet exercice mais il adorait ça. Attrapant la feuille de chou au vol, la détective indiqua au reptilien.

- Partage avec la petite, j’ai un coup de fil à passer.

Disparaissant dans une grotte sans pour autant perdre de réseau, ses pokémons sur les talons, la jeune femme pianota sur son téléphone avant de le coller à son oreille. Au moins ici personne ne viendrait la chercher, ils étaient totalement hors de vue. Parlant d’un ton beaucoup trop avenant, même pour elle, elle demanda à la personne au bout du combiné visiblement contrariée.

- Oui professeur ? La baronne de Saint-Gil à l'appareil. Je tenais à vous faire savoir que les recherches avancent mais j’ai tout comme l’impression que vous avez tenté de me doubler. Un mot d’explication avant que je fasse la même chose avec mes tarifs ?

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La baronne n’aimait qu’à moitié la réponse donnée par le professeur au téléphone. Soit tentait t’il de jouer au plus fin en faisant semblant de ne pas comprendre la question soit n’avait il vraiment pas saisi ce à quoi la jeune femme faisait allusion. Roulant les yeux et pinçant les lèvres, la jeune femme répondit simplement.

- Je sais bien que la mère de Saphira doit se trouver dans les environs. Mais ce que je ne sais pas c’est pourquoi d’autres dresseurs semblent s’être passés le mot concernant mes recherches.

Elle avait insisté sur le pronom possessif dans cette phrase, histoire de bien faire comprendre ce qu’elle voulait dire cette fois. C’était toujours la même chose à son goût avec les hommes de science, dès que la question ou la requête sortait de leur zone de confort, ça virait à la panique. Afin d’être certaine que le message passe et ce clairement, elle demanda en adoptant un ton faussement interrogatif. Marchant de long en large avec son démolosse sur les talons.

- Vous n’auriez pas publié l’avis de recherche après m’avoir engagée par hasard ?

Pendant ce temps du coté des pokémons, les churros semblaient avoir fait leur effet et la petite otaquin paraissait ravie de pouvoir grignoter quelques gourmandises sucrées. Le mackogneur toujours aussi protecteur se cala devant la dresseuse venue prendre des nouvelles, d’un air laissant entendre qu’il ne faisait pas confiance aux inconnus. Tout de même on apprend ça aux gamins. Par contre l’idée de l’eau était pas mauvaise en soi, lui même avait besoin de boire après les beignets fris. Voyant une petite fontaine non loin, le colosse se baissa au niveau de l’otarie, lui présentant une de ses grandes mains à plat pour lui proposer.

- (Tu veux aller boire ? Et je t’emmène sur mes épaules !)

C’était un sacré tour pour une petite créature, une occasion à ne pas manquer. Quand à Charles, cornet de churros toujours en main, il observait la dresseuse inopportune trainer la touriste en ricanant. Ca lui apprendrait à essayer de se mêler des affaires des autres. Cependant, et alors qu’il s’apprêtait à retrouver sa patronne, un éclat de voix lui fit tourner la tête vivement, lui faisant presque perdre son chapeau melon.
—Presque, heureusement la catastrophe atomique est évitée—

La dresseuse avait réussit à épuiser la patience de la touriste assez vite et efficacement pour que cette dernière oublie la somme qui lui avait été donnée et tourne les talons, non sans laisser transpirer son léger agacement. C’était pas bon pour les affaires de la détective ça, l’ossatueur n’avait pas mit bien longtemps avant de s’en rendre compte. Accélérant le pas pour retrouver la jeune femme qui venait de raccrocher, il la poussa pour qu’elle s’enfonce dans la grotte devant laquelle ils se trouvaient. Le mackogneur, sans doute accompagné de Saphira les aurait rejoint bien évidemment. Se retrouvant poussée pour une raison qui lui était inconnue, la baronne se laissa guider cherchant néanmoins la raison de son comportement, raison qui se profila bien vite non loin de là où ils se trouvaient.
—La corruption de nos jours… Triste époque—

- Excellente initiative. Bien ! Allons explorer les récifs au bout du tunnel, ces choses ont tendance à retenir facilement les choses du large ramenées par les courants. Saphira petite puce, si tu vois quelque chose de familier, tu cries !

La petite troupe déboucha sur une crique déserte pour une raison obscure. Enfin qui semblait obscure. Les récifs et les rochers rendaient la zone difficilement praticable et qui plus était, de nombreux déchets étaient accumulés, dérivant mollement comme des viscuses dans une mare. Pinçant les lèvres d’un air contrarié en voyant ce gaspillage et ce manque de respect, l’aristocrate n’avait pas envie de faire de vieux os dans cette zone sale au possible. Puis il y avait un bébé avec eux. S’adressant à la petite otarie elle lui confia.

- Bon petite puce, ton professeur a essayé de me prendre pour une amatrice (pour pas dire une truffe)… Mais comme tu est mignonne toute plein on va continuer les recherches et il me paiera pleeeeeeein de sous plus tard. Alors comme c’est très sale ici, je préfèrerais que tu restes dans les bras de Gustave. Et si t’es sage, je t’offrirais un collier avec une petite bille brillante dessus.

Le summum de l’honneur, la beauté à l’état pure, la rareté alliée à l’esthétique ! La petite bille brillante ferait son effet il n'y avait pas de doute possible. Et qui plus était, le colosse avait 4 bras donc il pourrait la porter et continuer à jouer à la balle avec elle si elle en avait envie.

HRP: