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 [Terminé][Solo] Marquée par les ombres

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MessageSujet: [Terminé][Solo] Marquée par les ombres   [Terminé][Solo] Marquée par les ombres EmptyJeu 21 Juil 2016 - 21:49


Marquée par les ombres



Météo : Ciel dégagé
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Il ne s'était pas passé un jour sans qu'ils ne me traquent sans relâche. Je vivais à présent dans une crainte constante qui étreignait ma poitrine d'un mal toujours plus douloureux. Elle était devenue ma compagne, mon amie et mon unique alliée : tous les autres m’avaient tourné le dos dès qu'une prime fut mise sur ma tête. La récompense était plus que flatteuse : elle égalait le montant des plus grands criminels de la région, à croire que j’étais bien plus qu’une hors-la-loi. Et c'était le cas : je n'étais pas une simple fugitive, j'étais une déserteuse. La désertion est un crime puni d'un châtiment bien pire que la mort et payé par des années de tourmente sans salut possible. Il est drôle de constater à quel point les amitiés étaient fragiles et fugaces, aussi changeante que la lune dans sa course nocturne. Un jour, ils se déclarent être votre camarade, prêts à vous soutenir dans n'importe quelle circonstance, pour vous planter un couteau dans le dos le lendemain lorsqu'ils apprennent la somme que vous représentez. Il n'y avait donc que ça qui guidait les actions des hommes ? La cupidité ? L'opulence ? La luxure ? Si pour se complaire dans ses ignominieux péchés l'humanité était prête à se rouler dans la boue comme un vulgaire cochon, je préférais fuir et me retirer de ce monde sans aucun regret. Telle était ma pensée depuis que j'avais trahi le seigneur Shikimura.

Je pouvais critiquer ce système autant que je le voulais, cela n'effacerait jamais mes erreurs passées. Oui. J'étais en faute moi aussi. Mon crime était double : dans mon ignorance, j'avais soutenu un tyran dans sa dictature, blessant la population d'une manière que je n'imaginais pas, puis apprenant la vérité, j'avais renié celui qui m'avait accueilli sous son toit à une époque où le monde me rejetait. Pour ces manquements à mon devoir envers moi-même et ma famille, pour ces mensonges qui avaient régi ma vie jusqu'à présent, je ne purgerai jamais suffisamment mes peines, quelque soit le prix de mes efforts. Je n'avais pas le droit de mourir : ce serait une insulte envers ceux qui avaient souffert par ma faute et irrespectueux envers ceux qui avaient pris soin de moi. Je me destinais donc à une vie de souffrance, de pénitence et de modestie. Réparer ces erreurs était mes premiers pas sur le long chemin de l'expiation.

Le despotisme instaurée par les seigneurs de la région avait soulevé des vagues de rébellions disséminées un peu partout dans Kanto. Au début, elles étaient faibles, insignifiantes, peu organisées et très ponctuelles. Il s'agissait pour la plupart de révoltes spontanées que les autorités réprimaient aussi rapidement qu'efficacement, suite à une injustice ou un abus -toujours plus nombreux- sur la population. Le caractère impulsif et éphémères de ces émeutes n'avaient pas alarmé immédiatement les nobles de la région ; ils n'y voyaient que de petites perturbations au milieu d'une mer de tranquillité. Mais laissez ces minuscules agitations, aussi éloignées soient-elles, perdurer un peu trop longtemps et vous verrez qu'elles finiront par créer des ondes ; des ondes qui se propagent, s'étendent de plus en plus pour finir par se rencontrer. De là est né le premier vrai mouvement de rébellion ; un comité organisé de rebelles se rassemblant sous le même objectif : renverser la monarchie qui oppresse le peuple et rendre la vie des modestes et honnêtes gens plus facile. Un réseau secret fut établi sur toute la région pour véhiculer les informations et coordonner les divers attentats entre eux. Dès lors, la noblesse ne pouvait plus ignorer les revendications des insurgés, et les attaques furent de plus en plus conséquentes. Depuis, une guerre sans merci opposait les seigneurs et les rebelles.

Mon premier objectif était de rejoindre ces troupes secrètes afin de me rallier à leur cause. Peu importaient les origines dans la résistance tant qu'on leur était utile d'une manière ou d'une autre. De ce côté, on m'y accueillerait surement les bras ouverts : un ninja de la garde personnelle du seigneur Shikimura était célèbre non seulement par la renommée de son maître mais également pour ses capacités de combat et sa fine maîtrise du ninjutsu. Nous étions des combattants et des espions d'élite reconnus dans tout Kanto que même l'empereur estimait. Ils ne laisseraient jamais passer cette chance de m'avoir dans leur rang. Je savais pertinemment que je ne les trouverais jamais par moi-même ; ils étaient bien trop précautionneux pour contacter aussi librement une potentielle recrue, même pour la déserteuse que je suis. Je devais donc attendre qu'ils fassent le premier pas. Une semaine s'était déjà passée depuis que l'annonce de ma désertion, et on ne m'avait toujours pas contacté. Les rebelles se montraient extrêment prudents à mon égard. De temps en temps, je percevais le poids de leur regard sur mon dos : ils m'observaient depuis un moment et jugeaient chacun mes faits et gestes. Etais-je vraiment digne de confiance ? Ou bien étais-je une espionne, un piège posé à leur intention, une infiltrée qui décimerait leurs rangs de l'intérieur ? Leur méfiance était légitime et je comprenais leur retenue.

Mon portrait esquissé au fusain était placardé sur tous les murs des villes et villages que j'avais parcourus jusqu'ici. La nouvelle s'était propagée comme une traînée de poudre décidément. La région toute entière connaissait à présent mon visage, je ne pouvais pas prendre pas le risque de me faire repérer d'une quelconque manière. Je ne me déplaçais que de nuit et jamais à découvert. Une longue cape d'un banal marron dissimulait entièrement mes vêtements et mon équipement : un voyageur se déplaçant avec des habits de si bonne facture et du matériel de si bonne qualité piqueraient forcément la curiosité des autochtones, et ils se poseraient forcément des questions sur ma provenance et ma destination.


Tenue et coiffure de Twinkle dans ce topic :

Je devais passer inaperçu le plus possible, nul devait se souvenir de moi lors de mon passage, je devais devenir une ombre furtive dans leur mémoire. Une large capuche abritait sans cesse les trois quarts de ma tête, si bien qu'il était impossible de deviner mon identité d'un simple regard. L'ombre du vêtement empêchait tout examen approfondi de mon visage ; ainsi, je pourrais repérer toute personne s'intéressant trop à moi de part son attitude insistante, éviter de croiser sa route ou gagner du temps pour m'enfuir sans crier gare s'il venait à s'approcher trop près. Je devais éviter à tout prix les altercations, et pour cause : la garde avait été renforcée depuis peu. Des soldats armés écumaient les cités et les routes à ma recherche. On racontait que le seigneur Shikimura était entré dans une rage folle après ma trahison, avait réclamé ma tête par tous les moyens possibles et imaginables, et proposait une rondelette récompense à ceux qui pourraient livrer le moindre information sur ma position ; cela compliquait mes déplacements plus que je l'avais pensé. J'évitais donc les zones habitées et privilégiais les endroits boisés. Alors que je me déplaçais sous le couvert des arbres, une voix enjouée retentit derrière moi :

- Alors c'était donc vrai ! Isami de la famille des Shikimura est une déserteuse !

Impossible ! Je n'ai senti aucun aura aux alentours ! La personne qui me filait devait être un ninja de très haut niveau pour dissimuler sa présence tout en étant aussi proche. Je me retournais vivement et me retrouvais face à mon interlocuteur. Effectivement :

- Kare Mochiramen, capitaine de l'escorte personnelle du seigneur Yakisoba, répondis-je d'une voix sombre.


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MessageSujet: Re: [Terminé][Solo] Marquée par les ombres   [Terminé][Solo] Marquée par les ombres EmptyVen 22 Juil 2016 - 4:24


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- Kare Mochiramen, capitaine de l'escorte personnelle du seigneur Yakisoba, répondis-je d'une voix sombre.

La situation était critique. Il existait de nombreux combattants talentueux en Kanto, tous plus connus les uns des autres - et les ninjas de ma famille en faisaient également partis. Ils faisaient trembler les champs de bataille et on redoutait leurs représailles ; ils étaient les plus craints et les plus respectés parmi des guerriers. Les hautes sphères martiales n'avaient plus aucun secret tant leurs exploits épiques étaient contés d'un bout à l'autre du pays. Ils constituaient autant une source d'inspiration pour leurs actes de bravoure et leur droiture à toute épreuve qu'un sujet d'inquiétude de part leur puissance, qui disait-on, pouvait rivaliser avec une armée entière de soldats. Kare Mochiramen était l'un d'eux. Et pas n'importe lequel : il appartenait à la fine fleur du monde ninja, l'élite de l'élite, un des cinq guerriers invaincus durant les grandes guerres des années précédentes... La poisse ! Sur toutes les personnes du monde, il fallait que ça tombe sur lui. Mes chances de m'enfuir avoisinaient zéro en sa présence et ses hommes de main nous attendaient certainement plus loin, planqués dans les épaisses frondaisons. Maître Shikimura avait dû personnellement requérir l'aide du seigneur Yakisoba pour qu'il envoie le meilleur de ses hommes à mes trousses. Il était donc prêt à aller jusqu'à de telles extrémités pour avoir ma peau, cet imposteur ? Envoyer une personne telle que Kare pour m'arrêter, il savait ce que représentait cet homme pour moi, mais il n'avait pas hésité à l'utiliser contre moi. Je levais mon regard lilas sur mon adversaire. Son sourire jovial me fit serrer le poing. Il était inutile de cacher mon visage à présent ; je retirais ma capuche.

Kare était une jeune homme approchant les 25 ans environ. Ses cheveux châtains coupés courts étaient retenus par un foulard couleur crème pour éviter qu'ils ne les gênent en plein combat. Sa peau mate contrastait avec ses yeux d'un vert étincelant dans lequel brillait en permanence une lueur d'espièglerie. Son nez droit et son menton étroit affinaient harmonieusement son visage dans un ovale équilibré, et un sourire taquin flottait continuellement sur ses lèvres. Les habits de mon assaillant étaient simples et discrets -à l'opposé de nombreux guerriers qui préféraient étaler leur richesse au moyen de luxueux et d'extravangants kimonos hors de prix- mais pratiques et d’excellente qualité. Il privilégiait visiblement l'aspect utilitaire du vêtement que son côté esthétique. Malgré sa jeunesse, son immense expérience en combat faisait de lui un homme respecté dans le milieu. Ses compétences étaient reconnues de tous, mais son impertinence le rendait souvent impopulaire auprès de ceux qui ne le connaissaient pas. Ses hommes l'appréciaient et c'est tout ce qui comptait à ses yeux. Il avait un tempérament bien trempé et enjoué qui surprenait toujours plus d'un lors de la première rencontre avec le personnage. Les rumeurs le décrivaient comme une personne cruelle, sans pitié, qui ne resplendissait de vie qu'au milieu des cadavres qu'il entassait à ses pieds. Se retrouver face à ce plaisantin était pour le moins déstabilisant.

Je connaissais cet homme depuis mon arrivée dans chez les Shikimura : il était au service de sa famille depuis plusieurs années déjà. Il était un peu comme un grand-frère pour moi. Lorsque j'étais petite, durant des visites officielles des grands seigneurs -et dieu qu'elles étaient d'un ennui mortel !- Kare prenait toujours le temps de jouer avec Sakamoto et moi et nous apprenait même des petits trucs. Il a sans doute embelli ma jeunesse par sa présence et son éternel sourire. Un sourire qui ne le quittait jamais, même lorsque le sang de ses adversaires coulait à flot autour de lui. C'est sans doute de cette vérité d'où sont parties les rumeurs, lui donnant des airs démoniaques et sadiques qu'il n'avait pas. Je me force à ne pas bâcler ce solo car je n'en vois pas la fin. A l'aide. Me retrouver maintenant face à lui me déchirer le coeur. Je l'avais sans doute déçu, comme beaucoup d'autres personnes ces derniers temps. Je m'étais préparé psychologiquement à affronter leur déception, à lire leur rancoeur et leur incompréhension dans leur regard. Mais face à lui, c'était différent : je ne pouvais rien lui cacher et je n'avais aucun moyen de lui échapper. Si tôt que je tenterais de m'enfuir, il me rattraperait en un rien de temps. Je me mordis la lèvre inférieure. Mon cerveau fonctionnait à 100 à l'heure, parviendrais-je à m'en sortir ? S'il me ramenait, ce serait pire que la potence pour moi. Ou alors il plaiderait en ma faveur pour alléger ma peine ? Non. Je ne devais pas songer à ce genre de chose. Un retour en arrière était impossible...


- Hey, détends toi un peu ! Je peux lire sur ton visage que tu cherches désespérément un moyen de te faire la malle !

Je ne répondis pas tout de suite. Il n'arrêtait pas de sourire alors que ma seule envie de fondre en larmes. Comment pouvait-il encore plaisanter dans cette situation ? J'aurai préféré braver mille fois sa colère et son indignation que le voir faussement sympathiser. C'était cruel de sa part mais je méritais bien cette souffrance, je le savais bien. Ce n'était sans doute rien comparer à ce que j'infligeais aux miens en ce moment. Je retins courageusement mes larmes et relevais la tête vers celui que je considérais comme mon grand frère. Perché dans un arbre, il m'observait d'un air placide.

- Alors le seigneur Yakisoba n'a rien de mieux à faire que d'envoyer ses hommes à la poursuite d'une déserteuse comme moi ? parvins-je à articuler d'une voix neutre, sans trembler. Le maître Shikimura veut à ce point ma mort qu'il envoie le grand Kare Mochiramen à ma poursuite ?
- Pour dire qu'il est furax, il est furax ! affirma le jeune homme. Je crois que je ne l'ai jamais vu aussi énervé de toute ma vie ! Les livres d'histoire s'en souviendront encore longtemps de cette crise de nerf !
- Comment m'as-tu retrouvée ? fis-je sans me laisser ébranler.
- Tu n'es vraiment pas cool Isamisa ! répliqua-t-il d'un ton plaintif. J'essaie de détendre l'atmosphère, tu pourrais y mettre un peu du tien quand même ! Et voyant que je ne répondais pas, il se gratta la tête d'un gêné en ajoutant : A vrai dire, ça fait des jours que je te suis et que je t'observe, mais tu ne m'as jamais vraiment remarqué.

Cette réponse me laissa pantoise. Il m'avait suivi ? Pour de vrai ? En même temps je n'avais jamais perçu sa présence jusqu'à aujourd'hui. Et je ne l'aurai sans doute jamais remarqué s'il ne m'avait pas interpellé.

- Un jour je me suis même déguisé en arbre et je me suis planté devant toi pendant des heures ! Mais c'est fou ce que tu m'ignorais : j'ai vraiment fini par croire que tu le faisais exprès !
- ...
- Roh ça va ! C'était une blague, rien qu'une petite boutade ! On peut bien rigoler de temps en temps, non ?
- ...
- Ca y est : mademoiselle est une déserteuse et elle a perdu le sens de l'humour !

Notez que son humour a toujours été plus ou moins douteux.

- Qu'est-ce que tu comptes faire à la fin ?! explosais-je soudainement.
- La question est qu'est-ce que TU comptes faire, répliqua-t-il très calmement.
- Tu sais très bien ce que je vais faire : je vais rejoindre les rebelles et renverser les seigneurs qui abusent de leur peuple depuis bien trop longtemps ! Inutile de m'en empêcher !
- Ah non non non ! Je ne crois pas ce que soit possible ça, fit-il en agitant une main dans le vent, comme pour chasser un insecte indésirable. Les rebelles n'accepteront jamais dans leur rang quelqu'un ayant si peu d'humour.
- Arrête de ne moquer de moi ! Je suis sérieuse ! Je n'ai pas déserté le château de maître Shikimura pour bayer aux cornèbres !
- Mais je ne me moque pas de toi. Je n'accepterai jamais dans nos rangs quelqu'un ayant si d'humour.

Le regard qu'il me rendit fut si intense que je ne pouvais remettre en cause ses paroles ; cependant, j'avais encore dû mal à assimiler toute leur portée. Qu'entendait-il par "je" ? Qu'entendait-il par "nos" ? Je n'osais pas comprendre par moi-même.

- Que, que veux-tu dire par là ? soufflais-je faiblement.
- Tu as très bien compris où je voulais en venir Isamisa. Il plongea ses yeux de jade dans les miennes.
- Je, tu... tu te moques de moi, c'est ça ? Tu es au service direct du seigneur Yakisoba : un des plus grands seigneurs de Kanto ! Comment pourrais-tu être un insurgé ?
- Sans doute parce que mon maître est aussi insurgé que moi.
- Que, quoi ?! Mais c'est impossible ! C'est un noble !
- Et tous les nobles ne sont pas les même Isami. As-tu déjà entendu parlé d'une quelconque révolte sur les domaines de maître Yakisoba ? Non, répondit-il avant de me laisser un temps de réflexion. La réponse est non. Même si je te laissais le temps d'y réfléchir à ta guise et faire toutes les recherches que tu voudrais, tu ne trouverais aucune information sur une émeute ayant eu lieu sur les terres de mon seigneur.
- Peut être parce que vous... vous les étouffez trop bien ? me risquais-je sans aucune conviction.
- Non. Tu sais très bien que c'est faux. Il n'y a jamais eu d'incident sur le territoire de maître Yakisoba car il se préoccupe de son peuple et prend soin de lui. C'est un homme bon et généreux contrairement à ses compères. Il est noble mais n'approuve aucunement leurs comportements. Cela fait des années qu'il soutient secrètement les rébellions. Bien sur c'est un secret, et seuls les plus hauts placés dans la hiérarchie résistante ont cette information. Mais je te connais, et je te fais suffisamment confiance pour te divulguer ce renseignement.

Je restai bouche bée. Cela faisait beaucoup de révélations à digérer d'un coup. Kare était sans doute le regard insistant que je percevais dans mon dos depuis tout ce temps. Il devait aussi être le contact des résistants que j'attendais. Il était un rebelle depuis des années mais fréquentait quotidiennement la plus haute société de la région sans y laisser paraître. Le seigneur Yakisoba, un des plus grands maîtres du pays, conspirait secrètement contre ses semblables ; il est vrai qu'il a toujours eu la réputation d'un noble proche et aimé de son peuple, bien différent de la politique des domaines avoisinants, mais de là à imaginer qu'il complotait contre la monarchie kantonaise... C'était assourdissant. Il y avait-il d'autres seigneur dans le même cas que le maître de Kare ? Ils étaient peut être plus nombreux qu'on ne le pensait mais se tapissaient dans l'ombre pour mieux agir. Alors que je me murais dans le silence de la surprise, le jeune homme soupira fortement et descendit de son arbre. Il se planta devant moi et me dit :

- C'est sans doute égoïste de ma part de penser cela mais ça fait des années que j'attends une prise de conscience de votre part, à Sakamoto et toi. J'avais fini par perdre espoir et je craignais de devoir vous affronter un jour. Bien sûr je me rends compte du dilemme que ça représente. Si cela devait m'arriver un jour, je. Je ne sais si j'aurai la force de trahir maître Yakisoba ... Tu as dû faire preuve d'un très grand courage Isami, fit-il en me caressant affectueusement les cheveux. Oui, vraiment. Un très grand courage...

La sincérité et la douceur de sa voix firent monter des larmes aux yeux. J'avais enduré toutes ses épreuves et affronté le rejet de tous la tête haute, en restant fidèle à mes principes et accablée par mes erreurs. J'avais abandonné ma famille et tous les gens que j'aimais, ne laissant dans leur coeur que le souvenir amer de mon odieuse et ingrate traîtrise. On m'avait poursuivie et chassée des jours entiers sans aucun répit, il ne s'était pas passé un seul instant sans que je pus souffler en toute tranquillité. La déception, l'affliction, l'indignation, l'indécision, la colère, le stress, la peur, l'urgence... tous ces sentiments négatifs se mélangeaient dans un amalgame indescriptible d'émotion que je retenais en moi depuis bien trop longtemps. Kare me sourit avec bienveillance. Je craquais. De lourdes perles d'eau virent mouiller mes yeux et inondèrent mes joues dans un torrent de larmes intarrissable. Je ne me retenais plus, j'avais un endroit où me laissait aller maintenant. Le jeune homme ouvrit ses bras et je ...

... je sentis soudainement dans un dos un regard tellement insistant qu'on aurait dit qu'il venait d'outre tombe. Un frisson incontrôlable agita mon corps tout entier.


- Brrrrrrrrrrrrrrrrr ! fis-je sans me retenir.
- ... brrrr ?

- COUPEEEEEEEE ! hurla le réalisateur.


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MessageSujet: Re: [Terminé][Solo] Marquée par les ombres   [Terminé][Solo] Marquée par les ombres EmptySam 23 Juil 2016 - 17:06


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- COUPEEEEEEEE ! hurla le réalisateur.

La tension se relâcha aussitôt et mes muscles se détendirent enfin. Mes épaules devenaient toutes douloureuses d'être sous pression aussi longtemps : Isami avait une vie bien passionnante pour une jeune fille de son âge mais quelle horreur d'être dans sa peau ! Je souhaitais à personne de vivre ce qu'elle endurait, c'était bien trop éprouvant ! Comment pouvait-elle supporter une telle charge émotionnelle négative ? Rester aussi droite et fière alors que le monde qu'elle connaissait disparaissait sous le coup de ses propres décisions ? A sa place, je me serai effondrée depuis bien longtemps. Elle était forte dans tous les sens du terme : une combattante reconnue par ses paires et une personne capable d'assumer les conséquences de ses actes sans aucun détour. Elle restait fidèle à elle-même et ses principes même lorsque tout l'incitait au contraire. Même de nos jours, vivre aussi dignement sa vie et n'avoir sans aucun regret n'étaient pas à la portée de n'importe qui : seuls les plus valeureux pouvaient prétendre à une telle existence et cette honnêteté d'esprit. C'est cette philosophie qui l'avait mené sur les sentiers ardus qu'elle arpentait désormais. Quelque part, je me sentais proche d'Isami : elle me ressemblait. Son sens du devoir et de la justice faisait de la jeune fille une personne à laquelle j'aspirais devenir et était un modèle dont je m'inspirais pour Twinkle Star ★. Parviendrais-je un jour à défendre mes convictions comme elle l'avait fait envers et contre tous ?

Je m'étais relâchée un peu trop tôt. Le réalisateur assis derrière sa caméra se massait les tempes d'une main, son air contrarié n'envisageait rien de bon pour la suite. Heureusement que sa casquette leader price dissimulait le haut de sa figure car j'imaginais d'ores et déjà son regard fou me dévisager avec intensité. Je jetais un coup d'oeil paniqué à Ceibo -l'acteur de Kare- qui me rendit un sourire à l'image de son personnage -indulgent mais surtout très amusé. Olalah, ça allait tellement chauffer pour moi ! Je le sentais venir gros comme un Wailord ! Je m'écartais de ses bras, essuyais les larmes qui baignaient encore mes joues d'un revers de manche avant de renifler misérablement en prenant l'air le plus repentant possible.


- Brrrrr ? répéta-t-il avec exaspération.
- Je- je suis désolée ! m'exclamais-je avec une vive courbette. Je ne sais pas ce qu'il m'a pris, ce... ça n''arrive plus !

Par ce qui n'arriverait plus je parlais bien entendu du "brrrr", mais je ne garantissais pas que qu'autre chose viendrait perturber le tournage. C'était la cinquième fois qu'on recommençait la scène. Le réalisateur commençait à sérieusement s'impatienter. A chacune de nos tentatives quelque chose me troublait et interrompait mes répliques d'une manière ou d'une autre. Cet incident n'aurait pas autant agacé le cinéaste s'il avait été isolé mais aujourd'hui j'avais enchaîné les erreurs comme une débutante impressionnée par son premier tournage alors que d'ordinaire, j'étais quelqu'un de très appliqué. Me voir ainsi décontenancée était plutôt inhabituel et l'équipe semblait trouver cela plutôt amusant. Les premières fois ça va bien, mais à la longue c'était ennuyant pour tout le monde ! Moi la première ! La nuit était déjà bien avancée et même si les gens paraissaient motivés et plein d'entrain, finir le plus tôt possible ne serait pas de trop.

- Bon, ce n'est pas grave, soupira-t-il en réarrangeant sa casquette. Prenons une pause, tu sembles en avoir besoin. 30 minutes de pause pour tout le monde ! cria-t-il dans son mégaphone plus par envie que par nécessité.

Le soulagement général se fit entendre, l'annonce était appréciée. Une main baladeuse ébouriffa joyeusement mes cheveux par derrière.


- Aller, ne fais pas cette tête Lilas, ça arrive à tout le monde d'avoir ses petits coups de mou, me rassura Ceibo avec le plus beau sourire du monde. Il ajouta à ses paroles un clin d'oeil enjoué qui rosit joliment mes joues. Profites en pour bien te reposer ! Il me fit une petite pichenette sur le front, éclata d'un rire bon enfant devant mon air boudeur et se dirigea vers le buffet.

Ahhhhh ! fondis-je intérieurement, ce jeune homme était tellement séduisant <3 A chaque fois qu'il m'observait de ses magnifiques yeux verts, je me sentais littéralement fondre sur place. Mon coeur s'emballait en sa présence et je me retenais à grand peine de rougir lorsque sa voix si pénétrante me taquinait les oreilles. Il n'était pas seulement jeune et beau, mais aussi tellement gentil, charmant, bien élevé, drôle, sans oublier qu'il était un excellent acteur ! Il restait cependant humble et sans prise de tête sur sa popularité. Ses qualités se rallongeaient dans une liste interminable que je ne pouvais énumérer ; je comprenais parfaitement l'engouement qu'il soulevait chez les jeunes filles, et ce bien malgré lui. Je me sentais parfaitement chanceuse et privilégiée de travailler à ses côtés. Il faisait toujours attention à moi sur le plateau et prenait toujours un malin plaisir à m'asticoter dans tous les sens ; étrangement ce n'était pas déplaisant. D'après mes sources -souvent très fiables- il n'avait pas de encore de petite copine... A cette pensée, je gloussais comme un Poichigeon enn chaleur (note de l'auteur : après quelques recherches, il m'est apparu que Poichigeon était le pokémon s'approchant le plus à un dindon. Un pokémon 7G incoming ?) Les joies de l'adolescence ! Quel plaisir d'être jeune ! Trop occupée à m'extasier sur la silhouette de Ceibo, je remarquais à peine l'aura hostile du papa surprotecteur qui s'approchait derrière moi.


- Lilas, interpella mon père. Je me retournais.

Comme d'habitude au travail, il était impeccablement habillé même pour une nuit en pleine forêt. Il portait un pantalon noir coupé par un tee shirt bleu clair qui évoquait l'azur d'un beau matin d'été et rappelait bellement la couleur de ses yeux. Le tout était surmonté d'une veste sombre qui lui donnait une allure classe tout en demeurant sobre et pratique. Des bottes hautes marron foncé recouvraient une partie de ses tibias. Iris trottinait sagement à ses côtés. Elle jeta d'un coup d'oeil à mon paternel comme pour lui demander son autorisation, et après un bref mouvement de la tête, elle me rejoignit à la 4ème vitesse. Je m'accroupis, la pris dans mes bras et la cajolais. C'était un petit rituel que l'on avait pris à la fin d'une scène difficile : la sérénité que m'apportait le pokémon Touchant était toujours d'une grande aide pour passer à la suite du tournage. Papa nous observait de son éternel air bienveillant et un sourire affectueux s'épanouit sur son visage. Il attendit que l'on finisse nos embrassades avant de me tendre une bouteille d'eau.

- Ca va aller ? Ce n'est pas trop dur ? Tu n'as pas l'air en forme ce soir, déclara-t-il d'une voix soucieuse.
- Si si je vais bien ! Un peu distraite c'est tout. Ou alors un peu fatiguée des jours passés avec Lyndia, mais je m'en remettrais très bien ! Evoquer le souvenir de mon amie et du temps passés en sa compagnie fit fleurir spontanément un sourire sur mes lèvres. Ce n'était pas le moment de se laisser aller, bien au contraire ! Je devais me donner à fond à présent ! Mieux, je m'en remets tout de suite ! m'exclamais-je soudainement requinquée. Je vais juste prendre un peu l'air, je reviens tout à l'heure !
- Fais attention, et reviens vite ! Pas de bêtises !me lança mon père, mais sac en main, je disparaissais déjà au milieu des arbres.
- Oh, où est passée Lilas ? demanda Ceibo quelques secondes plus tard, deux verres de jus à la main.
- Oh, monsieur Ceibo Fabacée, rétorqua mon père d'une voix doucereuse qui cachait en rien l'opiniâtreté de son instinct paternel. Vous désirez en quelque chose en particulier à propos de ma fille ?
- Euh, je ... non ? répondit-il alors que des sueurs froides envahissaient son dos sous la présence hostile du père surprotecteur.


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Je remerciais intérieurement papa, il comprenait toujours mes petits besoins de calme et de solitude en plein tournage -bien que je ne fusse jamais vraiment seule car Iris m'accompagnait toujours ; il parvenait à refréner tant bien que mal son inquiétude pour respecter cette envie. Je changeais de personnalité comme je changeais de chemise. J'avais coutume d'entrer complètement dans la peau de mes personnages lorsque je les interprétais. J'oubliais complètement qui j'étais et me fondais dans leurs rôles en m'imprégnant leurs histoires, leurs caractères, leurs ambitions et leurs motivations. C'était un sentiment à la fois excitant et éprouvant : ça me donnait l'impression de mener une autre existence l'espace d'une scène. Cet exercice me paraissait aussi naturel que respirer, mais de temps en temps j'avais besoin de me retrouver avec moi-même.

La journée n'avait pas été brillante. On avait pris beaucoup de retard à cause de mes étourderies : je trébuchais alors qu'il n'y avait rien, oubliais mes répliques, sursautais sans aucune raison valable, avalais de travers, hoquetais au milieu d'une scène d'action... Je ne comptais plus les erreurs que j"enchaînais, toutes pour la même raison : la sensation d'être observée en permanence par un je-ne-savais-quoi inexplicable. Le malaise que provoquait ce regard imperceptible me troublait au plus haut point si bien que cela parvenait à me déconcentrer en plein tournage et à m'extirper du personnage que j'incarnais. Mon imagination me jouait surement des tours : c'est ce que je me répétais lorsque les premières manifestations se présentèrent. Ce n'était vraiment pas grand chose, on pourrait même dire que c'était des fautes d'inattention d'un point de vu extérieur. Mais elles me prenaient tellement au dépourvu et d'une manière si peu naturelles que ça ne pouvait être le cas. Je me rappelais soudainement de cette voyante qui m'avait arnaqué quelques jours auparavant. Peut être que... peut être qu'elle avait raison en fin de compte ! peut être que j'ai vraiment été maudite par les ombres et qu'elles s'amusaient de moi en ce moment ! Qu'elles me faisaient tourner en bourrique pour leur plaisir personnel ! Tourmenter les vivants était bien la dernière de leur occupation ! Est-ce que cela me poursuivrait toute ma vie ? Je me rappelais des cris de cette vieille excentrique, quelque chose comme : "elles vous poursuivront jusqu'à ta mort !!! " Olalalah, que devais-je faire maintenant ? Qu'avais-je fait pour m'attirer à ce point leur ire ?

Alors que j'agitais ma tête dans tous les sens sous le regard interrogatif de la Nymphali, je sentis tout d'un coup le poids de l'attention de
cette chose. La sensation était bien différente des autres fois, beaucoup plus intense que tout ce que j'avais ressenti auparavant. Elle était là. Juste là. A quelques pas de moi. Dans mon dos. Mon corps tout entier se recouvrit de sueur froide et une pression sans nom s'appesantit sur mes épaules. Je n'osais plus respirer et encore moins bouger. Le spectre de mes catastrophes était enfin apparut. Iris pencha la tête sur le côté, intriguée par mon attitude. Je pris tout le courage dont j'étais capable et je retournais d'un coup d'un seul en criant.

- WAAAAAAAAAAAAAaaaaaaaaahhh ... ah ?  

A peine plus haute qu'une peluche et de grands yeux bleus indéchiffrables, voilà que je découvris derrière moi. C'était juste une petite et adorable Scrutella. Mon coeur se calma et je soupirais de soulagement. Je me sentis soudainement très idiote d'avoir paniqué de cette manière et je croisais les doigts pour que personne ne m'ait entendu depuis le plateau de tournage. C'était trop la honte s'ils apprenaient ce qu'il venait de se passer ! Au moins j'étais vraiment rassurée à propos d'une chose : aucun monstre, aucun de fantôme, aucun esprit maléfique était à ma poursuite. On disait que les pokémons dévisageurs avaient le don de mettre les gens mal à l'aise rien qu'en les fixant de leur regard immobile. Je venais d'en faire l'expérience et effectivement, c'était quelque chose de vraiment dérangeant ! Mais maintenant que je connaissais la source de mes angoisses, je les appréhenderais mieux dorénavant. Je m'accroupis près du petit bout et lui caressait la tête. La Scrutella me dévisageait avec une rare intensité et les secondes qui suivirent cet instant de panique semblaient s'éterniser. Le pokémon Touchant sauta de joie à la vue du Dévisageur et gambada gaiement autour d'elle. Oh ? Elles s'étaient déjà rencontrées ? C'était une amie à Iris ? Je comprenais mieux pourquoi elle faisait cette fixette sur moi alors. Je farfouillais dans mon sac et lui tendis un poffin. Elle accepta mon présent et le prit dans ses tout petits bras. Ses yeuxne me quittait pas d'un centimètre et elle ne cilla pas une seule fois.

- Et ben, on peut dire que tu m'as foutu une sacré frousse tu sais ! Merci de passer du temps avec Iris pendant que je travaille ! Grâce à toi, elle n'a pas le temps de s'ennuyer.
*Venir ?* fit une petite voix trop choupi dans la tête.

Je m'exclamais de stupéfaction, saisit le pokémon psy dans mes mains et la soulevais à la hauteur de mon visage. Mon regard émerveillé se perdait dans l'indifférence du sien.


- Woooaaaaah ! C'est toi qui vient de parler, n'est ce pas ? Mais c'est fantastique ! Recommence pour voir ! Aucune réponse, j'imagine qu'elle ne s'exprimait pas sur demande : elle était sans doute trop timide pour le faire aussi ouvertement. Après m'avoir mis mal à l'aise tout ce temps, on était pourtant bien plus proches que ça ! Venir ? Venir avec qui ? Avec nous ? Elle hocha tout doucement de la tête. Ohh, mais je n'ai pas de quoi t'emmener avec moi... Quoique, fis-je après un instant de réflexion. Je la déposais et ouvris mon sac : c'est bien ce qu'il me semblait, l'honor ball de la folle voyante était encore dans mes affaires. Je n'ai que ça, déclarais-je en lui présentant la ball, ça te convient ? Elle fit oui de la tête, déposa son poffin et toucha la capsule blanche d'un petit coup de main. L'honor ball s'ouvrit, déploya un rayon lumineux qui enveloppa la Scrutella d'une aura écarlate avant de la ramener à l'intérieur ; il s'agita une fois, puis deux, puis trois et. Dim ! Je libérais aussitôt le pokémon. De nouveau dehors, la Devisageuse (?) récupéra son poffin et continua de me fixer.

Je reviens au campement avec deux pokémons à la plus grande surprise de tous. Tous s'extasièrent devant la mignonitude de la Scrutella et furent dérangés plus que raison lorsqu'elle les posait sur eux ses grands yeux francs. Presque libérée du pouvoir de mon nouveau pokémon, je fis beaucoup moins d'erreurs inattention qu'au début de la soirée. En revanche, la maladresse dont j'ai été atteinte semblait avoir  contaminé tour à tour tous les membres du plateau  -incluant même le réalisateur qui ne savait plus où se donner de la tête. Je crois que je peux effectivement affirmer que c'était la faute de Mélisse et de son regard scrutateur car dès que je l'avais rappelé dans sa ball, les accidents cessèrent immédiatement. Maintenant que cette affaire était résolue et le tournage terminé, je me dis que cette voyante n'avait pas tout à fait tort lorsqu'elle avait déclaré que cette honor ball me protégerait. Mais chut, c'est un secret.


3/3

HRP :


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