Collègues de Bordeciel [Ft. Reiji]

Sujet: Collègues de Bordeciel [Ft. Reiji] Mer 20 Oct 2021 - 23:27

Collègues de Bordeciel

ft: Reiji

Cet immense bâtiment se trouvait en face de Kai et Inoke. Creusé à même la montagne, à la fois fondu dans le décor et plutôt tape à l'œil. Les deux sœurs se regardèrent un instant, avant de s'avancer vers la grande porte.

La matinée avait été plutôt agitée au café. Plus de monde semblait y venir chaque jour depuis l'inauguration de l'arène, comme si il s'était fait un nouveau nom auprès de personnes pas forcément agréables qui n'y mettaient pas les pieds auparavant. Et bien sûr, elle avait du effectuer quelques combats, tant officiels que non. Elle ne savait plus trop où donner de la tête, et avait eu bien besoin de prendre l'air.

Elle avait su à quoi s'attendre avant d'accepter ce contrat avec la Ligue Pokémon, et ne s'en plaignait pas vraiment. C'était ce dont elle avait toujours rêvé. Elle affrontait de nouveaux visages chaque jour, entendait parler de leurs aventures, aventures qu'elle n'avait pu vivre d'elle-même, et montrait à tous son talent et ses connaissances.

Toutefois, il existait sur Maïlys d'autres Dresseurs qui, comme elle, avaient été choisis pour tester les jeunes pousses de l'île. D'autres Champions qui avaient plus d'expérience qu'elle dans ce domaine, et qui avaient sans doute beaucoup à lui apprendre.
La nouvelle employée de la Ligue prenait son travail très au sérieux, et tenait à faire de son mieux pour bien remplir son rôle. Elle avait donc entrepris d'aller voir, lors de son temps libre, ses collègues, dans le but tant de voir leurs propres arènes et peut-être de s'inspirer de leurs points positifs afin de commander des travaux pour la sienne, que de les rencontrer et espérer qu'ils puissent lui donner de précieux conseils, lui apprendre les ficelles de ce métier.

Les jumelles avaient passé la porte de cette école. A côté de la taille de ce hall, son humble café et le hangar retapé qui lui servait d'arène faisaient déjà pâle figure. Elle en était très fière bien sûr, de cet endroit dont elle avait bâti la renommée de ses mains, mais elle ne pouvait s'empêcher de se dire qu'il lui faudrait sans doute un peu plus de grandeur désormais. Elle avait une clientèle plus nombreuse, et devait également accueillir plus de dresseurs dans des conditions optimales.

Elle avait entendu parler de cette école, qui abritait une paire de champions dans une même arène. L'un était un spécialiste du Type Acier, l'autre du Type Roche. Deux types défensifs qui se complétaient à merveille, pensait-elle. Le cœur même de la montagne, dans lequel l'endroit avait été creusé, les représentait d'ailleurs parfaitement.

Inoke était venue ici en pleine semaine, mais à une heure extérieure aux cours, pendant la pause déjeuner, pour déranger le moins possible les champions-professeurs. Elle n'aurait après tout pas décemment pu laisser son associée s'occuper du café toute seule un jour de grande affluence. La Dresseuse féérique et son Magirêve allaient ainsi à contre-courant de la plupart élèves, qui partaient prendre leurs repas dans une cohue infernale qui la mettait particulièrement mal à l'aise. Quelques regard se tournaient d'ailleurs vers ces visages méconnus dans l'établissement, sauf par les quelques adolescents qui fréquentaient son café. Certains étaient également intrigués par la Magirêve, qui ne lâchait pas sa Dresseuse pour la rassurer.
Même durant son adolescence, ou ses études, elle avait toujours été très introvertie, préférant à tout prix éviter ce genre de foules. La pauvre pressa un peu le pas vers un endroit plus calme.

Un couloir à gauche l'emmena vers deux bureaux. Kai entendit du bruit dans l'un, signe qu'il y avait quelqu'un à l'intérieur, et se posta devant, suivie de sa sœur qui frappa à la porte. Ceci fait, elle inspira un grand coup, pour tenter de calmer l'anxiété qui commençait à s'installer, et attendit patiemment qu'on l'invite à entrer.

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Parfois, Reiji se demandait pourquoi il avait accepté de donner des cours à des étudiants.
Bien sûr, il ne dénigrait pas la profession de professeur. Lui-même avait admiré les siens, lorsqu'ils le poussaient à donner le meilleur de lui-même, lorsqu'ils le conseillaient pour ses recherches poussées.
Et bien sûr, parmi ses élèves, certains étaient très prometteurs, très sérieux, très impliqués. La plupart d'entre eux l'étaient, en fait, se fondant dans la masse en travaillant silencieusement.
Mais... Il y avait les autres.
Ceux qui avaient l'audace de manger des chips en plein cours. Ceux qui racontaient leurs meilleurs potins de la veille de manière extrêmement bruyante. Ceux qui allaient et venaient en plein milieu sans se soucier du dérangement, faisant grincer horriblement la porte (qu'il faudrait songer à regraisser). Ceux qui profitaient de la pause pour distribuer des tracts politiques à tout le monde. Ceux, également, qui sortaient leur pokémon et ne savaient pas le tenir.
Le professeur n'avait rien contre ceux qui n'écoutaient pas le cours, mais ne le dérangeaient pas - après tout, c'était leur problème s'ils rataient leur année. Qu'ils jouent à Mario Kartatroc ou à Candine Crush, grand bien leur fasse.

Ce jour-là, la cerise sur le Charmilly avait été ce groupe d'élèves qui jouaient aux cartes alors que Reiji posait une question cruciale pour la compréhension du cours. Ils avaient mis un certain temps à s'apercevoir que plus personne ne parlait, et continuaient à rire dans leur coin. Bouillant intérieurement, le professeur avait fait un signe à Rail, son Scalproie, qui en un éclair avait gravi les escaliers de l'amphithéâtre pour planter son bras-épée en plein dans le paquet de cartes, endommageant légèrement la table, sous les regards choqués des étudiants.
Plus personne n'avait dit un mot après cela. Même les élèves d'habitude volontaires n'osaient plus s'exprimer. C'était un peu embêtant mais au moins, les éléments perturbateurs ne l'étaient plus. Temporairement.

En bref, Reiji était en proie à une grande fatigue lorsqu'il avait regagné son bureau pour la pause méridienne. Il avait besoin de repos.
Se demandant comment son collègue et ami d'enfance réagirait à une telle matinée, il eut l'idée, pour se détendre, de regarder un épisode de leur série préférée lorsqu'ils étaient enfants. Cela eut plutôt l'effet escompté et parvint à lui arracher un sourire.

On frappa alors à la porte. Se rendit compte qu'il avait peut-être mis le son un peu fort, le champion-professeur eut un instant de gêne en se demandant si cela risquait de lui ôter sa crédibilité en tant que figure d'autorité. Il éteignit aussitôt l'appareil et ouvrit précipitamment la porte, se préparant à envoyer bouler - non, inviter à revenir plus tard - un étudiant un peu trop insistant.

- Oui, qu'est-ce qu'il... Oh, *hum*, bonjour. Excusez mon ton et mes gestes un peu brusques, je ne m'attendais pas à recevoir une collègue. Vous êtes la nouvelle championne de Bordeciel, n'est-ce pas ? Que me vaut cet honneur ?

Ce ton cordial tranchait avec la rudesse avec laquelle il avait ouvert la porte, mais espéra qu'elle ne lui en tiendrait pas rigueur. Il était réellement curieux de savoir ce qu'elle lui voulait, ayant reconnu la jeune femme. En effet, Reiji avait pris connaissance des nouvelles recrues au sein de la ligue, et avait d'ailleurs prévu de rencontrer cette nouvelle collègue. Cela lui facilitait la tâche. De plus, une discussion sur le métier de champion serait une pause bienvenue par rapport à son métier de professeur. Pas facile d'avoir plusieurs rôles.

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Inoke s'était totalement figée devant la vitesse à laquelle la porte s'était ouverte. En une fraction de seconde, des tas de questions avaient traversé son esprit. Est-ce qu'elle l'avait dérangé dans son travail? Est-ce qu'il avait passé une mauvaise journée? Était-ce bien la bonne personne devant elle? Était-il comme ça d'habitude?

Le ton soudain plus cordial du jeune homme finit par, quoi qu'un peu seulement, la rassurer. Comment était-elle toujours si anxieuse socialement alors qu'elle tenait un café depuis toutes ces années était un véritable mystère.
Le côté formel de cette rencontre y était pour quelque chose, à vrai dire. Elle était toujours plus à l'aise lorsqu'elle parlait et rencontrait des personnes dans un cadre plus convivial, dans un cadre où elle n'avait pas une image particulière à renvoyer.

Ici, elle rencontrait un autre champion. Plus âgé, elle n'en savait rien, mais plus expérimenté c'était certain. Elle devait lui demander des conseils, tout en évitant de paraître peu professionnelle. Tout ça ne lui ressemblait pas. Tout ça n'était pas elle.

Après une longue expiration, non pas un soupir, mais comme si elle se libérait d'un poids aussi discrètement que possible, elle lui répondit:

— Bonjour! lança-t-elle d'un ton enjoué qui contrastait avec les grandes cernes qui marquaient en permanence son visage. C'est bien moi, je m'appelle Inoke, poursuivit-t-elle pour d'abord répondre à sa première question.

Au moins, il savait qui elle était. Elle était d'ailleurs surprise qu'il la reconnaisse si facilement. Sans doute l'avait-on décrite avec ses traits les plus reconnaissables aux autres Champions, lors de son intégration à la Ligue. Une femme de grande taille, peau basanée et cheveux pastels. Peut-être avait-on décrit ses cernes marquées et son air épuisé, son éternelle écharpe, ou sa manie à ne pas savoir maintenir son regard. Ou peut-être l'avait-on seulement dite toujours suivie par un Magirêve.

Elle en tout cas, le découvrait à l'instant. Il était plutôt intimidant, si elle devait être honnête, mais son air très courtois lui faisait dégager une aura de confiance, qui lui était sans doute nécessaire en tant que professeur.

— Je voulais venir vous voir, comme... je commence tout juste en tant que Championne. Enfin, j'espérais que l'on puisse parler à ce sujet. Et venir faire connaissance aussi!

La pauvre s'égarait un peu dans ses mots, sans doute encore un peu stressée par cette nouvelle rencontre. Elle était sûrement encore trop formelle.
Ses deux mains étaient agrippées à la lanière de son sac à main, comme si elle se forçait à les occuper. Son regard alternait entre le visage du Champion, la porte à côté de lui, et le bureau qu'elle apercevait au dessus de son épaule, sans jamais trouver de point fixe.

Kai, pendant ce temps, flottait tranquillement derrière sa Dresseuse, ses grands yeux malicieux fixant le professeur. Elle restait plutôt calme, sans doute pour ne pas embarrasser sa sœur d'avantage, et attendait avec curiosité la suite de cet échange.

— M-mais j'espère ne pas vous déranger bien sûr! s'empressa-t-elle d'ajouter. Si vous êtes occupé, je peux repasser un autre jour!

Toujours cette crainte de déranger, d'être de trop. Au moins cette fois, elle était plutôt justifiée. Professeur et Champion, elle était bien placée pour savoir que cela ne laissait que peu de temps libre dans un emploi du temps. Si seulement il y avait plus d'heures dans une journée.

En tout cas, elle semblait mal à l'aise à l'idée de le déranger dans une journée peut-être chargée, et cela pouvait sans doute se lire autant dans le ton de sa voix que dans sa gestuelle, malgré une expression qui pouvait semblait au contraire trop détachée.

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L'ouverture brusque de la porte semblait avoir légèrement effrayé la jeune Inoke, mais fort heureusement, elle parvint à reprendre ses esprits et adresser une salutation enthousiaste à Reiji. Cela le rassura un peu, il ne souhaitait pas partir sur de mauvaises bases avec cette nouvelle collègue.

Elle annonça la raison de sa venue. Discuter un peu du métier de Champion, et faire connaissance. Il s'en doutait, pour quelle autre raison viendrait-elle sinon ? Il s'apprêtait à lui répondre quand elle ajouta qu'elle ne voulait pas déranger. Il soupira, mais avec bienveillance. Inutile de s'encombrer de telles considérations. Il la gratifia d'un très léger sourire lorsqu'il lui répondit.

- À dire vrai, vous... m'interrompez. Mais ce n'est pas un mal, bien sûr. Frapper à une porte constitue toujours une interruption, la différence étant que parfois, ce n'est vraiment pas un bon moment. En l'occurrence, le moment est plutôt correct : j'avais vraiment besoin d'une pause dans mon travail de professeur. Discuter du métier de champion me permettra de penser à autre chose. Et faire connaissance est toujours appréciable. Entrez donc !

S'était-il trop perdu en explications ? Peut-être. Il avait toujours aimé expliciter sa pensée. Autant mettre les choses au clair dès le début. Reiji avait horreur des non-dits. Cela amenait parfois une trop grande franchise, ou un chemin de pensée difficile à suivre, mais ses proches l'appréciaient généralement pour cela. Il espéra simplement ne pas avoir trop déstabilisé sa collègue.

Il accompagna son invitation à entrer d'un geste, qui permit à Inoke de découvrir le bureau. Le mot d'ordre du lieu était, justement l'ordre : tout était impeccablement rangé à sa place. Une immense bibliothèque prenait tout le mur de droite, et était remplie d'ouvrages divers, avec une partie dédiée à la recherche et une autre aux romans et autres ouvrages littéraires. Au centre de la pièce se trouvait un bureau en bois poli, sur lequel le champion-professeur avait l'habitude de travailler, grâce notamment à un ordinateur portable simple mais performant ainsi qu'à de nombreuses notes papier parfaitement empilées. Au fond, sur une étagère de taille moyenne, étaient disposés différents éléments en lien avec le champion : ses pokéball, le trophée d'un tournoi auquel il avait participé, des figurines de pokémon de type Acier, un rocher rare qu'il avait déniché lors de ses recherches de terrain, et un badge étrange qui constituait une subtile référence à la série qu'il était en train de regarder. Sur la gauche, un canapé à angle droit à la fois luxueux et confortable, qui permettait à la fois à Reiji de se reposer et de recevoir. Enfin, une petite table tout juste assez grande pour le plateau d'échecs posé dessus trônait dans un coin, accompagnée de deux tabourets face à face.
Reiji entraîna sa comparse jusqu'au sofa pour l'inviter à s'y asseoir.

- Après vous, je vous en prie.

Il attendit qu'elle s'assoie pour le faire également, utilisant le coin du canapé pour être ni à côté, ni face à elle : simplement placé de côté, de manière à créer une ambiance amicale sans être trop intrusif ni trop formel.

- Alors, quels sujets en particulier voudriez-vous aborder ? À moins que vous ne souhaitiez vous présenter d'abord. Je ne connais de vous que la description présente dans les fichiers de la Ligue.

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— A dire vrai, vous... m'interrompez.

Elle sembla aussitôt sur le point de s'excuser, avant qu'il ne poursuive:

— Mais ce n'est pas un mal, bien sûr. Frapper à une porte consistue toujours une interruption, la différence étant que parfois, ce n'est pas vraiment le bon moment.

La Championne féérique cligna des yeux d'incompréhension. L'avait-elle dérangée ou non, finalement? C'était un discours bien étrange à tenir, bien qu'elle soit assez mal placée pour critiquer le moindre égarement dans une explication.

— En l'occurence, le moment est plutôt correct, avait-il aussitôt ajouté, j'avais vraiment besoin d'une pause dans mon travail de professeur. Discuter du métier de Champion me permettra de penser à autre chose. Et faire connaissance est toujours appréciable. Entrez donc!

Inoke se remit à sourire en hochant la tête, et se murmura un "Super!" comme pour se rassurer elle-même. Il avait plutôt de grands airs, en plus de sa prestance assez intimidante, mais cet homme semblait aussi amical et accueillant qu'elle l'avait espéré.
C'était une très bonne chose. Après tout, ils étaient champions dans la même ville, il paraissait donc évident qu'ils allaient être voués à se rencontrer plus souvent que les autres de leurs collègues.

Il serait peut-être seulement difficile de toujours suivre le fil de ses pensées. Heureusement, il semblait avoir pour habitude de l'expliquer. C'était un plus, pour elle, à condition qu'elle ne se laisse pas aller à l'ascenseur émotionnel à chaque fois, comme elle venait de le faire.

Elle avait suivi son invitation et découvrit ainsi son bureau. Il était plutôt spacieux, décoré avec une certaine élégance. Bien qu'elle eut déjà eu plusieurs occasions de voir les bureaux de professeurs pendant ses études, qu'elle avait menées avec assiduité, l'ordre impeccable dans lequel celui-ci était lui sauta de suite aux yeux.

Tout semblait être parfaitement à sa place.

Le moindre livre, chaque meuble, chaque élément de décoration... même sa pile de papiers était empilée de la manière la plus propre que l'on pouvait imaginer. C'était assez impressionnant, mais Inoke ne pensait pas être capable de travailler dans un tel environnement. Elle avait presque peur que marcher à côté de quoi que ce soit ne le bouge assez pour briser cette harmonie parfaite.

Kai, de son côté, était déjà en train d'assouvir sa curiosité. Elle avait filé vers ce qui avait le plus rapidement attiré son attention, à savoir l'étagère au fond de la pièce. Elle y observa les Pokeballs, les quelques décorations, le trophée... puis fut amusée par les figurines de Pokémon de type Acier. Nul doute que ce Champion aimait autant les Pokémons que sa sœur jumelle.

— Après vous, je vous en prie.

La Dresseuse prit place sur le confortable sofa, en faisant visiblement attention à ne pas en déplacer les coussins. Les deux jambes collées l'une contre l'autre, les deux mains posées dessus, elle avait gardé sa sacoche en bandouilière, et le bas de son visage s'était légèrement dissimulé derrière sa grande écharpe. Elle semblait assez tendue. C'était une habitude pour elle, à laquelle elle ne prêtait plus vraiment attention. Il lui faudrait simplement le temps de s'adapter à cet environnement inconnu.

— Alors, quels sujets en particulier voudriez-vous aborder? commença-t-il pour engager cette conversation. A moins que vous ne souhaitiez vous présenter d'abord. Je ne connais de vous que la description présente dans les fichiers de la Ligue.

Elle sembla assez surprise de cette dernière remarque. Au moins, elle savait maintenant qu'ils étaient sur un pied d'égalité, à ce sujet. Elle ne connaissait de lui que son statut de Champion et Professeur, et n'avait découvert son apparence qu'à l'instant.

Inoke leva une main pour baisser légèrement son écharpe avant de la poser de nouveau:

— Autant commencer par les présentations alors, lança-t-elle, semblant déjà un peu plus calme. Je m'appelle Inoke! Enfin... je vous l'ai dit tout à l'heure. Et là-bas c'est... Kai, reviens ici! demanda-t-elle à son Magirêve qu'elle venait de remarquer en train de se promener dans le bureau sans aucune gêne. Désolée... c'est ma sœur, Kai. Elle est un peu sans gêne des fois... On tient le Café de Combat sur la place un peu plus haut, vous l'avez peut-être déjà vu.

Il ne lui semblait pas avoir déjà vu le Professeur parmi ses clients, mais l'endroit était plutôt populaire, suffisamment pour qu'il en ai peut-être entendu parler, ne serait-ce que via les apprentis Dresseurs que devaient compter ses élèves.

— Et du coup... Il n'y a pas longtemps, la Ligue m'a contactée pour devenir une des Championnes de Maïlys. Enfin vous devez déjà le savoir ça! s'empressa-t-elle d'ajouter comme pour se corriger. Alors j'ai aménagé l'arène du Café pour en faire une arène officielle... et me voilà Championne du Type Fée! conclut-elle en se désignant elle-même.

C'était un peu confus, mais l'essentiel y était. Elle ne savait pas vraiment ce qu'elle pouvait dire de plus, du moins ce qu'elle pouvait dire pour le moment qui intéresserait son collègue. C'était un début, pensait-elle, il n'y avait pas besoin de s'égarer plus que ça. Kai revenue s'installer sagement à ses côtés, Inoke n'attendit que la réaction, et éventuellement la présentation, de son interlocuteur.

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Sujet: Re: Collègues de Bordeciel [Ft. Reiji] Mar 13 Sep 2022 - 22:47

Reiji avait remarqué que la jeune championne semblait tendue, ne serait-ce que par le fait qu'elle se cache derrière cette écharpe. Mais ça n'était pas le seul indice. Un tic, un regard un peu fuyant... Il savait repérer ce genre de chose. Était-elle d'un naturel anxieux ? Si tel était le cas, il espérait pouvoir la mettre à l'aise autant que possible. Et si ce n'était pas le cas, c'était que quelque chose en particulier la gênait, et il tâcherait de découvrir quoi.

Quoi qu'il en était, elle choisit de commencer par les présentations. Elle désigna la pokémon spectre qui se baladait çà et là comme sa soeur. Reiji haussa un sourcil curieux. Soit elle la considérait comme telle car humain et pokémon avaient grandi ensemble, comme il l'avait souvent vu chez les dresseurs ayant un fort lien avec leur pokémon, soit, en tant que pokémon spectre... Il préférait ne pas songer à la deuxième option. Pour ne pas prendre le risque que cette hypothèse soit la bonne, il ne questionna pas sa collègue sur ce terme.

- Ne vous excusez pas pour votre... soeur. Elle ne faisait que regarder. Je n'ai aucun problème à ce que l'on se promène dans mon bureau, tant qu'on ne touche à rien sans ma permission.

Inoke parla ensuite de son lieu de travail, endroit que Reiji avait pu apercevoir, mais dont il n'avait jamais franchi la porte.

- En effet, j'ai déjà entendu parler du Café. Je comptais m'y rendre un jour ou l'autre, mais... D'une part, j'ai beaucoup de travail. De l'autre, les quelques fois où je suis passé devant, l'endroit était bien rempli. Or j'apprécie un certain calme, lorsque je prends ce genre de pause. Surtout lorsque je risque d'y croiser des élèves... Enfin. Félicitations pour votre promotion en tant que championne, en tout cas.

Il lui adressa un léger sourire d'encouragement. Puis reprit.

- À mon tour, donc. Reiji Huntedge, enseignant-chercheur. J'étudie les liens entre les pokémon et leur environnement, plus particulièrement en milieu montagneux. Je suis également spécialiste des pokémon de type Acier. J'ai ouvert cette arène-université il y a environ un an, en compagnie de mon collègue de type Roche, qui est actuellement à l'étranger pour une longue durée.

Passant en revue la présentation de sa collègue pour voir s'il n'avait pas omis d'information, il se rendit compte de quelque chose.

- Oh, j'oubliais. Je vous présente Rail. Mon partenaire, et ami.

À ces mots, un Scalproie surgit de derrière l'une des bibliothèques. Cela semblerait certainement surprenant pour Inoke, qui le verrait comme sorti de nulle part, mais en réalité, cet interstice dissimulait une sorte de chambre creusée dans la roche, aménagée spécialement pour le pokémon Acier/Ténèbres.

Le pokémon s'avança d'un pas rapide vers la jeune championne, la fixa, et lui tendit ce qui lui servait de bras. Son expression était très neutre et pouvait sembler froide, mais son geste invitait à la salutation.

Sujet: Re: Collègues de Bordeciel [Ft. Reiji] Dim 25 Sep 2022 - 19:40

Collègues de Bordeciel

ft: Reiji

Malgré la confusion de sa présentation, son interlocuteur avait semblé avoir écouté jusqu'au bout. Une telle patience devait-elle normale, pour un professeur qui devait sans doute avoir affaire à des élèves encore moins locaces ou clairs qu'elle à peu près tous les jours.

Elle avait remarqué sa surprise, surprise qui se confirma d'ailleurs lorsqu'il reprit la parole, lorsqu'elle avait évoqué son lien de parenté avec Kai. C'était habituel, chaque fois qu'elle en parlait pour la première fois. La plupart des gens présentaient leurs compagnons Pokémons comme des amis, rarement comme faisant parti de la fratrie.

Mais la plupart des gens n'avaient pas une jumelle Pokémon, après tout.

— Ne vous excusez pas pour votre... sœur, l'avait-il rassurée. Elle ne faisait que regarder. Je n'ai aucun problème à ce que l'on se promène dans mon bureau, tant qu'on ne touche à rien sans ma permission.

C'était plutôt rassurant. Inoke était parfois exaspérée par le manque de savoir vivre de sa sœur, mais elle n'avait jamais put l'empêcher d'être curieuse et trop énergique. Même enfants, elle avait toujours été ainsi, contrastant fortement avec le calme et la discrétion de sa jumelle.

La Championne put donc reprendre ses présentations, parlant ensuite de leur Café, où l'Arène de Type Fée se trouvait désormais.

—En effet, j'ai déjà entendu parler du Café, avoua-t-il. Je comptais m'y rendre un jour ou l'autre, mais... d'une part, j'ai beaucoup de travail. De l'autre, les quelques fois où je suis passé devant, l'endroit était bien rempli. Or, j'apprécie un certain calme, lorsque je prends ce genre de pause. Surtout lorsque je risque d'y croiser des élèves.

Elle avait hoché la tête d'un air compréhensif à ses remarques, et laissé échapper un léger rire à cette dernière, accompagnée d'un "Oui, je comprends". Croiser ses élèves pendant un instant de détente ne devait effectivement pas être la chose la plus agréable à laquelle elle pouvait penser.

Pour le reste, c'était bien normal également. Après tout, les heures plus calmes dans son café étaient souvent les heures auxquelles beaucoup de gens travaillaient, ou avaient cours. En dehors de ça, les visites se faisaient toujours plus nombreuses. Sans compter l'arène qui y était collée, le café n'était finalement pas bien grand, et il suffisait d'un peu d'affluence pour qu'il paraisse bien vite bondé.

— Enfin, avait-il répris. Félicitations pour votre promotion en tant que Championne, en tout cas.

— Merci, répondit-elle simplement en lui rendant son sourire.

Il se présenta à son tour comme le Champion Acier, qui avait ouvert cette arène-université une année auparavent, avec un collègue à présent à l'étranger. Elle se souvenait de l'ouverture de cette école, présentée à l'époque comme un grand évènement, et à raison! L'endroit avait une bonne réputation, et attirait de nombreux étudiants dans la ville montagneuse.

Elle n'avait toutefois aucune idée que cet endroit avait été fondé par deux de ses professeurs. C'était sans doute une bonne chose, finalement. Qui de mieux pour penser avant tout au bien-être de leurs élèves que les enseignants eux-même?

— Oh, j'oubliais, ajouta-t-il après ces quelques mots. Je vous présente Rail. Mon partenaire, et ami.

Aussitôt, un Scalproie était sorti de derrière l'une des bibliothèques. Inoke sembla visiblement buguer à cette vision, en train de se poser mille question sur sa présence ici. Était-il caché là depuis le début? Avait-elle raté une pièce secrète derrière ce meuble?

Elle avait sans doute été trop angoissée pour la remarquer, de toute façon.

Le Pokémon se présenta devant elle, droit, un visage peu expressif, un regard perçant caractéristique de cette espèce. Il avait une certaine prestance... En soit, il ressemblait beaucoup à son Dresseur, et cette pensée la fit rire.

Kai avait beau être sa jumelle de façon littérale, ce Scalproie aurait facilement pu passer pour celui du Champion.

— Enchantée, Rail, lui dit-elle avec un grand sourire, en essayant précautionneusement de serrer la "main" du Pokémon sans se faire mal. Je m'appelle Inoke, et voici Kai.

La Magirêve s'inclina, du moins autant qu'il était possible pour un Magirêve de s'incliner, lorsqu'on la présenta, tout en affichant un grand sourire un peu farceur.

Tout ce sérieux dans cette pièce ne faisait qu'encore plus rayonner cette énergie malicieuse qui émanait toujours elle. Heureusement, pour ne pas mettre sa sœur mal à l'aise, elle ne comptait pas faire de mauvaise blague aujourd'hui... du moins, pas tant qu'ils seraient dans cette école, et qu'elle se déplacerait en tant que Championne.

— Vous lui avez installé une pièce derrière cette bibliothèque? demanda-t-elle finalement, se rendant compte que c'était la seule solution à ses questions. C'est une super idée! Recréer l'environnement naturel de ses Pokémons, mais y intégrer un meilleur confort. Je comprends mieux pourquoi toute cette école est creusée dans la montagne.

Inoke était impressionnée par l'attention que Reiji portait à son Pokémon. Ce genre d'endroit devait être un petit paradis pour d'autres espèces montagnardes également. Elle ne serait même pas surprise que quelques Pokémons sauvages aient décidé de s'installer discètement dans les couloirs de cet établissement.

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Sujet: Re: Collègues de Bordeciel [Ft. Reiji] Lun 10 Oct 2022 - 23:32

À la salutation de la championne, Rail s'inclina, satisfait. Nombre d'humains étaient déstabilisés à serrer la patte d'un pokémon de la sorte, mais ça n'avait pas eu l'air de déranger la jeune femme. Le pokémon Acier aimait mimiquer les coutumes humaines, quand bien même il avait une origine sauvage. Son lien avec Reiji n'y était pas pour rien. Pour corroborer cela, en réponse au grand sourire de l'humaine, il en esquissa un léger également – ce qui pouvait paraître effrayant.

La championne Fée fit ensuite une remarque à propos de l'aménagement pour Rail. Son collègue lui adressa un sourire satisfait, rares étaient les personnes qui remarquaient cela.

- Eh bien, vous êtes perspicace ! Effectivement, j'ai profité du fait que l'arène soit construite dans la montagne pour lui aménager un petit coin spécial derrière la bibliothèque. C'est le seul à avoir le privilège d'une chambre à lui, mais comme vous l'avez suggéré, d'autres zones ont été creusées dans la roche pour que les pokémon puissent avoir leur coin à eux également. Elles sont accessibles par des tunnels bien cachés – pour éviter que des petits malins viennent les déranger.

Comme pour rebondir sur cette dernière remarque, la porte s'ouvrit brusquement. Un étudiant à l'air essoufflé, les joues rouges, se tenait là, et tentait de reprendre son souffle. Reiji lui lança aussitôt un regard assassin. Peu importe la raison de sa venue, il dérangeait.

- Vous seriez prié de frapper avant d'entrer, la prochaine fois. Je suis occupé, mais dites-nous donc la raison de votre empressement.

- Je... Oui, je suis vraiment désolé monsieur, j'aurais dû frapper, c'est vrai. Mais il faut que vous veniez vite ! Il y a un combat pokémon généralisé dans l'amphi – dans les gradins, là où tout le monde se pose pour manger ! Certains ont essayé de calmer le jeu mais ça n'a fait qu'empirer les choses !

Le champion soupira. N'avaient-ils jamais fini de lui causer du souci ? Il se tourna vers sa collègue.

- Navré. Je vais devoir intervenir. Vous pouvez m'accompagner ou m'attendre ici – même si j'admets qu'une aide supplémentaire me serait fort utile.

Il alla prendre ses pokéball et sortit de la pièce, Rail sur ses talons. Il suivit l'étudiant jusque dans l'amphi en question, puis constata l'ampleur de ce qui se passait.

Un Hippodocus et un Blizzaroi étaient en train de se battre, sur les gradins. À se demander comment ils tenaient sur les étroites tables en pierre servant habituellement à prendre des notes. Ils se tenaient tous deux dans un équilibre précaire, et se lançaient des attaques à distance, à base de sable et de glace. Les flocons et grains de sables volaient dans la pièce, créant une sorte de brume chaotique.
Étonnamment, l'hippopotame semblait tenir bon, malgré son désavantage de type. Autour d'eux, les dresseurs n'étaient même pas attentifs au combat : ils étaient occupés à se disputer avec ceux qui tentaient de les calmer, leur répétant de se mêler de leurs affaires, tout en toussant toutes les cinq secondes à cause des flocons de sable.

- Cessez immédiatement ! dit le champion d'une voix forte et ferme, son Scalproie lançant les mêmes regards assassins que lui.

Tous se retournèrent, pokémon compris. Et, si les humains faisaient profil bas, l'Hippodocus, lui, dut prendre le regard de Rail comme une agression. Il poussa un cri, puis sauta des gradins pour atterrir au niveau de l'arène dans un Séisme surpuissant.

Reiji était habituellement préparé aux attaques de ce genre, et avait toujours Aile, son Corvaillus, à ses côtés, durant les combats. Cependant, cette fois, il n'avait pas eu le loisir de prendre ses précautions, et le pokémon Vol était dans sa pokéball. Le séisme se répercuta dans tout le bâtiment, dans un fracas assourdissant, jusqu'au champion resté au sol, qui le ressentit dans tout son corps. Il se figea, son teint blanchit, et il eut uniquement la présence d'esprit de s'asseoir contre un mur avant que ses souvenirs traumatiques ne l'envahissent jusqu'à ce qu'il ne soit plus capable de ressentir autre chose que de la terreur. Un état qui durerait le temps du tremblement de terre, et bien davantage.

Dans la pièce, l'attaque avait fait perdre l'équilibre à la plupart des étudiants qui se trouvaient là, et le Blizzaroi dégringola de plusieurs étages avant de s'écraser au sol, KO.

- J'ai gagné, ça t'apprendra, tocard !
- Pff, tu parles, on était tous distraits par l'arrivée du prof, et en plus, ton pokémon a agi tout seul, c'est même pas toi. Il était presque KO en plus.
- Laisse tomber, tu restes un p'tit con qui sait pas admettre ses torts.
- Vous pouvez pas la fermer deux minutes ? tempêta une étudiante. Vous avez vu ce bazar que vous avez mis ? Vous croyez que c'est le lieu, franchement ? C'est pas comme si y'avait un terrain de combat DEUX MÈTRES PLUS BAS ! ...Et puis, d'ailleurs, il est où, monsieur Huntedge ? C'est bizarre qu'on l'entende plus...

Plusieurs étudiants qui se posaient la même question s'approchèrent du mur vers l'entrée de la pièce, où était situé le professeur. Cependant, Rail leur bloqua la route, en position défensive, le regard féroce, empêchant quiconque de s'approcher.

- Je sais pas ce qui lui arrive, mais je pense qu'on ferait mieux de s'en aller. Il fiche la frousse, son Scalproie, dit une étudiante.
- Tu veux qu'on le laisse comme ça ? lui répondit une autre, inquiète.
- Je pense que ce pokémon sait ce qu'il fait. Il est très intelligent... Pas comme certains, asséna l'étudiant qui était allé chercher Reiji en premier lieu, regardant les deux combattants avec mépris.

Le groupe s'éloigna, laissant la salle vide et en désordre. Plus d'étudiants. Tant mieux. Ils avaient causé assez de soucis comme ça, et Rail savait que son partenaire ne voudrait pas qu'ils le voient dans cet état.
La seule personne qu'il laisserait approcher, en cet instant, serait la championne Fée. Le Scalproie avait le sentiment qu'elle était digne de confiance.

Sujet: Re: Collègues de Bordeciel [Ft. Reiji] Ven 14 Oct 2022 - 15:21

Collègues de Bordeciel

ft: Reiji

Alors que le professeur expliquait qu'en effet, d'autres galeries dissimulées étaient creusées un peu partout pour le confort des Pokémons, un élève déboula subitement à l'entrée du bureau. Le pauvre reprenait son souffle tant bien que mal, et fut accueilli par le regard assassin de son enseignant, qui fit froid dans le dos à son invitée, quand bien même elle n'en était pas la cible.

— Vous seriez prié de frapper avant d'entrer, la prochaine fois, lui conseilla-t-il fermement. Je suis occupé, mais dîtes nous donc la raison de votre empressement.

— Je... oui, je suis vraiment désolé monsieur, j'aurais dû frapper, c'est vrai, avoua l'élève qui semblait encore perdu en plus d'avoir le souffle court. Mais il faut que vous veniez vite! Il y a un combat Pokémon généralisé dans l'amphi, dans les gradins, là où tout le monde se pose pour manger! Certains ont essayé de calmer le jeu mais ça n'a fait qu'empirer les choses!

Inoke soupira également, comme par réflexe. Ce genre d'histoire ne lui rappelait que trop ses années étudiantes, où ces incidents étaient réguliers. Bien sûr, elle ne s'en était jamais mêlé, plutôt à l'époque encore plus renfermée qu'aujourd'hui. Elle avait eu tendance à les observer de loin, affligée par leur bêtise.

— Navré. Je vais devoir intervenir. Vous pouvez m'accompagner ou m'attendre ici... même si j'admets qu'une aide supplémentaire me serait fort utile.

— B-bien sûr, je comprends! s'empressa-t-elle de dire ainsi tirée de ses souvenirs. Je vais vous aider!

La jeune Championne marcha dans les pas de son collègue, jusqu'au lieu de l'incident. Ce grand amphithéâtre était à présent envahi d'une brume de sable et de neige, alors que deux grands Pokémons s'affrontaient au milieu des gradins. Malgré qu'ils étaient tous deux plutôt spécialisés dans le combat rapproché, leur équilibre précaire les forçait à rester à distance pour éviter de dégringoler jusqu'à... la véritable arène de combat, qui se trouvait à peine deux mètres en contrebas.

— Cessez immédiatement! ordonna le professeur d'une voix forte.

Inoke s'était déjà apprêtée à libérer un de ses Pokémons pour mettre fin au combat -une bonne sieste imposée par la Berceuse d'Echo ne leur aurait pas fait de mal- mais le regard noir de l'enseignant et son Pokémon sembla suffira à refroidir les ardeurs des deux Dresseurs en herbe.

L'hippopotame par contre, ne l'entendit pas de cette oreille. Se sentant provoqué par Rail, il bondit pour retomber avec force sur l'aire de combat, provoquant une puissante attaque Séisme.

La Championne perdit l'équilibre mais fut rapidement rattrapée par sa sœur, toujours à l'affût dans ce genre de situations. La plupart des élèves présents toutefois n'eurent pas cette chance, et finirent bien vite les fesses par terre, tout comme le Blizzaroi qui venait de chuter aux pieds de son adversaire.

Le vainqueur, si on pouvait l'appeler ainsi, se vanta de ce K.O. involontaire, ce qui provoqua une nouvelle dispute, jusqu'à ce que l'une d'eux fasse remarquer que le professeur était complètement silencieux.

Inoke, qui reprenait elle aussi ses esprits au milieu de cette confusion, remarqua la même chose. Rail, le Scalproie, semblait toutefois monter la garde pour veiller sur son partenaire. Que s'était-il passé? Avait-il été blessé dans sa chute?

Alors que le Pokémon avait fait sortir les derniers étudiants de la salle par sa seule attitude menaçante, Inoke et Kai s'en approchèrent doucement.

— Tout va bien? demanda-t-elle en essayant de voir le visage du professeur. Monsieur Huntedge?

Lorsque le Scalproie s'écarta, Inoke eut une drôle de sensation. Ce visage affreusement pâle, ce regard empli d'effroi, ces quelques gouttes de sueur qui perlaient sur son front. Elle eut la désagréable impression de se voir dans un miroir. Du moins, de voir un visage qu'elle avait déjà observé sur son propre visage, dans un miroir.

Un peu décontenancée, elle se retrouva sans voix quelques secondes. Il y avait un sévère traumatisme derrière cette réaction, un mécanisme de défense qu'elle ne connaissait que trop bien. Mais il n'y avait pas vraiment de mot à dire, dans ce genre de cas? La seule chose qui arrivait toujours à la rassurer dans ces moments, c'était Kai.

Le spectre s'était d'ailleurs approché du Champion, visiblement inquiète elle aussi.

— T-tout va bien! parvint-elle à dire, essayant malgré tout de l'aider à reprendre ses esprits. Ce n'était qu'une attaque Séisme, personne n'a été blessé, lui assura-t-elle d'abord. J-je peux aller vous chercher de l'eau si vous voulez! Ou alors Kai peut y aller, si vous préférez ne pas rester seul.

C'était un peu confus, mais l'intention y était. Elle se sentait impuissante, mais faisait de son mieux. Au moins, ses élèves ne l'avaient pas vu dans cet état, pas vraiment. Elle savait à quel point on pouvait se sentir vulnérable. C'était un visage qu'on ne voulait surtout pas montrer aux autres. Et puis, il ne valait mieux pas imaginer ce que certains élèves mal intentionnés auraient pu faire de cette information, si elle s'était propagée.

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Sujet: Re: Collègues de Bordeciel [Ft. Reiji] Dim 16 Oct 2022 - 19:29

La terreur. Les attaques. Les cris. Les tremblements. Tout repassait en boucle. Une autre attaque. Un fracas.
Rien de tout cela n'était en train d'arriver, le séisme était passé depuis longtemps. Mais l'esprit de Reiji n'était pas rationnel. Il attendait une nouvelle occurrence, comme s'il avait été projeté une dizaine d'années en arrière, caché dans cette maison, ce foyer qui tombait en ruines.
La terreur, les attaques, les cris, les secousses...

Cependant, après un certain moment, cette part instinctive dut se rendre à l'évidence : effectivement, rien de tout cela n'était en train d'arriver. Et ce fait immuable faisait peu à peu diminuer la panique pour laisser place à une part plus rationnelle.
Part qui refit surface grâce à deux choses.
La première, c'était le contact, à la fois froid et rassurant, de Rail, qui avait apposé sa patte métallique contre la paume de Reiji. Un contact qui avait su l'aider, de nombreuses fois.
La deuxième, c'était une voix. Une voix humaine, féminine, envoyant un message clair à l'inconscient du champion : il n'était pas seul, il n'était pas dans la situation d'il y a dix ans.

Il reprit peu à peu ses esprits, recouvrant la vue, découvrant à la fois un Scalproie à la mine grave mais rassurrante, et le visage inquiet de sa collègue de type Fée, qui semblait... lui proposer de l'eau.
N'ayant pas encore retrouvé la parole, il se contenta d'hocher la tête doucement, tout en regardant la Magirêve, signe qu'il préférait la seconde proposition.
Il prit ensuite l'une de ses pokéball et invoqua Cloche, son Archéodong qui, comprenant la situation, émit un profond et apaisant son de cloche, qui sembla calmer son dresseur.
Puis il tâcha de se redresser, de prendre de grandes respirations, puis de réussir à aligner les mots dans sa tête.

- Je... Je vous remercie. Est-ce que... Est-ce que quelqu'un m'a vu ?

Il tremblait toujours. Il songea qu'il devrait des explications à la jeune femme, mais ne se sentait pas capable de les fournir en l'état.
Il prit le verre d'eau apporté par la Magirêve – heureusement qu'il y avait un distributeur d'eau avec des gobelets non loin, le but, et remercia la pokémon spectre d'un signe de tête.
Il tenta ensuite de se lever, doucement pour ne pas tourner de l'oeil, soutenu par Rail et Cloche.

- Il faudra... nettoyer tout ça, dit-il en jetant un coup d'oeil vers la salle. Mais, pour le moment, retournons à mon bureau.

Son visage retrouvait peu à peu des couleurs, et il tremblait moins. Il était toujours sous le choc, mais sentait la tension retomber.
Une fois à son bureau, il s'assit sur son sofa et prit à nouveau de grandes inspirations, puis s'adressa à Inoke. Il était prêt à donner ses explications.

- Je suis désolé que vous ayez dû me voir dans cet état. Je n'ai pas assez envisagé la possibilité qu'il y ait un pokémon de type Sol impliqué dans ce grabuge. Il s'avère que j'ai... Un certain passif, qui fait que je réagis de manière traumatique aux tremblements de terre. En principe, en cas d'attaque Séisme ou capacité similaire, je m'aide d'Aile, mon Corvaillus, qui me permet de décoller du sol et de m'éviter cette réaction. Il soupira à nouveau. Ces satanés étudiants n'auront jamais fini de causer des soucis. Enfin. Je serai mieux préparé la prochaine fois.

Sujet: Re: Collègues de Bordeciel [Ft. Reiji] Mer 19 Oct 2022 - 13:41

Collègues de Bordeciel

ft: Reiji

Il parvint après quelques temps à se redresser doucement, puis hocha la tête en direction de Kai, qui s'empressa de filer dans les couloirs à la recherche d'une fontaine à eau.
Puis, un Archéodong fut sorti de sa Pokéball. La cloche comprit bien vite la situation, et se mit à émettre un son très doux et agréable, propageant autour de lui un sentiment de sérénité. Même Inoke sembla plus détendue après cet incident, à l'écoute de cette étrange mélodie.

— Je... Je vous remercie, parvint difficilement à dire le professeur après avoir repris son souffle. Est-ce que... est-ce que quelqu'un m'a vu?

Inoke fit doucement "non" de la tête.

— Je pense pas. Rail a fait sortir les élèves de la pièce assez vite.

Sur ces mots, Kai était déjà de retour, portant avec ses pouvoirs un gobelet d'eau qui flottait devant elle. L'enseignant la remercia, et tenta de se lever avec l'aide de ses Pokémons. La Magirêve, elle, semblait juste rassurée de voir qu'il semblait au moins être sorti de son état second.

— Il faudra... nettoyer tout ça, fit-il remarquer en voyant l'état de l'amphithéâtre. Mais, pour le moment, retournons à mon bureau.

La Championne Fée hocha la tête. Ils pourraient s'occuper de ça plus tard. Pour le moment, il avait besoin de reprendre ses esprits.
Si elle parlait si peu, ce n'était pas par gêne ou par malaise. Simplement, elle calquait ses propres réactions sur celles de son collègues. Lorsqu'elle même se retrouvait dans cet état, livide, elle avait besoin de calme autour d'elle pour mieux s'en remettre. Alors, elle restait là sans dire mot, pour ne pas le laisser seul, mais aussi pour ne pas le surmener.

La jeune femme pouvait voir au fur et à mesure du chemin qu'il sembla aller mieux. En tout cas, ses mains tremblaient moins, et son teint était moins blafard.
Revenus au bureau, ils reprirent leurs places d'avant, et le Champion fut le premier à parler:

— Je suis désolé que vous ayez dû me voir dans cet état.

Vous n'avez pas à vous excuser pour ça, pensait-elle. Elle était bien placée pour savoir que ces réactions étaient complètement incontrôlables. On ne pouvait apprendre à les dissimuler, simplement à vivre avec.

— Je n'ai pas assez envisagé la possibilité qu'il y ait un Pokémon de type Sol impliqué dans ce grabuge.

Personne n'aurait pu prévoir ça.

— Il s'avère que j'ai... un certain passif, qui fait que je réagis de manière traumatique aux tremblements de terre. En principe, en cas d'attaque Séisme ou capacité similaire, je m'aide d'Aile, mon Corvaillus, qui me permet de décoller du sol et de m'éviter cette réaction.

Vous n'avez pas besoin de vous justifier, ce genre de chose arrive. Bien que cette dernière remarque la fit sourire tout de même. Avoir un compagnon pour l'aider à éviter ces crises, c'était un beau pas en avant.

— Ces satanés étudiants n'auront jamais fini de causer des soucis, conclut-il après un soupir. Enfin. Je serai mieux préparé la prochaine fois.

— Je comprends, ne vous inquiétez pas, le rassura-t-elle. C'est difficile de réagir comme il faut dans ce genre de situation, je sais que c'est pas quelque chose qui se contrôle. Ce qui compte, c'est que votre ami a très bien réagit, ajouta-t-elle en regardant le Scalproie avec un sourire.

Elle n'aurait pas l'impolitesse de lui demander d'où venait ce passif avec les tremblements de terre. C'étaient des questions bien trop privées, presque intimes. Elle ne voulait même pas la réponse, simplement s'assurer qu'il aille mieux.

— Vous vous sentez mieux? Si vous avez besoin de quelque chose n'hésitez pas! Si on peut se rendre utiles, Kai et moi, on le fera.

Au moins, cette histoire aura aidé Inoke à se sentir plus à l'aise. Tout du moins, sur un pied d'égalité avec son collègue. Plutôt que le voir comme un modèle peut-être trop difficile à atteindre, simplement à cause de son expérience, elle le voyait à présent comme... un être humain, comme elle, avec ses problèmes, son passé, ses faiblesses, et ses forces également.

C'était une sensation étrange, peut-être malvenue, mais cette seule similitude l'avait aidée à accepter cette évidence.

— En tout cas je vois que ça n'a pas changé, remarqua-t-elle en soupirant à son tour. Pendant mes études c'était pareil, il suffisait d'un rien pour que certains sortent leurs Pokémons et se battent, peu importe l'endroit.

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Sujet: Re: Collègues de Bordeciel [Ft. Reiji] Sam 22 Oct 2022 - 16:50

À la mention que Rail avait très bien réagi, Reiji adressa à son pokémon un regard infiniment reconnaissant. Il aurait certainement moins bien géré sa crise sans lui, et de surcroît, le Scalproie avait évité toute approche inopinée d'étudiant trop curieux.
Il adressa également ce regard à Inoke, accompagné d'un léger sourire. Un regard aux antipodes de ceux qu'il lançait aux personnes qui le dérangeaient, ou qui l'irritaient. Un regard réservé à ceux qui le méritaient.
Sa collègue, ayant manifestement vécu quelque chose de similaire, se montrait compréhensive. À une époque, il aurait vu cette empathie comme... Une faiblesse. Mais il avait changé. C'était davantage une force, il le savait, il le respectait, et il en était reconnaissant.

- Oui, je me sens mieux. Merci beaucoup.

Elle évoqua ensuite le fait que les étudiants étaient tous les mêmes. Ou plutôt, qu'il y avait des énergumènes de ce genre dans toutes les filières, tous les milieux. En effet. Il se rappelait également, lui-même, avoir constaté ce type de comportement, lorsqu'il étudiait.

- On ne changera pas ce fait. Heureusement, je sais user d'autorité assez pour ne pas avoir à leur répéter plusieur fois de se calmer. Mais c'est loin d'être de tout repos.

- Mais passons. Vous n'êtes pas venue pour parler de jeunes imbéciles, n'est-ce pas ? Vous souhaitiez parler du métier de champion, il me semble. Vous pouvez me demander ce que vous voulez à ce sujet.

Il n'exerçait pas le métier depuis très longtemps, mais avait déjà pu livrer des combats d'arène, et ce contre des dresseurs aux profils très différents, ce qui lui donnait un panel assez large sur les différents types d'adversaires, ainsi que des bases solides sur comment s'adapter à eux.

Sujet: Re: Collègues de Bordeciel [Ft. Reiji] Dim 23 Oct 2022 - 13:13

Collègues de Bordeciel

ft: Reiji

— On ne changera pas ce fait, confirma-t-il. Heureusement, je sais user d'autorité, assez pour ne pas avoir à leur répéter plusieurs fois de se calmer. Mais c'est loin d'être de tout repos.

Il était conscient de ses capacités, et Inoke avait effectivement bien vite pu les constater. Son regard glaçant faisait froid dans le dos, même elle avait eu des frissons en le voyant alors qu'elle n'était même pas visée. De quoi calmer les jeunes gens les plus dissidents sur le coup... c'était d'ailleurs ce qui se serait passé, si cet Hippodocus n'avait pas été si belliqueux.

A croire que même le plus terrible des élèves était plus facile à dompter que certains Pokémons.

— Mais passons, poursuivit-il. Vous n'êtes pas venue pour parler de jeunes imbéciles, n'est-ce pas? Vous souhaitiez parler du métier de Champion, il me semble. Vous pouvez me demander ce que vous voulez à ce sujet.

Après une petite seconde, le temps que son cerveau se reconnecte, Inoke tapa dans les mains, comme si elle-même venait de se rappeler que c'était effectivement la raison de sa visite.

— O-oui! Oui oui!

Elle se mit à réfléchir un instant, encore un peu bouleversée par les derniers évènements, à une question par laquelle elle pourrait commencer.
Elle s'y connaissait en combats Pokémons, elle avait affronté énormément d'adversaires avant même d'obtenir son titre. Son café était presque une arène avant d'en devenir une officielle. Les Dresseurs y venaient souvent exprès simplement pour affronter une adversaire de taille.

Toutefois...

— A vrai dire, je crois que la moindre information me serait utile... finit-elle par se dire. Tout ce que je sais faire pour le moment, c'est me battre, avoua-t-elle. Est-ce que vous pensez qu'il y a d'autres petites ficelles à connaître pour débuter? Oh! s'exclama-t-elle soudain. Est-ce qu'on pourrait voir votre arène? Enfin, l'endroit où vous vous battez contre vos challengers? Je pourrais peut-être m'en inspirer pour réaménager mon propre terrain de combat! Pour le moment c'est une arène très simple, derrière mon café, mais j'aimerais qu'elle soit plus adaptée. Comme vous avez fait certains aménagements pour les Pokémons montagnards dans l'université, je suis sûre que vous avez des choses intéressantes dans votre arène également! Ah! Et... vous aussi vous faîtes passer une épreuve à vos challengers avant de les affronter? Je pense que c'est une bonne chose pour en savoir plus sur eux en tant que Dresseurs, en plus de savoir comment ils se battent, mais pour le moment je n'ai que des idées très simples. D'un côté, la simplicité a ses avantages aussi...

Elle s'interrompit soudain, se rendant compte de l'avalanche de questions qui venaient toutes seules de s'échapper de ses lèvres. Ça lui arrivait, parfois. Quand le sujet la prenait, elle avait du mal à s'arrêter.

— Désolée! s'excusa-t-elle aussitôt, embarrassée, alors que son visage se dissimulait de nouveau derrière son écharpe. Une chose à la fois ce sera déjà très bien.

La plupart du temps, ces écarts ne dérangeaient personne. Pourtant, elle se sentait toujours très gênée quand elle s'en apercevait en plein milieu de ses monologues. C'était quelque chose qui contrastait beaucoup avec sa personnalité très tranquille, et qui pouvait tout de même en désarçonner certains.
Malgré les apparences, elle était toujours pleine d'enthousiasme et d'énergie, sans doute autant que sa sœur. Cette énergie était simplement en repos, et ne sortait que lorsque son intérêt était piqué.

Cette gêne, heureusement, passait assez vite, du moins en apparence, et elle sembla rapidement se détendre à nouveau en attendant la réponse de son collègue.

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