1v1 cratère [Maya]

Quelle zone sauvage pouvait être plus dangereuse que le cratère en lui-même ? Bien que calmé après la capture du monstre de la Porte par Abyss, les Pokémons y régnant étaient des créatures puissantes et dangereuses qu’il ne fallait surtout pas sous-estimer. Seuls les plus expérimentés étaient admis pour avoir une chance de s’en sortir indemne. Il était donc normal que le meilleur d’entre eux puisse s’y rendre. Je veux dire, que je puisse m’y rendre, bien sûr.

Aah je dois dire que ce jour-là, j’étais d’humeur joueur. Comme d’habitude, dirons certains. Oui, mais une pensée me traversa l’esprit. Il y avait une personne que j’avais presque oublié, tant elle me paraissait… Comment dire, sans être trop cru ? Peu marquante, peut-être ? Ce n’était peut-être qu’une impression cela dit, et j’étais curieux de mieux connaitre cette personne. Car elle avait une particularité qui, malheureusement pour elle, mettait en valeur une autre personne.

Je parle de Maya, personne dont je me suis rappelé parce qu’elle serait apparemment en couple avec mon jeune ami Aaron. Faisant jouer de mon réseau au Sanctuary, entre mes coéquipiers et les personnes responsables de… Trafics en tout genre plus ou moins légaux, j’ai voulu retrouver la trace de cette jeune femme afin de la laisser enfin briller à mes yeux autre que par le biais d’un homme.

J’ai chargé mon ami Stein Lecoffre la charge de lui faire passer un petit message. Un bout de papier enroulé soigneusement et attaché d’un fin ruban doré, placé dans une petite fiole cristalline. Mon ami a ensuite rangé cette fiole dans une petite boîte similaire à un mini-coffre, d’où sa spécialité. L’idée était simple : habillé dans une tenue qui ne permettait pas de distinguer de caractéristiques particulières, il glisserait dans un sac, une poche, ou directement dans la main de Maya ce petit coffre.

En le dépliant, si le message finissait bien par arriver entre ses mains, elle constaterait une écriture soigneuse sur un fond représentant nul autre qu’un tapis aux teintes mauves et aux dorures venant effleurer les bordures de cette représentation de tapis de velours. Voici ce que le message décrivait :

« Un soleil couchant sur le toit de Maïlys. Un vent chaud au sommet d’une île qui ne saurait rafraichir la chaleur que la gueule béante du géant rocheux dégage. De là où l’on se sent toucher les nuages du doigt, la vue sur un croissant lunaire florissant ne saurait s’apprécier à sa juste valeur seul. Un spectacle verdoyant côtoyant les couleurs chaudes du désert alors que la blancheur des sommets voisins nous feraient oublier le climat tempéré régnant sur une terre apaisée. Lorsque le ciel crépusculaire s’abandonnera à la pénombre, une teinte de rouge sera ajoutée au tableau. Un pigment précieux, signe de vitalité, sera emprunté à la personne avec qui tu aimerais le plus partager ce spectacle.

Mais il saurait se conserver si de ta propre pigmentation, tu serais prêt à offrir. Je dois cependant te rappeler que, comme tu as pu le constater suite à notre rencontre pour célébrer ton premier badge, mes yeux voient tout, et mes oreilles entendent tout. Un seul champion, un seul être aimé, un seul représentant de l’ordre, une seule personne prévenue et il ne saurait attendre les nuances orangées ne finissent par se cacher aux yeux de Maïlys pour que l’emprunt ne soit effectué.

Là où la Porte des Enfers s’est jadis ouverte, là où le réel à côtoyer le surnaturel, un don sera attendu. »

Evidemment, Stein me préviendrait lorsque le message serait donné. Le compte-à-rebours commencerait alors à ce moment jusqu’à la fin de la journée. Coup de bluff ou réelle menace ? Saurait-elle tenir la pression ou oserait-elle s’aventurer courageusement au cratère ?

Le lieu de rendez-vous n’était autre que là où se trouvait la fameuse Porte de Rodin, aujourd’hui délaissée suite à l’absence de la créature. Seul de téméraires curieux venaient aujourd’hui s’aventurer de temps à autre afin d’avoir la chance de poser ses yeux sur cette antique relique.

Assis en tailleur, bras croisés, aux côtés d’un Alakazam maintenant un tapis en lévitation, je regardais l’arrivée de la jeune femme qui ne semblait avoir remarqué ma présence dans les airs. Je l’écoutais alors que mon sourire s’étendit sur mes lèvres. J’étais satisfait de la voir prendre la décision de venir seule me confronter. Était-ce pour cacher sa peur qu’elle se donnait cet air de justicière ? Ou bien était-elle véritablement assurée ? Si la deuxième solution était la plus amusante, la première était la plus réaliste.

« Mes excuses, Maya, » répondis-je alors que je hochais la tête en réponse à la question de mon Alakazam, désireux de savoir s’il devait abaisser le tapis à un niveau où elle pourrait me voir. Une fois arrivé à environ un mètre du sol. « Je crains avoir été occupé à récupérer mon badge chez le champion voisin. Rok et moi avons combattu ici ensemble. Avec d’autres tels que Nyssa ou Yob, d’ailleurs. Mais tu dois déjà être au courant, n’est-ce pas ? »

Je pris un petit étui afin de révéler le contenu à mon invitée du jour.

« Je l’ai d’ailleurs récupéré, tout comme celui de notre dracologue. Je t’avoue avoir eu un doute quant à ta capacité de réussir à m’arrêter… Mais maintenant que je vois que nous sommes à égalité en termes de badges, je suis rassuré quant au fait que tu dois avoir au moins le même niveau que le mien. »

Je rangeais mes badges, caressant mes Pokéballs une à une. Mon sourire restait intact lorsque je terminais mes phrases. Légèrement en coin, moqueur.

« Après tout, tu as réussi à vaincre Vio… Ah, non, pardon. Elle a eu pitié de toi, c’est ça ? Je crains qu’elle ne se ramollisse. A mon époque, elle n’avait aucune pitié. Elle et moi nous entendions bien dans la Zodiac, là où elle a finit par prendre en main ma formation. Et je dois dire que l’élève a fini par dépasser le maître… Sans même l’aide artificielle d’un Pokémon fabuleux. »

Était-elle au courant de cette histoire avec Violeta ? Ce n’était pas un fait méconnu. Pas après que je l’ai révélé au grand public du temps de la Némésis. Cela dit, j’ignore si miss justicière en herbe était là à ce moment. En terminant ma phrase, mon regard se posa alors sur sa Pokéball. Soit elle était vraiment prête à en découdre, qu’elle le voulait, soit il s’agissait d’une mesure de précaution de sa part… Aussi vaine paraissait-elle à mes yeux.

« Ah, mais, je vois que tu m’as rapporté le mauvais pigment… Où sont passés tes petits crayons de couleurs ? Tu les as confondus avec le rouge de ta Pokéball ? Ou peut-être que tu te sens prête à jouer dans la cours des grands. Tu sais, je ne cherchais qu’à partager ce spectacle que l’altitude nous offre. Bien que ce soit plus facile à admirer sans tous ces obstacles autour de nous… Mais si tu souhaites ‘régler un problème’, peut-être chercherais-tu à me montrer de quoi tu es capable ? »

A entendre par là un combat, bien sûr.

Je ne répondais pas de suite. Je me contentais de l’écouter répondre à tout ce que je lui avais dit, analysant son comportement et ses paroles. Elle était visiblement particulièrement tendue, prête à en découdre. On ne pouvait nier sa détermination à se battre, pensant que je cherchais à faire bouillonner sa rage, comme elle le disait d’elle-même. Mais en réalité, au-delà de paroles moqueuses, je ne faisais qu’énoncer des faits. Des serpentant dans son esprit afin de la hanter et de remettre certaines choses en perspective. Certaines vérités pouvaient être dures à entendre, comme pour Violeta par exemple.

En faisant appel à son Roucool pour me faire un Jet-de-Sable, mon Alakazam nous souleva afin d’éviter l’attaque, bien qu’elle n’avait strictement rien de dangereux, ni d’impressionnant. C’était juste une façon de faire comprendre que des attaques directes envers moi était en fait inaccessible. Avant de répliquer face à son attaque, je fis exprès de prendre le temps de répondre, montrant qu’ici, c’était moi qui contrôlait les choses.

« Ah tu ne me crois pas pour Violeta ? Demande-lui de te parler de la Commandante Libra, de son assaut sur anciennement Port Sableye contre Green lui-même, ou encore la fois où elle assassinat un dragon d’un ancien champion d’Esperantown. Deux villes qui, ironiquement, sont devenus aujourd’hui de parfaits opposés, alors qu’elle nous offre une terre vierge de ses méfaits, nommée le Sanctuary. Enfin, l’est-elle réellement ? Quant à Walter, aucun de nous n’avions pu faire quelque chose. Abyss est intervenu lorsque nous avions suffisamment poussé à bout la créature pour qu’elle cherche à nous immobiliser. Son pouvoir ainsi utilisé, et affaiblie comme elle était et par le pouvoir de Sydarta, ces opportunistes se sont emparés de cette chose. J’ai néanmoins présenté Walter à toutes les personnes présentes, et donc la ligue. Il manquait de savoir-vivre à ne pas le faire lui-même proprement. Il a du potentiel, mais est encore trop immature, si tu veux mon avis. »

Je marquais une pause, alors que j’activais la Pokéball que je touchais, sans savoir de quel Pokémon il s’agissait exactement. Dans un flash se dévoila une silhouette assez petite mais menaçante. En effet, une silhouette avec une énorme pince agissant comme une puissante arme à feu. Ou en l’occurrence, arme à eau. Shellfire, mon Gamblast, aux couleurs rougeoyantes. Ah, quel plaisir. Quel plaisir de le voir. Oui, c’était un bon choix. Un très bon choix, tant que je trouvais la précision et la férocité de ses tirs briller dans les vagues d’eau et d’énergie qu’il était capable de dégager.

« Je te présente Shellfire. Rare spécimen au vu de sa couleur, tu t’en douteras. Il y a un sport qu’il aime par-dessous tout : le tir au pigeon. Montre-moi ce que vaut ton Roucool. Shellfire, Anti-Air. »

Prenant un rocher au sol avec sa pince, le Gamblast visa le volatile. Lorsqu’il était prêt, il propulsa le projectile grâce à une détonation provoquée par une forte chaleur et un phénomène d’ondes sonores très puissant – bien qu’inaudible à nos oreilles. S’il touchait sa cible, l’oiseau subirait une force, une douleur qui l’empêcherait de reprendre son envol. Quant à moi, je repris la parole, la questionnant sur ses intentions.

« Nous ne sommes en effet pas obligés de discuter autour d’un pique-nique, mais plutôt d’un combat. Nous n’avons en réalité que très peu eu l’occasion de nous connaitre, et j’en suis désolé. J’aimais pourtant prendre du temps avec les sbires du temps de la Némésis. Alors dis-moi, que désires-tu faire une fois arrivée au sommet de la ligue ? »

Vitesse du projectile, précision et puissance assurait de gros dégâts chez le Roucool adverse. La différence de niveaux entre les deux se ressentait, et pourtant elle s’obstinait à vouloir se battre. Elle semblait vouloir à tout prix se battre, ou se sentait obligé. Elle me considérait comme une menace à éliminer, ou bien craignait-elle que je ne continue à attaquer si elle baissait mes armes. Une chose semblait se dessiner : elle me connaissait mal. Je ris à sa réponse, notamment lorsqu’elle évoqua Aaron.

L’oiseau se remit en marche, je lui laissais l’occasion de placer sa Vive-Attaque. Des petites foulées bondissantes, avec des battements d’ailes pour lui fournir la vitesse nécessaire. Le petit Pokémon finit par percuter mon Gamblast, bec en avant, faisait quelques petits dégâts. J’aurais pu l’écraser en un clin d’œil, jouant du Méga-Blaster de mon Pokémon, mais ça n’aurait pas été amusant.

« Eloigne-toi d’un Aqua-Jet, puis fais un Rebond. »

Faisant un petit bond pour se retourner, il dégagea de l’eau de sa pince pour se propulser dos en avant et esquiver l’Ouragan que le volatile voulait créer, passant derrière lui. Puis il dégagea à nouveau de l’eau vers le sol, cette fois-ci se propulsant eau dans les airs, continuant d’utiliser cet eau pour se maintenir quelques temps dans les airs d’une certaine façon afin de viser et préparer sa chute. Cela laisserait à Maya de préparait son Roucool pour la suite, et en même temps de continuer notre discussion.

« Que de belles paroles… Jouer la justicière, intégrer une organisation pour arrêter les méchants. Et pourtant, à moi seul, je suis bien plus fort que vous tous. Tu sais pourquoi ? Parce que mes actes passés et votre vision de ma personne suffisent à donner du pouvoir à mes mots. Tu te tiens là devant moi car tu ne savais pas si je verserai le sang d’un de tes proches et que tu veux les protéger, n’est-ce pas ? Vous, au STERN, vos paroles n’ont aucun impact. Votre seule force tiens d’une milice qui essaye de s’organiser. Et encore, vous ne savez même pas tirer profit de tout le potentiel que peuvent offrir la combinaison des capacités de vos Pokémons à votre propre intellect. Ironiquement, ce que l’île à besoin, c’est de quelqu’un possédant ma force à son sommet. »

Au final, la menace que je suis sensé représenter aujourd’hui est autre. J’ai offert le poids de cette menace aux champions. Ce seront leurs choix qui feront de moi quelqu’un d’aussi dangereux ou non, de façon directe, s’ils décidaient de me refuser un combat pour leur badge. Ou leur badge directement.
Je me doutais cependant qu’elle ne me croirait pas. Mais peut-être se pourrait-il qu’en y repensant, elle commence à changer d’avis. Après tout, a-t-elle seulement imaginer les conséquences possibles de si j’étais Maître de la Ligue ?

Evidemment, elle avait décidé d’arrêter de combattre. L’aurait-elle réellement fais si je ne l’avais pas pensé avant ? Réalisait-elle son impuissance ? Elle était tout à fait illogique dans sa façon d’être. Si mon Gamblast s’apprêtait à vraiment chuter sur le Roucool, mon Alakazam l’arrêta d’un message dans son esprit. Frustré, il se laissa retomber, amortissant sa chute avec de l’eau tiré vers le bas. Cela dit, il maintenait Maya et son Pokémon en joue. Ce n’était pas moi qui lui demandait, mais lui qui s’obstinait à le faire.

« Tu es tellement naïve. Tu crois qu’en devenant forte tu vas arrêter les menaces ? Malgré la présence des champions, des organisations apparaissent sans arrêt. Et ce n’est même pas de ma faute. La Zodiac, la Zénith, la Boréale, Deoxys, la Némésis, et maintenant Abyss… Et même au-delà de notre région, des hommes malintentionnés apparaissent encore et encore. Comment crois-tu pouvoir arrêter cela ? Même l’existence de ‘héros’ n’empêche l’apparition de telles personnes. »

Je marquais une pause, faisant signe à mon Alakazam d’abaisser le tapis. Légèrement au-dessus du sol, je me levais de celui-ci, posant pied à terre, faisant face à la dresseuse, mains dans le dos.

« Tu crois que les gens ont besoin de l’aide de personnes comme toi ? Tu te jettes dans la gueule du loup, impuissante. Tu ne demandes même pas d’emprunter des Pokémons puissants pour venir jusqu’ici. Tu ne prévois même pas de solutions de secours. Les gens préfèrent se tourner vers des personnes leur faisant de belles promesses. Sauf que la ligue, n’empêchant l’apparition de ces organisations, en font naitre d’autres indirectement. Alors ils se tournent vers de nouvelles possibilités. Comme Abyss, et sa promesse de ramener les êtres perdus. Quant à ma présence au sommet, elle forcerait la ligue d’adopter, de réfléchir à des solutions nouvelles plutôt qu’encore de la force ‘militaire’ qui au final ne change rien. »

Je continuais de ne pas détailler pourquoi je l’avais fait venir ici. J’aurais pu faire appel à elle ailleurs, mais peut-être comprendrait-elle l’une des raisons de pourquoi ici, après ce que j’avais raconté. Je mettais en avant le non-sens de sa décision, de sa pensée. Au-delà de ça, je voulais m’assurer un cadre tranquille. Je tendais alors mon bras vers elle, alors que j’allais énoncer la raison principale de pourquoi je voulais la voir. Il était temps d’annoncer mon nouveau petit jeu. Mon sourire était devenu plus carnassier.

« Ce que je veux de toi… C’est que tu travailles pour moi. »

Je la regardais éclater de rire à ma proposition. Elle ne me croyait pas sérieuse, mais la larme qui coulerait sur sa joue ne serait plus une larme de rire.

« Aah, très bien. Dis-moi, tu es sûre d’être vraiment une dresseuse ? De mériter tes deux badges ? Comment le STERN a pu t’embaucher ? Si je décide de te tuer là, maintenant, tes petits Pokémons ne pourront rien y faire. Tandis qu’avec des Pokémons plus puissants, ils pourraient au moins t’aider à fuir ou à te protéger un minimum. Refuserais-tu d’emprunter des Pokémons si cela pourrait sauver ta vie ? Ou si cela peut sauver la vie d’autrui ? Comment peux-tu être sûre d’arriver toute seule à arrêter toutes ces menaces en prenant des décisions aussi stupides ? »

Son manque d’expérience flagrant s’illustrait dans ses paroles. Une preuve que le STERN n’était pas capable de faire correctement son boulot en formant des gens. J’étais certain que j’arriverai mieux à faire quelque chose d’elle qu’eux. Mais là n’est pas la question.

« Tu te fermes à ma proposition avant même d’entendre ce que je veux de toi. Puisque tu veux jouer à cela… Laisse-moi te présenter des arguments avant d’en venir au fait. J’espère que tu rigoleras autant lorsque tout le monde apprendra qu’Aaron travaille à Abyss. Et que tu rigoleras autant lorsque lui pleurera la mort de son père après que j’aurai demandé à Walter d’en finir avec lui. Et tout ça pour quoi ? Parce que tu refuses ma proposition. Tu pourras aller pleurnicher avec lui en disant ‘tout ça c’est la faute d’Angstorm !!’, mais qu’est-ce que ça changera ? D’autant plus qu’en travaillant au STERN, ironiquement, tu chercherais à l’empêcher de ramener son père à la vie dans ce cas. Pire encore ! Tu travailles déjà pour une organisation qui veut l’empêcher de revoir sa mère, qui elle est déjà décédée ! »

J’étais évidemment au courant de tout cela concernant Aaron, de sa présence à Abyss car j’en étais la cause, avec Walter. Ayant contact avec ce-dernier, je suis sur qu’il prendrait un malin plaisir à embêter les deux tourtereaux. Il suffisait ensuite de frapper à côté d’eux pour les faire souffrir tous les deux.
Je sortais mon Pokénav – nouvelle génération, originaire d’Hoenn mais on reste en accord avec son époque – en le mettant bien en évidence pour que Maya le voit.

« Il ne me suffit de pas grand-chose pour que je prenne contact avec notre ami commun, Walter. »

Je me languissais du moment où mon interlocutrice reconnaissait sa faiblesse, son impuissance par rapport à moi, la réalité derrière l’obtention de ses badges. Mais ça, ce n’était qu’un plaisir personnel à pousser l’autre à reconnaitre ce qui est, à reconnaitre que j’ai raison. Lorsqu’elle finit par conclure qu’elle ne pouvait rien faire pour moi, je pris le temps de répondre, en commençant par le sujet d’Abyss.

« Et qui sait s’ils veulent réellement utiliser cette bête pour réanimer les morts ? Qui sait ce que c’est, réellement ? Comment elle fonctionne ? Nous, nous avons juste ouvert la Porte, affronté cette chose aux réminiscences similaires à une anomalie survenue sur l’île il y a quelques années de cela, et Abyss l’a capturé. Il y a forcément des choses qu’Abyss nous cache… Mais, seulement, Abyss ? Le STERN, peut-être aussi nous cache des choses. Après tout, les ossements de Sydarta ont été utilisés contre cette chose. »

Je détournais la conversation de Maya elle-même, de ses capacités, pour la mener à réfléchir sur ces organisations, et sur leur but. Peut-être se mettrait-elle elle-même à réfléchir à deux fois sur le STERN. Eux possédant les restes de Sydarta, ils pourraient contenir la bête, ou en faire quelque chose. Mais quoi ? Et quel était le lien entre ces deux êtres ?

« Tu sais, je ne suis ni avec Abyss, ni avec le STERN. Seulement une entité à part qui aime prendre le temps de savoir. Tu comprendras avec ce que je t’ai dit que j’ai mes contacts avec Abyss, d’une certaine façon. Mais avec le STERN… Aucun, évidemment. Et toi, tu viens de me dire que tu y travailles. Tu me facilites la tâche. Enfin… Tu TE facilites la tâche. »

J’allais donc en venir au fait, à propos de ce que je voulais d’elle. Il n’y avait pas besoin d’avoir des talents particuliers.

« Je ne te demande pas quelque chose de très difficile. Rien qui ne t’empêchera de vivre selon tes soi-disant principes. Ce que je désire simplement de toi… N’est autre que de me tenir au courant des opérations du STERN, et de tout ce que tu peux apprendre sur la bête de la porte et Sydarta. Et si tu sais déjà des choses, que tu me les dises ici et maintenant. Avant que tu ne crois que j’ai un grand plan incroyable, je préfère te le préciser maintenant : je n’en ai aucun. Tout ce qui m’intéresse, c’est de mieux connaitre l’histoire de notre région. Je suis un homme de parole. Mais si tu ne me crois pas… Alors j’espère simplement que nos futurs interactions te permettront de te faire un avis réel sur ma personne. Cependant, tant que je n’aurai pas ta confiance, mes paroles concernant Aaron et son père tiendront toujours. »

Je remis mes mains dans le dos, penchant la tête légèrement en arrière, toujours avec mon sourire. Je la regardais de haut.

« Si je suis une des personnes les plus fortes de l’île, ce n’est pas juste de part mes talents en combat. C’est parce que je sais m’affranchir des limites que nous imposent la bienséance de notre mode de vie, de notre société. Ce qui fait que tu sais très bien que je serais prêt à mettre mes menaces à exécution. Et crois-moi… Je le saurais, si tu me caches quelque chose. »